À Kéniéba, paisible cité dans la région de Kayes, la tension demeure au paroxysme après ce que les habitants de céans considèrent comme une forfaiture de desperados politiques perpétrée en leur nom. Les expressions de colère continuent de monter de partout et des philippiques les plus énergiques n’arrêtent pas de fuser, sans retenue. Le thermomètre sociopolitique enregistre toujours brusquement l’ébullition qui est loin de retomber.
En cause, une démarche politicienne orchestrée par des élus Rpm ayant sournoisement constitué quelques émissaires pour venir à Bamako demander à l’actuel chef de l’État, au nom de toutes les populations de la circonscription, de se présenter à l’élection présidentielle dont le premier tour aura lieu le 29 juillet prochain afin de rempiler pour un deuxième mandat. Cette vraie-fausse délégation a été, on s’en souvient, pompeusement reçue le 29 mars dernier dans le cadre coquet du palais présidentiel de Koulouba où le célèbre locataire parut, l’air heureux, se gargariser d’un soutien populaire de plus, après ceux de Koutiala, Rharous, etc.
L’Ortm, comme toujours, avait donné à la cérémonie un écho surfait dont le factice pouvait être difficilement dissimulé. Du reste, la méthode avait les parures d’une campagne électorale déguisée, prématurée, au détriment donc des autres candidats qui ne disposent pas des moyens de l’État. Mais l’affaire a surtout choqué outre mesure les populations de la circonscription du Tambaoura qui ne se reconnaissent nullement dans le grotesque montage et qui entendaient laver leur nom de la manigance.
Les ressortissants de Kéniéba à l’étranger (France, Belgique, États-Unis, Congo, Gabon, etc.) ont vite fait d’inonder les premiers leurs parents au pays, sommés de dénoncer au plus vite l’imposture. Aussitôt, des réunions s’organisèrent dans la cité et les réseaux sociaux pris d’assaut pour signifier au monde entier que Kéniéba n’a aucune raison de vouloir pour IBK un deuxième mandat. Le chef de la cité, les élus locaux qui ne sont pas du Rpm, les dignitaires religieux les plus respectés, la jeunesse, les femmes se sont donc tous ligués ensemble et ont vite fait de joindre leurs voix au concert de protestation. Une marche pacifique a été envisagée dans la foulée et s’est déroulée le jeudi, 05 avril, en partant de la place Bantan Keïta pour aboutir aux bureaux de la préfecture. L’évènement a enregistré la venue à Kéniéba pour la circonstance de plusieurs de ses enfants vivant à Kayes et à Bamako, voire dans d’autres localités.
Pour les citoyens de Kéniéba, sauf fraudes massives, IBK ne peut emporter leurs suffrages.
En effet, en quasiment cinq ans de pouvoir, leur localité n’a jamais bénéficié de la moindre attention de l’actuel chef de l’État et de ses ouailles. Pourtant, pas moins de cinq sociétés minières exploitent les ressources du sous-sol de la circonscription, mais Kéniéba broie dans le noir sans, en plus, d’adduction d’eau potable. Quant aux infrastructures sanitaires, si elles existent, elles n’ont que l’efficacité du temps colon.
La jeunesse, elle, manque de tout : aucune infrastructure pour s’épanouir. Kéniéba avait donc décidé d’exprimer sa colère pour prévenir les impostures que des politiciens indélicats pourraient être amenés à développer à ses dépens. Et d’espérer qu’aucune autre circonscription n’acceptera encore que des politiciens véreux organisent en leur nom un quelconque soutien à IBK.
Par Baïlo Baldé “BB”, Doctorant, Aix en Provence (France)
Le Reporter