Il est clair qu’après cette crise que le Mali traverse, plus rien ne sera comme avant.
Des organisations de la société civile malienne, regroupées dans la Coalition de lutte contre l’esclavage par ascendance, ne cachent plus leur volonté de déposer, sur le bureau de l’Assemblée nationale, une proposition de loi criminalisant la pratique au Mali. Au cours d’un atelier d’évaluation des actions de la coalition de la lutte contre l’esclavage par ascendance, tenu le samedi 14 décembre 2013 au Palais de la culture Amadou Hampaté BA, sa Présidente Mme Keita Fatoumata Sissoko, est revenue sur la volonté de sa coalition d’accueillir les nouveaux députés de l’Assemblée nationale avec cette proposition de loi.
En juillet 2012, l’Association TEMEDT, en partenariat avec la Fondation Rosa Luxemburg d’Allemagne, a initié la Coalition de lutte contre l’esclavage par ascendance, composée de 14 organisations de la société civile. Et, comme toutes les organisations ne sont pas au même niveau d’information sur le sujet, la coalition n’hésite pas à former ses membres. « Cet atelier a pour objectif d’amener les responsables de la Coalition d’une part à maitriser les techniques de plaidoyer sur les pratiques de l’esclavage et d’autre part à intégrer l’esclavage parmi les violations enregistrées lors de l’occupation des régions Nord du Mali en 2012 », a indiqué Mme Keita Fatoumata Sissoko, Présidente de la Coalition. Mais, au paravent, elle a estimé que l’esclavage est une pratique dégradante et déshonorante. «C’est une violation flagrante des droits humains, condamnée par toutes les organisations de défense des droits de l’homme », a indiqué Mme Keita Fatoumata Sissoko. Avant d’ajouter que l’adoption d’une loi qui criminalise l’esclavage est plus qu’une nécessité à partir du moment où le Mali a ratifié toutes les conventions sous régionales et internationales relatives aux droits de l’homme. « La coalition n’entend que la mise en place de l’Assemblée nationale afin de lui soumettre une proposition de loi criminalisant la pratique », a-t-elle déclaré. Par ailleurs, elle a rappelé que la crise du nord du Mali, a malheureusement accentué un phénomène qui est le quotidien de la communauté des Kel tamasheq noirs, communément appelés bella depuis des décennies. « Ce qui est plus grave et inadmissible dans un Etat de droit, c’est que pour les esclavagistes c’est tout à fait normal de posséder des êtres humains comme leurs propres biens » regrette Mme Kéita Fatoumata Sissoko qui souligne qu’en plus des régions du nord du Mali, Kayes fait partie des zones où la pratique existe.
Assane Koné