Dans une réponse cinglante à l’endroit de l’ex PM qui semble se faire passer pour un donneur de leçons, M. Bougouzié Jacques Dembélé rappelle à l’ordre au jeune loup aux dents longues qui parle de « déficit de pensée, la recherche et les chercheurs au Mali ». Bonne lecture !
« Je ne peux demeurer silencieux face à la sortie de l’ancien maire et premier ministre Moussa Mara sur le déficit de pensée, la recherche et les chercheurs au Mali. J’espère que ce poste sera partagé jusqu’à l’atteindre.
Je voudrais lui dire que les chercheurs maliens sont loin d’être des fainéants. Nous sommes sortis des plus grandes universités mondiales et beaucoup d’entre nous ont été sollicités pour rester dans ces pays mais nous avons décidé de revenir parce que nous aimons ce pays. Mais depuis que nous rentrons que se passe-t-il ? Il n y a pas de laboratoires ou faire la recherche, Je dirais à M. Mara qu’il y a des chercheurs qui ont créé des laboratoires qu’ils font fonctionner avec leur salaire. Ils travaillent dans des conditions terribles pour obtenir des résultats qu’ils soumettent aux colloques ou conférences internationales auxquelles ils ne peuvent pas participer faute de financement pour prendre en charge le billet d’avion. Je dis à M. Mara que pour aller à un colloque en Chine et au japon, on nous donne 100.000fcfa comme appui. J’étais personnellement invité au congrès international de géomorphologie à New Delhi, je n’ai pas pu aller parce que le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique n’a pas pu payer 1.100.000 pour mon billet d’avion. Vous dites que les chercheurs maliens ne se voient pas confiér qu’exceptionnellement des responsabilités scientifiques régionales ou continentales. Cela n’est pas vrai. A tous les colloques généralement les responsabilités sont confiées aux chercheurs maliens. J’en connais beaucoup. Je suis moi-même président de l’Association Ouest-Africaine des Sciences du Quaternaire (WAQUA) depuis 2014. Malheureusement les politiciens ne s’intéressent pas du tout aux chercheurs donc vous n’êtes pas au courant.
Je voudrais aussi rappeler que nous sommes des chercheurs mais pas des bureaux d’étude. Nous ne courons pas derrière des marchés. C’est à ceux qui ont besoin de venir chercher nos résultats. La Faculté d’histoire et géographie organise chaque année des journées scientifiques, quel politique est déjà venu participer ? Aucun, alors qu’ils sont toujours invités.
Mara nous sommes conscients de nos responsabilités et nous voulons jouer notre partition mais les autorités politiques ne nous donnent jamais l’opportunité. Les inondations du 16 mai dernier qui a fait une évaluation Post catastrophe nous l’avons faite mais durant la catastrophe et après qui est venu au département de géographie pour demander, personne alors qu’on sait que c’est là où se trouvent les spécialistes.
A diplôme égal, les autorités maliennes prennent toujours des étrangers, Pour quelle raison on l’ignore.
Monsieur le premier ministre, le Mali a déclaré à l’Unesco qu’il dédie 0,7% de son PIB à la recherche, ce qui fait environ 90 milliards de FCFA, où va cette somme ?
Les autorités politiques préfèrent financer les rappeurs, les griots, les basketteurs et les footballeurs mais jamais les chercheurs, mais quels résultats veut-on avoir.
Les maux sont tellement nombreux que ce texte sera inutilement long. Mais M. le ministre, pour conclure, c’est un pays qui fait ses chercheurs. Un pays ou l’avis d’un marabout est plus important que celui d’un docteur d’État, les chercheurs ne peuvent que regarder de loin et impuissants.
Bougouzié Jacques Dembélé
Mali Demain