Le 6 novembre dernier, la Commission nationale de désarmement, démobilisation, réinsertion (CNDDR), dirigée par l’ancien ministre, Zahaby Ould Sidi Mohamed, a débuté, sur instruction du Premier ministre, le concept de DDR-accéléré. Dans cet entretien, il nous fait le bilan de cette opération, qui a été un franc succès.
Monsieur le président de la CNDDR, pouvez-vous nous expliquez, d’abord, le DDR-accéléré?
Le processus de DDR accéléré est un concept initié par le Premier ministre SoumeylouBoubèyeMaïga depuis qu’il a pris la tête du Gouvernement, et qui vise essentiellement à poser des actes concrets pour améliorer la situation sécuritaire sur le terrain. Il comporte 3 volets : l’intégration des 3 bataillons MOCs (Mécanisme Opérationnel de Coordination), de Gao, Tombouctou et Kidal. Le rappel des 546 anciens déserteurs des Forces armées maliennes dont plus de la moitié sont appelés à faire prévoir leurs droits à la retraite, et enfin la constitution des patrouilles mixtes appelées à lutter contre le crime organisé conformément à l’article 29 et 30 de l’Accord issu du processus d’Alger.
2 du 6 au 30 novembre, il était prévu de mettre en route ce DDR-accéléré. Où en sommes- nous Monsieur le président?
Le processus de DDR accéléré a commencé avec la cérémonie de lancement qui a eu lieu à Gao le 6 novembre dernier, sous la présidence du Ministre LassineBouaré, en charge de la réconciliation, en présence des responsables de la Minusma, de Barkhane, des représentants des mouvements signataires. L’opération s’est déroulée simultanément à Gao Tombouctou et Kidal. À la date d’aujourd’hui, nous avons récupéré 401 armes à Kidal, 512 armes à Tombouctou, et 521 armes à Gao. Tous les combattants concernés ont rendu volontairement leurs armes et ont passé les différents tests du DDR: test physique de santé, test militaire, test droits de l’homme, effectué par des membres de la société civile et les organisations des droits de l’homme. Nous pouvons donc affirmer que l’opération a été un grand succès.
Il nous est revenu qu’il y’a eu de la résistance à Kidal, et que la CMA vous aurait instruit d’arrêter le processus. Qu’en est-il?
Cette information est incorrecte, il n y a eu aucune résistance de la part des mouvements signataires, qui bien au contraire, ont très bien collaboré avec nous pour la réussite de l’exercice. La CMA Kidal a elle-même été en charge de la sécurité de toute l’opération avec les éléments FAMAs en charge du commandement du MOC, et les casques bleus de la Minusma. Le cas, auquel certains font allusion, c’est bien le refus de la CMA pour des raisons sécuritaires d’accepter des éléments MSA et autres mouvements, qui devraient être screenés à Kidal. Ceux-ci ont attendu 4 jours près de Kidal, et ont replié sur Tinawker où ils sont présentement stationnés. Je peux vous dire que nous sommes très satisfaits de la coopération de tous les mouvements signataires sur cette opération qui s’est déroulée sans incident majeur. Certes, nous déplorons l’assassinat lâche d’un officier de la plateforme, à Tombouctou, qui malheureusement avait quitté le centre de cantonnement hautement sécurisé pour saluer sa famille dans un quartier de Tombouctou où des éléments, non identifiés, l’ont exécuté lâchement.
Quid de la centaine de personnes disponibles pour le DDR dans le centre du pays?
Pour le centre du pays, le Premier ministre, SoumeylouBoubèyeMaïga, a donné des instructions fermes pour la CNDDR et la Commission d’intégration pour que la région de Mopti bénéficie des dividendes de la paix, au même titre que les autres régions du Nord du Mali. Il a aussi demandé que l’on procède au désarmement de tous les groupes armés volontaires qui renonceraient à la violence armée et qui accepteraient leur réinsertion socio-économique au sein de leurs communautés. Il est à signaler que des actes concrets ont été posés par le Gouvernement actuel pour ramener le calme dans le centre du pays. Je pense, entre autres, aux différentes visites du PM lui-même dans la région et les initiatives de réconciliation entre certains belligérants, lesquels parlent plus de paix que de conflit.
Après ce DDR-accélérée, quel sera la prochaine étape de votre mission?
Les prochaines étapes conformément aux instructions et priorités du PM sont le rappel des déserteurs volontaires pour leur retour au sein des FAMAs, la constitution des unités spéciales ou patrouilles mixtes, et le DDR des premiers volontaires armés du centre du pays.
Pour terminer, peut-on savoir les grandes actions de votre structure, la CNDDR, depuis sa création?
Il est très tôt pour faire un bilan d’une structure aussi jeune que la CNDDR qui n’a encore que 14 mois d’existence. Je peux me permettre de dire que nos résultats sur le terrain sont évidents aujourd’hui avec une CNDDR fonctionnelle, un siège central et six antennes régionales opérationnelles. Celles-ci ont permis l’enregistrement de 36 000 ex combattants, lesquels viennent de débuter le cantonnement et le désarmement de 1500 combattants dans les régions du Nord du Mali. Il faut reconnaître que ces résultats n’auraient pas pu être obtenus sans un engagement des mouvements signataires, et aussi le soutien des plus hautes autorités de l’État pour l’accélération du DDR.
Entretien réalisé par El Hadj ChahanaTakiou
Source: Le 22 Septembre