Reculade ou rebelote. Ceux qui ont parié sur l’autisme des autorités de la Transition après avoir mis en avant non seulement la cupidité, mais aussi la velléité de ces dernières de faire de cette période intérimaire une orgie prédatrice de deniers publics et d’autres biens de l’État, doivent faire acte de contrition. Les nouvelles autorités ont été sensibles aux colères exprimées sur les réseaux sociaux. Vox populi, vox dei (la voix du peuple est la voix de Dieu).
Avant-hier mardi un conseil de cabinet extraordinaire regroupant tous les ministres s’est tenu sous la présidence du Premier ministre sur la question qui enflamme les réseaux sociaux et les causeries de grin à Bamako, à savoir l’attribution des logements sociaux dans les formes non orthodoxes.
Face à la situation, le gouvernement a décidé d’abroger le Décret n° 2015-0351/P-RM du 8 mai 2015, fixant les modalités d’attribution et de gestion des logements sociaux pour fixer de nouvelles règles dans le souci de plus de transparence et de redevabilité et de prendre en compte les besoins des familles démunies.
Suite à cette réunion de cabinet, le gouvernement à travers le ministre de l’urbanisme, des domaines et de l’habitat, a pris la décision de suspendre le processus d’attribution des logements sociaux et de dissoudre la commission d’attribution, dans la même veine.
Ce qui est raillé par les adversaires des autorités comme une reculade face au tollé que la magouille à ciel ouvert a provoqué devrait plutôt s’analyser comme un gage de redevabilité, d’éthique et de transparence. En cédant à la pression des réseaux sociaux, le gouvernement de Choguel Kokalla Maiga prouve non seulement sa bonne foi, mais étale en même temps son souci et sa volonté de transparence.
Pour paraphraser l’autre, l’intégrité et la transparence sont les pierres angulaires de la gouvernance démocratique. Citoyens et gouvernants doivent comprendre et accepter qu’au-dessus des intérêts particuliers, même les très respectables et légitimes personnalités méritent avoir un toit sur leur tête, mais l’intérêt général commande toujours que soit respecter les règles de la transparence qui ne devraient fignoler avec l’équivoque et la magouille. Montesquieu ne disait-il pas que la vertu est le principe, le ressort la République ?
Les autorités de la transition doivent savoir que le premier devoir d’un gouvernement c’est la franchise et la vérité. Tenir informer le peuple, sans détour et sans tabous, pour un homme politique étant de donner à celui-ci dont il est redevable l’information vraie et loyale comme le ferait un journaliste avec ses lecteurs.
Espérons que cette remise à l’état, à travers la suspension de la décision d’attribution des logements sociaux par le gouvernement, sonne comme un appel à tous de respecter les règles de la transparence, de l’éthique et la vertu dans la conduite des affaires publiques. L’espoir de voir le Mali Koura porter les fleurs des attentes et aspirations est à cette aune.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin