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Face à la crise multidimensionnelle : Rama organise la riposte par la résistance culturelle

La meilleure manière aujourd’hui de sortir le Mali de l’impasse qui menace la République dans ses fondements, c’est de recourir aux valeurs culturelles. Cela, l’actuel ministre de la Culture l’a toujours clamé. Et mieux, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo vient de poser un acte concret et novateur dans ce sens en rassemblant autour du Mali, des artistes musiciens, des cinéastes, des photographes, des peintres, des communicateurs traditionnalistes, des dignitaires religieux, des écrivains, autres intellectuels autour de son initiative, «Miiri blon» ! Une journée de réflexion organisée le 20 juin 2019 au CICB !

 

«La culture pour un sursaut national pour la paix» était le thème central de cette réflexion citoyenne et patriotique. Le choix découle du constat que l’un des défis qu’il faut relever aujourd’hui pour réconcilier les maliens et assurer au pays une stabilité pérenne, c’est de lui restituer son «Dambé», c’est-à-dire à la nation son honneur et au peuple sa dignité. Et cela ne peut se faire que par la résistance culturelle à laquelle le ministre e la Culture, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo, appelle désormais chacun de nous.
Et pour mieux porter ce message, elle a fait appel (dans la pure tradition malienne) aux vrais leaders d’opinion (artistes-musiciens, cinéastes, photographes, peintres, communicateurs traditionnalistes, dignitaires religieux, écrivains, autres intellectuels). Ceux-ci sont sollicités pour nous mettre en harmonie avec «la foi en notre capacité à rester fidèles à notre destin ; la foi en notre capacité à rester un peuple débout ; débout sur les remparts de la démocratie, débout sur les remparts du patriotisme, et surtout, débout sur les remparts de l’unité nationale».
Oui, ce n’est pas par des courbettes et ou en courbant l’échine que nous pourrons relever ce pays. Mais, en nous tenant résolument debout la main dans la main, car, comme le disait le burkinabé Joseph Ki Zerbo (paraphrasé par rama à la cérémonie) : «nan laara, an saara» ! Autrement dit, «si nous nous couchons, nous sommes morts». Et pis, a rappelé Ramatoulaye Diallo Ndiaye, «nan fara fara la, an saara !», pour dire que «divisés, nous sommes morts. Mais, unis, nous vaincrons». C’est tout le sens de «Miiri blon» (Vestibule de réflexion ou de méditation).
Cette initiative est un appel à l’action «des patriotes qui ne sont pas couchés» et qui «agissent tous les jours, sans égard pour le témoignage et la reconnaissance des hommes, sans tapage médiatique ni opportunisme politique». La dynamique ministre de la Culture puise sa motivation sans doute dans sa conviction que ce pays peut encore compter sur certains de ses fils et filles dont «le seul but, la seule foi» est la préservation de notre «Maliba».

S’appuyer sur les ressorts culturels pour rebondir
D’où la pertinence de cette initiative très opportune. «Sigui ka fô yé damou yé» ou les vertus du dialogue pour panser les plaies «il faut que des fils et des filles du mali se parlent, s’écoutent par-delà leurs différends et leurs différences, au nom de leur histoire commune et au nom de notre destin en construction pour triompher des forces négatives et réaliser la promesse des pères fondateurs de notre nation», a justifié Mme Ndiaye.
Cela est d’autant plus indispensable et réalisable que «nous avons des ressorts culturels pour rebondir». «Nous ne sommes pas une civilisation décadente. Nous avons le moyen de le prouver à la face du monde. Nous avons des ressorts culturels pour rebondir», a martelé rama avec une forte conviction avant d’annoncer la mise en place très prochaine du Conseil scientifique pour la résistance culturelle.
Et les recommandations formulées à l’issue de cette rencontre prouvent à souhait la pertinence de la démarche. Il s’agit, entre autres, de la mise en place d’un comité scientifique inclusif pour la rédaction d’une «feuille de route» sur la base des conclusions de cette rencontre ; la mise en œuvre des actions basées sur les mécanismes endogènes de prévention et de gestion des conflits ; la mise en place d’un cadre de réflexion culturelle pour le retour de la paix ; la tenue d’un forum national sur le thème «rôle de la culture dans la construction de la paix» ; la présentation de la feuille de route pendant le dialogue politique inclusif du mali ; la vulgarisation du contenu de la Charte de Kurukanfuga (Kouroukanfouga ou Charte du mandé qui aurait été solennellement proclamée le jour de l’intronisation de Soundiata Kéita comme empereur du mali à la fin de l’année 1236) à travers son enseignement…
Comme le dit un proverbe africain, «la culture est la possibilité même de créer, de renouveler et de partager des valeurs, le souffle qui accroît la vitalité de l’humanité». À condition qu’elle soit portée par une volonté politique inébranlable comme celle qui anime Ramatoulaye Diallo Ndiaye depuis que le portefeuille de la Culture est sous sa responsabilité.

Ressusciter nos valeurs culturelles pour relever les défis de l’heure
«Il importe aujourd’hui de revisiter notre riche culture en vue de trouver les remèdes nécessaires à une réconciliation durable des cœurs et des esprits, pour que jamais de tels drames ne se reproduisent. La culture a un rôle incommensurable à jouer dans ce processus de paix et de réconciliation», avait- elle défendu en début d’année à l’ouverture de la 3e édition du festival «Equations nomades» en mettant en exergue l’impérieuse nécessité de revisiter la culture malienne, de ressusciter nos valeurs culturelles pour trouver des solutions aux problèmes actuels de notre nation.
S’inspirer de la beauté du tapis pour s’accepter dans la différence «la beauté d’un tapis tient à la variété de ses couleurs, la diversité des hommes, des cultures et des civilisations fait la beauté et la richesse du monde. Combien ennuyeux et monotone serait un monde uniforme où tous les hommes, calqués sur un même modèle, pense- raient et vivraient de la même façon ! N’ayant plus rien à découvrir chez les autres, comment s’enrichirait-on soi-même ?», avait poursuivi Rama en paraphrasant le regretté Amadou Hampâté Ba.
Et depuis, elle n’a cessé de baliser le terrain pour fédérer une synergie nationale porteuse de la résistance culturelle qui est l’un des axes majeurs de la politique culturelle élaborée sous sa conduite. Le 20 juin 2019 au CICB, Ramatoulaye a appelé à la concertation et à la coordination des actions «tous ceux qui sentent le souffle de nos ancêtres sur leur nuque».
Et ils sont plus nombreux qu’on peut l’imaginer. A l’image de Mme le ministre de la Culture qui a fait de l’unité des acteurs culturels son cheval de bataille, nous devons tous chercher aujourd’hui à mettre l’accent sur ce qui nous unit, et non nous focaliser sur ce qui nous divise. Et dans le respect total de notre identité personnelle et collective.
Cela d’autant plus que, a rappelé Mme Ndiaye en paraphrasant l’un de ses aînés, «si la case de ton père prend feu, ton premier devoir n’est pas de savoir comment la case a pris feu, mais d’éteindre d’abord le feu et de sauver ce qui peut encore l’être».
Que chacun considère désormais que la balle est dans son camp en se rappelant que, comme au sein d’une équipe sportive, les individualités doivent se mettre au service du collectif pour atteindre le but : la victoire ! Sauver le mali du chaos lié en partie à la décadence de nos valeurs culturelles et morales !
Moussa Bolly

Source: Le Focus

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