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Établissement des listes électorales : Et si la communication avait encore manqué

Le faible engouement senti autour des opérations de l’établissement de la liste électorale s’explique en partie par le déficit de communication de l’Administration mais aussi par l’indifférence des partis politiques qui ne jouent plus leur mission d’information et de sensibilisation des militants.

 

Elections Depuis le 05 juin dernier et ce jusqu’au 25 du même mois, des commissions administratives ont été installées dans les différentes mairies du pays. Objectif : faire un ultime toilettage des données mise à leur disposition pour établir la liste électorale. Notamment en donnant l’occasion aux citoyens de vérifier si aucune entorse n’a été portée à leur identité, et faisant éventuellement face à des cas de transfert, de radiation et d’autres corrections. Autant dire que ces opérations sont très importantes pour la simple raison qu’elles doivent contribuer à la tenue d’élections relativement transparentes en juillet prochain. Malheureusement, le constat général qui se pose 10 jours après le démarrage de ces opérations, c’est que dans les différentes mairies, celles de Bamako notamment,  la mobilisation n’est pas au rendez-vous. Et pour cause : les citoyens, dans leur écrasante majorité, n’ont pas connaissance du déroulement de telles opérations. Toute chose qui dénote encore une fois du manque de communication qui a tendance à devenir une caractéristique essentielle de nos pouvoirs publics.

 

En tout cas, les Maliens se souviennent que le même déficit de communication avait été évoqué en son temps pour expliquer le tollé provoqué par le nouveau code des personnes et de la famille en Août 2009.

 

 

Il en a été de même pour l’introduction du système de l’Assurance maladie obligatoire. D’ailleurs, lors de la conférence de presse animée avant-hier mardi par les autorités administratives du district de Bamako autour des préparatifs des élections, les conférenciers ont eu du mal à convaincre sur la volonté de l’Administration de communiquer autour de ces opérations. Si Seydou Kalifa Traoré, Conseiller aux Affaires administratives et juridiques du Gouvernorat du District a expliqué ce faible engouement par le fait que le système était nouveau, le Directeur de Cabinet du Gouverneur, Amadou Dolo, avait clairement reconnu que la communication n’a pas été suffisante. Pourtant, les deux responsables ont tenu à rappeler l’existence d’un plan de communication dont l’Administration s’est doté dans le cadre du processus électoral en cours et qui a acquis le financement nécessaire. Plan qui, curieusement, dort encore dans les tiroirs alors même que le processus électoral  en cours est suffisamment avancé. Le plus tôt ne sera-t-il pas le mieux ?

 

 

L’inadmissible indifférence des partis politiques

Bien plus que l’Administration, la classe politique a une grande part de responsabilité dans cet état de fait. Elle qui est censée être le relais entre les pouvoirs publics et les électeurs qui se trouvent être les militants des partis. Mais que font les partis politiques de leur rôle d’éducateur à la citoyenneté et de mobilisateur des électeurs ? Ils se plongent dans une indifférence notoire face à ces opérations de correction d’établissement de la liste électorale. En tout cas, à ce jour, nous n’avons connaissance d’aucun parti politique qui ait fait appel à ses militants afin qu’ils accomplissent ce devoir citoyen. Opérations qu’ils savent pourtant cruciales pour le reste du processus électoral en cours. Ce manque d’intérêt des politiques, est-on tenté de dire, n’a d’égal que leur sens élevé de l’intérêt privé. Cette situation est d’autant inadmissible que l’Etat leur offre annuellement plus d’un milliard de francs à titre d’aide. Mais pour quelle fin? L’indignation des uns et des autres est d’autant plus grande en ce moment qu’ils se demandent s’il est encore nécessaire que le contribuable mette la main à la poche pour venir en aide à la classe politique si les fonds alloués ne  devaient en fin de compte servir que pour l’achat des consciences de ce même contribuable (électeur) le jour du scrutin. A ce rythme, il n’y pas de doute que le faible taux de participation qui est jusque-là demeuré l’un des ventres mous de notre processus électoral nous rattrapera en 2013. Or, au delà de la transparence et d’autres qualificatifs pour lesquels nous prions lors de l’élection de juillet prochain, nous avons aussi tout intérêt à ce que le maximum de Maliens en âge de voter aille aux urnes. Ce, pour que nous sortions enfin du cycle des institutions fragiles, parce que souffrant le plus souvent de manque de légitimité. C’est d’ailleurs, de notre avis, l’un des principaux enseignements que nous aurons dû tirer de la crise institutionnelle à laquelle nous faisons face. Hélas ! Mais nous avons encore le temps de nous ressaisir, à commencer par les partis politiques, pour que des élections à venir sortent des institutions fortes, à même de juguler cette crise multidimensionnelle, la pire que le Mali ait connu.

Bakary SOGODOGO

 

Aguibou Bouaré, conseiller juridique a propos de l’établissement de la liste électorale

Les circonstances de précipitations et de confusion actuelles d’organisation des élections démontrent, si besoin en était, que les autorités ne s’y sont pas prises à temps, sinon qu’elles ne s’attendaient tout simplement pas à organiser lesdites élections, espérant ainsi proroger la durée de la transition.

La pression de la communauté internationale aidant, elles ont dû s’engager, à leur corps défendant, à cette opération, mais pas avec beaucoup d’enthousiasme ; tout laisse croire que l’on fait semblant de s’en occuper pour ne pas porter le chapeau ou du moins le faire porter aux autres.

 

Il est regrettable de constater un déficit de communication autour de l’appel des citoyens à participer à la révision des listes électorales. Les organes de presse ne sont pas suffisamment mis à contribution.

Eu égard au contexte exceptionnel, des journées citoyennes devraient être organisées pour permettre aux citoyens de se libérer, et participer massivement à cette opération, en vue de relever le défi du taux de participation à l’élection présidentielle.

 

En tout état de cause, les autorités transitoires ne sauraient avoir d’autres priorités et d’autres taches plus importantes que l’organisation de l’élection présidentielle parallèlement à la requête à la France de nous autoriser à occuper notre 8ème région KIDAL.

 

Le MNLA n’est que l’ombre de lui-même, il ne repose que sur les épaules larges de la France.

 

 

Moussa Mara, à propos de l’établissement de la liste électorale

Pour l’instant nous n’avons pas remarqué de difficultés majeures. Il faut reconnaitre également que l’affluence n’est pas au rendez vous comme cela est de coutume. Les populations n’ont pas vraiment compris le sens de cette opération de confirmation d’inscription, de choix de son lieu de vote et d’indication de changement de domicile entre autres. Nous avons identifié quelques cas où les personnes ont été recensées selon le RAVEC mais ne figurent pas sur la liste électorale. Nous sommes en train de mener des analyses et tests plus approfondis avant de tirer une conclusion éventuelle et d’alerter les autorités. Il est impératif que l’ensemble de la presse, les partis politiques et toutes les forces vives de la nation s’impliquent pour que toutes les étapes menant aux élections soient franchies avec succès, c’est ce qui nous garantira un scrutin apaisé vers une sortie durable de crise du Mali.

 

 

En commune VI :

Les partis politiques boudent les travaux

Les travaux d’établissement des listes électorales ont débuté à Bamako depuis le 5 juin 2013. En Commune VI, certaines difficultés relatives à l’organisation administrative assombrissent le travail. Il s’agit notamment de l’absence des membres de la commission administrative pour l’établissement des  listes.

 

 

Depuis le début des travaux d’établissement des listes électorales en commune VI, les membres de la commission, notamment les représentants des partis politiques et représentants de l’Administration, viennent à compte-gouttes. A en croire Chaka Koné, Président de la Commission administrative d’établissement des  listes électorales en commune VI, le début du déroulement des activités n’est pas à hauteur de souhait. «Nous avons démarré le 5 juin et on dit que les activités de la commission prendront fin le 25 juin 2013. Les difficultés que nous avons rencontrées, c’est d’abord l’absence des membres de la commission, notamment les représentants des partis politiques qui sont toujours en retard quand ils viennent, et ils viennent au compte-gouttes. Le second problème se pose au niveau des représentants de l’administration dont, jusqu’à présent,  nous n’avons  pas reçu leur décision. Dans cette situation, nous avons envisagé de recevoir les anciens collaborateurs dans la mesure où nous avons l’habitude de travailler ensemble pour le bon déroulement des travaux » a expliqué le président.

 

 

Quant à l’affluence des électeurs, il dira que durant les cinq  premières journées du début des opérations,  les membres de la commission n’ont reçu que quelques dizaines d’électeurs. Il poursuit en affirmant que « depuis mardi, l’affluence commence à se sentir. Et je suis sûr que d’ici la date prévue pour la fin des travaux de révision, nous aurons un résultat souhaité».

 

 

Profitant de notre passage à la Mairie de Magnambougou,  nous avons approché Mamadou Diallo, un électeur résidant dans le quartier.   Selon lui, il y a des incohérences entre les données de l’ordinateur et la liste sur laquelle on choisit le bureau de vote.   «Je suis venu pour m’assurer d’abord que mon nom figure sur la liste. Et ensuite choisir mon bureau de vote. Malheureusement,  j’ai constaté que mon nom est répertorié  sur les machines de la DGE mais ne figure pas sur la liste à travers laquelle je dois choisir mon bureau de vote. J’ai signalé le problème et on me dit de repasser» nous a-t-il confié.

 

 

Commune V

Absence criarde de l’Administration et des partis

Au passage de notre équipe de reportage dans la matinée d’hier à la mairie centrale de cette commune, la Commission recevait une équipe du gouvernorat du District. Le Conseiller aux Affaires administratives et juridiques et le Directeur de Cabinet du Gouverneur entendaient, par le biais de cette visite, s’enquérir de l’état d’avancement des travaux de la Commission à travers des échanges qu’ils eurent avec ses responsables. Mieux, recueillir les difficultés avant d’y apporter des réponses. Dans la salle où se déroulent les opérations, au moins cinq équipes sont en place et se repartissent les différents quartiers qui composent la Commune. Une poignée d’usagers faufilent entre les différentes équipes et quelques minutes après, ces dernières sont presqu’au chômage. Devant les listes par secteur des électeurs potentiels, affichées non loin, c’est presque le vide.

 

Approché par nos soins, le président de la Commission se dit tout de même satisfait de ce qu’il appelle une relative affluence. La difficulté majeure à laquelle la Commission est confrontée, nous révèle Ousmane Bah, c’est « le manque de personnel ». Selon lui, sur les 21 agents de l’administration attendus, il n’y a que trois qui sont présents. Au même moment, a-t-il continué, seuls 26 partis politiques ont répondu à l’appel sur la centaine que regorge notre pays. Explications au manque d’intérêt de ces deux acteurs majeurs du processus ? Ousmane Bah avoue n’en avoir aucune. Pourtant, il garde visiblement espoir que tout se passera bien jusqu’au 25 juin prochain, date de clôture de ces opérations.

 

Il importe de préciser que les responsables de la Commissions en Commune II se sont refusés à fournir la moindre information à notre équipe de reportage, sous prétexte notre reporteur n’était pas munie d’une lettre de mission alors même que ce dernier avait présenté sa carte de presse. Ce comportement est, de notre avis, de nature à compromettre dangereusement le processus électoral que nous souhaitons tous apaisé.

 

 

En commune IV

68.676 électeurs potentiels

L’établissement de la liste électorale pour l’élection présidentielle du juillet 2013 a démarré le 05 juin dernier et prendra fin le 25 juin. Pour le moment, il n’y a pas assez d’électeurs potentiels qui se pointent devant la commission de l’établissement de la liste électorale sise à la Mairie secondaire d’Etat civil de Lafiabougou.

 

Cette Commission dirigée par Moussa Sylla nous a reçues dans les locaux en cette soirée du 11 juin pour nous faire le point du déroulement. Il reconnaît que l’affluence est timide et demande aux autorités de mettre l’accent sur une journée citoyenne à travers la communication pour inciter la population à la vérification avant les échéances. Selon lui, il n’y a aucune difficulté pour le moment, la Délégation Générale aux Elections (DGE) a facilité la tâche en mettant à leur disposition 16 techniciens et 16 ordinateurs. Il a incité également les autorités à mettre des policiers à leur disposition à cause des bagarreurs qui ne veulent pas suivre les consignes. Il a déploré que la liste des électeurs potentiels soit à l’air libre et que nous sommes au début de l’hivernage. A en croire le président de la Commission, les partis politiques ne sont pas assez représentés et il est de leur devoir.

 

Selon lui, les trois premiers jours à permis à la commission de revoir la situation de 141 personnes. Toutefois, il a promis que les autres comptes se feront dans peu de jour pour que les opérations se déroulent correctement. Il demande à la DGE de s’organiser de manière pour permettre aux fonctionnaires de venir les dimanches d’autant puisque eux ils sont là du lundi au samedi.

Notre déplacement le lendemain à la Commission, nous à permis de comprendre qu’il n’y avait pas assez d’électeurs. Le président de la Commission fera savoir que c’est le même rythme.

 

«Nous sommes à des jours ouvrables. Les fonctionnaires auront de la peine pour venir. Le jour du dimanche est donc nécessaire pour leur permettre de venir», Moussa Sylla.

 

Cap sur la Mairie de la Commune IV pour voir l’affluence autour de la liste des électeurs potentiels. On pouvait voir juste une cinquantaine. Il n’y avait assez du monde.

 

 

Commune III

L’assistant du président de la commission s’explique

Les conditions sont en train d’être réunies  pour le bon déroulement des opérations. Les  membres de la commission sont sur place avec les délégués des partis politiques. Et l’administration commence à s’installer.

 

 

«Au sujet de l’affluence des électeurs, franchement, le premier jour, c’est-à-dire le 5 juin, il n’y avait pas d’engouement. Mais ce mercredi 12 juin, l’affluence va bon train. Nous constatons que les gens sont animés d’une bonne volonté d’aller voter le jour du scrutin.

 

Je vous signale qu’outre les vérifications de la liste électorale, nous enregistrons les cas de transferts et de radiations.  Si nous n’avons noté que 46 transferts à l’heure actuelle, les cas de radiations sont nombreux. A Bamako Coura, on note 32 radiations, 40 à Darsalam, 32 à Dravela, 08 au Badialan III, 29 à Niomiyirambougou. On compte également 06 radiations au Badialan I, au Badialan II, 29 à Dravela Bolibana et 06 à Oulofobougou.

 

Je tiens à préciser que les agents de la Délégation générale  aux élections sont avec nous.  Nous leur communiquons directement les cas de radiation pour qu’ils puissent les prendre en compte sur place. » a expliqué l’assistant du président de la commission administrative, Famory Doumbia.

LA REDACTION

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