Dans la nuit du 16 au 17 mai, pas moins de 5 000 détenus se sont enfuis de la prison de Makala, à Kinshasa. Bien que la voie ait été libre, certains prisonniers ont choisi de ne pas s’évader.
Les portes de la prison étaient grandes ouvertes, pourtant ils ne les ont pas franchies. Prisonniers politiques pour la plupart, ils ont cru à un stratagème du pouvoir pour liquider quiconque aurait tenté de s’évader. Parmi les prisonniers qui ont refusé de se faire la belle, vingt-huit condamnés dans l’affaire de l’assassinat de l’ex-président Laurent-Désiré Kabila, dont le colonel Eddy Kapend, son ancien aide de camp. « Les assaillants lui ont proposé de les suivre, mais il a refusé », témoigne un codétenu.
Suspicieux, Kapend est allé se cacher dans une autre pièce lorsque les premiers renforts de l’armée ont débarqué sur les lieux, abandonnant sa cellule aux pillards, qui ont tout emporté – matelas, chaises, téléviseur… Condamné à cinq ans de prison fin 2016, le député Franck Diongo a, lui, téléphoné à son avocat, qui l’a dissuadé de prendre la fuite.
Si je m’étais évadé, j’aurais adopté la même logique que celle du régime, qui ne respecte pas les lois de la République
Au pavillon 8, où sont détenus des individus poursuivis ou condamnés pour atteinte à la sûreté de l’État, personne n’a quitté Makala. « Si je m’étais évadé, j’aurais adopté la même logique que celle du régime, qui ne respecte pas les lois de la République », explique Me Firmin Yangambi, dont la condamnation à la peine capitale dans une étrange affaire de détention illégale d’armes de guerre (une sentence commuée en 2013 en vingt ans de réclusion) est dénoncée sans relâche par de grandes ONG internationales.
Celles-ci s’insurgent contre une décision « inique », destinée à sanctionner les activités en faveur des droits de l’homme d’un avocat qui avait osé se porter candidat à la présidentielle de 2006 face à Joseph Kabila.
Source: Jeune Afrique