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Exploitation minière : ces sociétés vampires…

Selon un document élaboré par la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) et signé par son chargé des questions économiques, revendications, conflits du travail et des normes internationales, Yacouba Traoré, entre 2012 et 2013, les sociétés minières, BCM Loulou, LTA Mali SA Sadiola, Laboratoire ALS Bamako, SAER Tabakoto, ANALABS Morila et UPS Loulo, des Entreprises Multinationales EMN ou leurs sous-traitants, ont licencié plus de mille (1000) travailleurs. C’est une situation qui indigne le syndicat de la Fédération nationale des mines (Fename).

 

Les licenciements abusifs des travailleurs est une pratique de plus en plus accentuée dans les sociétés minières en général et aurifère en particulier. Entre 2012 et 2013, selon le syndicat de la Fédération nationale des mines (Fename), elles ont licencié plus de mille (1000) travailleurs sans motif valable ou sans droit. Face à la gravité de la situation, la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) a saisi les autorités nationales pour y mettre fin en amenant les sociétés concernées à accepter les procédures et les codes du travail. Il s’agit de faire en sorte que les entreprises multinationales respectent les normes internationales du travail.

Faisant l’état des lieux, la CSTM révèle que la BCM Loulou a procédé au licenciement, sans droit, de 436 travailleurs et vingt-six délégués du personnel, suite à un mouvement relatif à une demande de régularisation des accords, établis entre BCM Loulou (Bays Water Constructing and Mining) et les travailleurs, malgré l’intervention de Somilo et de l’inspection du travail de Kayes.

Aussi, LTA Mali Sa a licencié cinquante-sept travailleurs, dont vingt-sept syndicalistes et trente militants pour fait de grève, en violation des articles 231 du Code du travail et de la convention numéro 87 de l’Organisation international du Travail (OIT) relatifs à la liberté syndicale ratifiée par le Mali.

Quant à ALS BAMAKO, elle a aussi abusivement licencié 135 travailleurs parmi lesquels figurent tous les leaders syndicaux. Pire, des leaders syndicaux ont été licenciés pour avoir réclamé des visites médicales et une prise en charge des travailleurs contaminés par le plomb (Article 50 de la Convention collective minière).

Selon le même document, SAER Tabakoto a licencié soixante-douze travailleurs, dont 11 syndicalistes au moment même où une extension de la mine en vue d’augmenter sa durée de vie étaient en cours. Pourtant, une correspondance en date du 16 février 2013 du directeur annonçait le maintien de tous les employés dans leur ancien poste avec sa catégorie actuelle.

A Universel Prestations Services (UPS-Loulou), depuis 2009, plus de 300 travailleurs attendent leurs droits confisqués. Quand bien même l’employeur se serait engagé à payer tous les droits y afférant, en vertu du protocole d’accord signé entre les travailleurs et la direction d’UPS sous l’égide de l’inspection régionale du tribunal de travail de Kayes. Mais, à ce jour, aucun paiement n’a eu lieu.

Malgré la sentence arbitrale du 12 février 2004 condamnant Morila SA et tous ses sous-traitants à payer la prime de rendement du fait du dépassement des objectifs de production initiale qui ont été triplés, les travailleurs n’ont perçu qu’un mois de salaire. Cette sentence arbitrale a été, par la suite, transformée par une grosse d’exécution, le 23 février 2015, par la Cour d’appel de Bamako. Une requête aux fins de réclamation fut envoyée, le 16 avril 2015 à la direction de l’entreprise pour qu’elle s’exécute en mettant les travailleurs dans leurs droits, mais aucune suite n’a été réservée à cette demande du collectif des anciens travailleurs de Morila.

La CSTM propose la nationalisation des mines d’or

Ces licenciements abusifs et massifs ne sont pas l’apanage des seules sociétés minières. En tout cas, dans le document de la CSTM aux autorités de transition, la société de gardiennage G4S aussi est accusée d’avoir licencié plus de 550 travailleurs, dont onze délégués syndicaux en 2018, pour fait de grève. Consciente de la situation désastreuse du pays, la CSTM recommande aux autorités de prendre toutes les actions nécessaires afin de remédier à la dérive sans précédente qui met les travailleurs desdites sociétés dans le désespoir.

Pour ce faire, elle a préconisé une batterie de mesures, parmi lesquelles, figure, en bonne place, la nationalisation des mines d’or, conformément à la loi 04-051 du 23 novembre 2004. Il s’agit aussi de procéder à la réquisition de toutes les sociétés multinationales existantes au Mali et engager le processus de retour à la monnaie nationale. De même, la CSTM demande la renégociation de tous les contrats miniers en exigeant une meilleure promotion des opérateurs miniers nationaux avec la création de sociétés minières 100% maliennes ; le remplacement des expatriés qui ont plus de deux ans dans l’exploitation minière au Mali par des experts nationaux.

Aussi, la CSTM propose l’organisation de l’orpaillage traditionnel avec la création de comptoirs d’achat locaux sécurisés. Elle demande également à l’État de veiller à ce que les infrastructures, notamment sanitaires construites à proximité des mines bénéficient non seulement aux employés de la mine, mais aussi qu’elles soient accessibles et abordables pour les autres membres de la communauté locale. Enfin, la CSTM encourage les autorités de la transition à s’assumer et à jouer leur rôle de régulation pour freiner le bradage de nos ressources minières.

Environ 703 tonnes de réserves aurifères

L’on se rappelle que le Mali dispose actuellement de réserves aurifères estimées à environ 703 tonnes. Ces chiffres sont du ministère des Mines, de l’Énergie et de l’Eau. Selon les spécialistes, le Mali peut faire une projection de 65 tonnes d’or par an jusqu’en 2031 au moins, pour l’ensemble des compagnies du pays, même si aucune nouvelle découverte d’or n’est observée. Donc, le potentiel aurifère du pays reste toujours important, comme le témoignent les résultats des travaux d’exploration réalisés à Diba (Altus) ou Dandoko (Oklo).

Mieux, avec une production de 71,2 t d’or en 2020, dont 65,2 t d’exploitation industrielle, le Mali se classe troisième producteur d’or en Afrique. Malgré cela, tout est loin d’être rose et il y a encore la nécessité de recadrer les sociétés d’exploitation en les amenant à respecter les normes internationales en matière d’extraction aurifère. Ce travail incombe évidemment aux autorités compétentes du pays.

Ismaël Traoré

Source : Ziré

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