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Epidemis de coups d’Etat : Le Niger, la CEDEAO et le Sahel : les militaires plus sensibles aux errements et échecs des régimes

Les militaires ne sont pas les seuls à porter des coups durs à l’ancrage démocratique dans nos pays. Sous nos cieux, combien de régimes civils issus des urnes sont devenus les fossoyeurs de la démocratie à travers le musèlement de l’opposition, l’affaiblissement des contre-pouvoirs ou la violation de la constitution, notamment en ce qui concerne la limitation des mandats. En somme, des coups d’État institutionnels qui sont tout aussi graves pour la poursuite de l’idéal démocratique que les coups d’État militaires. Le défi de la CEDEAO, un bien commun à préserver et à parfaire, et de la nouvelle génération de dirigeants ouest-africains est de travailler à combattre ces deux formes de coups d’Etat avec la même vigueur, sans quoi nous offrirons des motifs de légitimation aux putschs militaires. 

La guerre est devenue le quotidien de nombreux citoyens innocents dans nos pays depuis une décennie. Des vies brisées, des familles complémentent déstructurées, des blessés et des morts au quotidien, des gosses par milliers privés d’école et de perspectives. Ceux qui, pour l’instant, sont loin du cœur du conflit l’ignorent peut-être, mais c’est loin d’être un jeu, une partie de plaisir. Ce drame sahélien est en grande partie dû à la bêtise humaine, celle de quelques pays ayant décidé en toute impunité d’en finir avec Kadhafi. Résultat des courses, la Libye est un pays détruit avec des milliers de pauvres libyens tués, mais aussi des milliers de personnes tuées au Mali, au Niger et au Burkina sans parler de celles déplacées. L’hydre terroriste ne cesse de gagner du terrain, menace désormais au-delà du Sahel. Bien malin celui qui pourrait prédire quand, nous, Sahéliens, arriverons à bout de ce mal devenu existentiel pour nos États déjà très fragilisés par une corruption endémique et une mal gouvernance elles aussi meurtrières.

Dans le capharnaüm qu’est devenu le Sahel, les militaires, en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, paient probablement le plus lourd tribut, les rendant ainsi plus sensibles aux errements et échecs des régimes, fussent-ils démocratiques ou simplement habillés d’un vernis démocratique. Ainsi, ce n’est donc qu’une demi-surprise de voir cette épidémie de coups d’État militaires dans le Sahel, y compris celui en cours au Niger. Cela est bien regrettable et condamnable sur le principe car, à bien des égards, cela nous éloigne de l’idéal démocratique auquel nous aspirons, non pas par mimétisme, mais pour ses vertus concernant la réalisation de la volonté de la majorité. Cependant, les militaires ne sont pas les seuls à porter des coups durs à l’ancrage démocratique dans nos pays. Sous nos cieux, combien de régimes civils issus des urnes sont devenus les fossoyeurs de la démocratie à travers le musèlement de l’opposition, l’affaiblissement des contre-pouvoirs ou la violation de la constitution, notamment en ce qui concerne la limitation des mandats. En somme, des coups d’État institutionnels qui sont tout aussi graves pour la poursuite de l’idéal démocratique que les coups d’État militaires. Le défi de la CEDEAO, un bien commun à préserver et à parfaire, et de la nouvelle génération de dirigeants ouest-africains est de travailler à combattre ces deux formes de coups d’Etat avec la même vigueur, sans quoi nous offrirons des motifs de légitimation aux putschs militaires.

A ce titre, le putsch survenu au Niger est regrettable, et nos États doivent, à défaut de rétablir Bazoum dans ses fonctions, travailler à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Toutefois, cela ne devrait pas nous faire perdre de vue le contexte difficile de lutte contre les forces terroristes prévalant dans le « Sahel ». Toute intervention militaire au Niger risque d’aggraver les choses et d’embraser davantage notre sous-région. Aucun encouragement de seigneurs de guerre venus d’ailleurs, habitués des guerres par procuration, ne devrait nous pousser à commettre une telle bêtise. Nous avons déjà du mal à éteindre les braises parties de l’intervention militaire irresponsable en Libye. N’en créons pas de nouvelles. Notre salut viendra de notre ferme volonté de nous prendre en charge, et des actes vertueux que chacun d’entre nous pose au quotidien en faveur de l’intérêt général. Il en va de même pour notre perte. Elle n’est essentiellement que le fruit de nos actes au quotidien. A bon entendeur salut ! Puisse Dieu protéger les sahéliens des aventuriers intérieurs et extérieurs.

Nouhoum Bouya Traoré

Le National

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