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Etats généraux de la décentralisation : LA REFORME A LA LUMIERE DES EXPERIENCES ACCUMULEES ET DES ATTENTES A VENIR

Le chef de l’Etat a plaidé pour un Etat fort, stratège, responsable et protecteur, en pleine compatibilité avec les pouvoirs locaux

ETATS GENERAUX A BAMAKO

L’ouverture des Etats généraux de la décentralisation a eu lieu hier au CICB en présence des représentants des 761 collectivités territoriales qui existent actuellement dans notre pays. La cérémonie d’ouverture était présidée par le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita. On notait également la présence de plusieurs membres du gouvernement, des présidents des institutions de la République du Mali, des ambassadeurs et représentants des organismes accrédités dans notre pays.

L’objectif de ces Etats généraux est d’établir un diagnostic réel des avancées et des insuffisances de la décentralisation dans notre pays pour lui faire gagner en efficacité et en responsabilité et renforcer ainsi l’unité nationale et la cohésion sociale mises à mal ces derniers temps.

Dans son discours de bienvenue, la représentante du maire de la Commune III, Mme Djittèye Mariam Diallo, a noté l’importance de ces assises dont l’objectif est de donner un nouveau souffle et des nouvelles orientations à la décentralisation qui souffre actuellement de maint problèmes.

Si la décentralisation au Mali a pu atteindre quelques résultats appréciables malgré les difficultés, c’est aussi grâce à l’aide des partenaires techniques et financiers qui ont soutenu plusieurs programmes dans ce sens. En prenant la parole, le chef de file des partenaires techniques et financiers, l’ambassadeur d’Allemagne, a, lui aussi, salué l’initiative de la reforme de la décentralisation, un projet ambitieux qui doit être soutenu par une volonté politique forte. Günter Overfeld a touché du doigt un problème essentiel qui a peut-être empêché la décentralisation de produire les résultats escomptés : l’incapacité de l’Etat de transférer les ressources nécessaires aux collectivités territoriales. « Les ressources financières des collectivités territoriales sont faibles et elles proviennent essentiellement des partenaires techniques et financiers… Le chantier de la décentralisation semble à l’arrêt depuis un certain temps. Il est temps pour l’Etat d’augmenter les ressources de ces collectivités territoriales sur le budget national. Cela est nécessaire pour établir la confiance entre les populations, les élus locaux et l’Etat lui même», a souligné le diplomate. Günter Overfeld a, dans cette perspective, réaffirmé le soutien des partenaires techniques et financiers à l’Etat dans la conduite d’une décentralisation plus efficace au service du développement harmonieux du pays.

GOULOTS D’ETRANGLEMENT. Le président du Haut conseil des collectivités relèvera qu’après 10 ans de pratique, un diagnostic complet du processus de la décentralisation dans notre pays s’impose pour mieux cerner les difficultés. «Le cadre juridique de la décentralisation, le transfert de compétences et de ressources, la gestion et le contrôle des ressources, l’appui institutionnel connaissent des goulots d’étranglement auxquels il faut trouver des solutions», a-t-il indiqué. Oumarou Ag Mohamed Ibrahim pense lui aussi que l’Etat doit allouer plus de ressources aux collectivités locales pour qu’elles puissent pleinement accomplir leur mission de service public. Il a assuré que son institution fera de son mieux pour que la décentralisation soit un instrument de réconciliation et de vivre ensemble au Mali.

Dans son intervention, le président de la République a rappelé qu’en 1992 sous le régime du président Alpha Oumar Konaré, à qui il a au passage rendu hommage, le défi était de lancer le processus de la décentralisation dans notre pays. A l’époque, le projet n’était pas un gadget mais une obligation pour un pays qui ne comptait que 19 communes sur un territoire qui s’étend sur 1 248 000 km2.

Ibrahim Boubacar Kéita a expliqué que dès le départ, notre pays avait fait le choix d’une politique de décentralisation parmi les plus ambitieuses en Afrique. En effet, le Mali s’est doté des collectivités décentralisées territoriales au niveau des communes, cercles et régions. Il était prévu de transférer à ces collectivités des compétences en matière d’état-civil, de protection de l’environnement,  d’aménagement de l’espace, d’équipement collectif. A ce propos, le chef de l’Etat a rendu un hommage mérité à tous ceux qui se sont impliqués dans la mise en œuvre de la décentralisation, notamment le chef de la Mission de la décentralisation, Ousmane Sy, et son équipe.

20 ans après son lancement, le chef de l’Etat estime que cette reforme qui a été saluée en Afrique et dans le monde entier, a profondément changé le visage de notre pays Aujourd’hui, on peut constater que la décentralisation du pouvoir public a transféré aux collectivités territoriales des pouvoirs importants dans tous les domaines qui ont permis d’améliorer leur niveau d’équipement.

Ibk

UN ETAT FORT. Mais, a admis le président de la République, les insuffisances de la décentralisation ont vite apparu, les disfonctionnement se sont multipliés, les frustrations se sont accumulées qu’il est nécessaire de corriger aujourd’hui. Par ailleurs, plus de 25% des communes ont une viabilité économique incertaine et sont structurellement dépendantes de subventions d’équilibre. « Ce n’est pas une fierté pour nous que ces subventions proviennent uniquement des partenaires techniques et financiers comme l’a dit l’ambassadeur allemand. Cela sera corrigé In cha’Allah ! », a promis IBK. Il a confirmé que les ressources allouées aux collectivités territoriales pour leur prise en charge ont été le plus souvent insuffisantes. Pour le chef de l’Etat, les rivalités de compétences entre les collectivités doivent être évitées. Tout comme la corruption  au niveau du foncier doit cesser. «Les choses doivent être clarifiées dans ce domaine pour éviter des conflits à venir. Nous serons sans pitié, sans pitié, sans pitié dans ce domaine foncier. C’est pour vous dire que ce domaine sera assujetti à ces contrôles renforcés, notamment la séparation fonctionnelle de responsabilité publique imposée aux administrations centrales », a assuré le chef de l’Etat.

Le président Keita a aussi noté que la persistance de litiges liés au découpage territorial a rendu difficile la conduite des programmes dans les communes. Pour ce qui est du cas du district de Bamako, il estimera que les conflits de compétence entre les communes doivent être clarifiées. Ibrahim Boubacar Keita a aussi jugé nécessaire d’apporter une réponse durable aux frustrations qui alimentent l’irrédentisme de nos frères Touareg, ajoutant qu’une part essentielle des propositions attendues des assises sera de réconcilier les communautés de la nation malienne sur la base d’une décentralisation renforcée.

« Les participants à ces Etats généraux sont invités à analyser cette reforme à la lumière des expériences accumulées et des attentes à venir. Après le diagnostic des difficultés rencontrées, il vous viendra de formuler des recommandations fortes, pertinentes et aptes à nous aider à corriger les disfonctionnements constatés et à définir les axes d’un approfondissement de la politique de décentralisation. Il s’agira notamment d’assurer une meilleure adéquation entre les ressources et les fonctions assumées pour conserver au dispositif mis en place toute sa crédibilité. L’éthique et la responsabilité exigent de tous ceux qui détiennent des charges de responsabilité, un comportement exemplaire », a déclaré le chef de l’Etat. A ce propos, il a annoncé la création par le gouvernement des maisons de services publics (services de justice et droit, service financier et services sociaux) assumant une mission d’accueil, d’information et de conduite de formalité.

L’une des causes du cataclysme qu’a connu notre pays est la déliquescence de l’Etat, a souligné Ibrahim Boubacar Keita. C’est pourquoi, réagit-il, cette crise nous donne une occasion d’inventer un nouveau modèle malien. « L’opportunité historique de refonder l’Etat, c’est le mandat que m’ont donné les Maliennes et les Maliens. Ma vision est celle d’un Etat fort qui n’est pas incompatible avec les pouvoirs locaux. Un Etat fort au service de l’efficacité et de l’homme malien. Un Etat dont le socle ne peut qu’être la justice et la bonne gouvernance. Un Etat fort, responsable et protecteur devant garantir à chaque citoyen un accès égal à la santé, à l’éducation et à tous les services publics sur l’ensemble du territoire. Cet Etat sera stratège pour mettre en place les conditions de décollage économique du pays. Ma conviction est que cette vision ne doit s’accomplir que dans la proximité avec les citoyens car l’Etat doit être en chacun d’entre nous. C’est là tous le sens de ces Etats généraux de la décentralisation qui doivent faire l’évaluation du parcours », a plaidé Ibrahim Boubacar Kéita.

Avant de conclure, le chef de l’Etat a tenu à saluer la présence des délégations des refugiés maliens des camps de Mauritanie et du Burkina Faso et leur a souhaité un retour définitif sur leur terre au Mali.

 

Source : ESSOR

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