«Que le Mali ait été floué, cela ne semble faire l’objet d’aucun doute. Que ceux qui ont initié les procédures d’achats et qui ont la charge de défendre les intérêts de la nation, annoncent de façon aussi désinvolte que les équipements de l’armée, en temps de guerre, ont été compromis», voilà ce qui dépasse l’entendement selon l’Opposition, l’occurrence le FSD (le Front pour la sauvegarde de la démocratie) qui demande plus d’explications sur le sujet.
Tout comme «devant l’énormité des pertes aussi graves qu’insupportables dans un pays en guerre, tenu à bout de bras par la communauté internationale», le FSD pense qu’«il est inacceptable que le Premier ministre, dans une interview donnée à la presse, se livre à de simples exégèses des termes dudit rapport». Aussi, le FSD exige encore «toute la lumière sur le scandale financier évalué à plus de 700 milliards FCFA au préjudice de l’État, et d’indiquer clairement les suites administratives et judiciaires données au rapport d’audit ci-dessus mentionné».
Déclaration du FSD sur les scandales financiers et équipements militaires
Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), s’inquiétant et s’indignant de l’ampleur des scandales financiers et leurs répercussions sur la survie de la nation, porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale ce qui suit : 1- Le scandale des équipements militaires de l’Armée.
Dans une interview donnée au journal «Jeune Afrique» en date du 30 juin au 6 juillet 2019, le chef de l’État a révélé que les avions achetés, en l’occurrence les «deux hélicoptères PUMA, sont cloués au sol faute de maintenance appropriée». Il a oublié de préciser que les deux Super Tucano achetés ne sont également pas opérationnels faute de viseurs.
Le président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale, le député Karim Keïta, saisit l’occasion d’un colloque à Paris pour confirmer et renchérir, en des termes sans équivoques que lesdits hélicoptères «ne peuvent plus voler, ça marchait au début, mais vraisemblablement on a un problème d’entretien depuis l’achat, je me demande si, on n’a pas été floué à l’achat».
Que le Mali ait été floué, cela ne semble faire l’objet d’aucun doute. Que ceux qui ont initié les procédures d’achats et qui ont la charge de défendre les intérêts de la nation, annoncent de façon aussi désinvolte que les équipements de l’armée, en temps de guerre, ont été compromis, demande plus d’explications devant la nation.
En effet, dans un passé récent, des faits avérés de surfacturation de matériels et d’équipements militaires avaient été dénoncés par le Fonds Monétaire International en 2014 et attestés par le Rapport du Vérificateur Général sur l’achat des équipements militaires et de l’avion présidentiel.
Aujourd’hui, faut-il le souligner, de forts soupçons de détournements, de surfacturations, d’escroquerie dans la passation des contrats d’achat des hélicoptères PUMA, comme des avions «Super Tucano», pèsent sur le régime IBK.
Ainsi, de l’achat des aéronefs et d’autres matériels et d’équipements militaires, à la formation des pilotes, un vaste réseau de spoliation des ressources dégagées pour la mise en œuvre de la loi de programmation militaire, impliquant, généraux, ministres et proches collaborateurs et parents du chef de l’État a été mis en place.
De graves et dramatiques conséquences en ont découlées pour la nation : aggravation de l’insécurité, des centaines de victimes civiles et militaires tuées dans diverses attaques en raison de l’impuissance d’une armée nationale déterminée, mais sans équipements adaptés à la nature des conflits. Quels sont les responsables de ces tragédies ? Quels sont ceux qui les portent sur leurs consciences ?
Le FSD, analysant l’ampleur des scandales financiers et leurs conséquences sur la survie de la nation, prend à témoin l’opinion nationale et internationale pour : exiger du Chef de l’État, chef suprême des Armées, dont l’avion n’est jamais cloué au sol pour des questions de maintenance, de fournir toutes les explications et éclairages sur les contrats d’équipements et de matériels militaires ; exiger également du Chef de l’État, la mise en place d’une commission nationale, indépendante d’enquête, sur les contrats militaires conclus dans le cadre de la mise en œuvre de la loi de programmation militaire.
2- La position du Premier ministre concernant les 700 milliards évaporés au préjudice Trésor public
Dans une précédente déclaration, le FSD avait sommé le Gouvernement à s’expliquer sur le rapport de synthèse du constat fait, dans les différents rapports du Vérificateur Général du Mali sur la période 2005-2017, réalisé par le Canada.
Le document révèle de graves fautes de gouvernance, dont 700 milliards de francs CFA qui se seraient évaporés au préjudice de l’État. Face à notre exigence, et devant l’énormité des pertes aussi graves qu’insupportables dans un pays en guerre, tenu à bout de bras par la communauté internationale, il est inacceptable que le Premier ministre dans une interview donnée à la presse se livre à de simples exégèses des termes dudit rapport.
Il ne lui a pas été demandé une explication de texte, mais de clairement indiquer à la nation quelles sont les suites administratives et judiciaires entamées ou attendues par l’opinion publique nationale et les partenaires du Mali à l’encontre des responsables impliqués dans l’évaporation des ressources de l’État.
La corruption a d’ailleurs atteint un niveau tellement élevé dans notre pays, qu’un ambassadeur en poste à Bamako n’a pas hésité récemment à dénoncer publiquement le phénomène.
Aussi, le FSD : exige du Chef de l’État de faire toute la lumière sur le scandale financier évalué à plus de 700 milliards FCFA au préjudice de l’État, et d’indiquer clairement les suites administratives et judiciaires données au rapport d’audit ci-dessus mentionné ; s’engage résolument à mener le combat pour faire la lumière sur les scandales de détournement des ressources publiques en général et en particulier sur les spoliations des ressources de l’Armée en ce temps de guerre.
En conclusion, le FSD réaffirme son appel à un large rassemblement pour défendre la tenue d’un dialogue national inclusif sincère et fécond avec toutes les forces vives de la nation. Mais pas celui dont les couleurs, le contenu et les résultats ont été déjà insinués dans la scandaleuse interview de IBK dans le journal «Jeune Afrique».
Bamako, le 18 juillet
Le Directoire
Source : Nouvelle Libération