Le Mali, après la tenue de l’élection présidentielle dont les résultats ont été rejetés par une partie de la classe politique mais reconnus par la communauté internationale, patauge encore sur fond d’inquiétudes. Depuis plus de trois mois, l’appareil judiciaire est paralysé par une grève illimitée du Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et du Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA). Les promoteurs d’écoles privées refusent de démarrer les cours si le gouvernement ne paye pas leurs arriérés de subventions. L’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) est entrée dans la danse en décrétant une grève de 48 heures la semaine dernière. Un mot d’ordre suivi par plusieurs écoles de la capitale. Les fournisseurs de gaz butane sont aussi en grève illimitée pour non paiement des subventions par le gouvernement. D’autres grèves sont en vue.
Sur le terrain politique, deux fronts ont investi le champ. Il s’agit du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et de la Convergence des Forces Patriotiques (COFP). Les Forces patriotiques étaient en meeting à la Bibliothèque Nationale le samedi dernier. Hier, les sauveurs de la démocratie ont pris d’assaut la salle Bazoumana Cissoko du Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba. Ne se sentant pas probablement associée à la chaîne de prise de décision (la décision de reporter les élections législatives est loin d’être partagée par Dr Bocary Tréta), la Plateforme Ensemble pour le Mali préfère garder le silence. Alfred de Vingy écrivait que « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ». La prorogation du mandat des députés à l’Assemblée Nationale est loin de faire l’unanimité
Comme pour en rajouter à cette situation déjà confuse et inquiétante, le gouvernement sort un projet de découpage territorial qui suscite la plus grande indignation, voire la plus grande désapprobation à travers le pays. Ayant pris conscience de l’impopularité de ce projet, l’équipe gouvernementale rétropédale et annonce des concertations régionales du 06 au 10 novembre 2018. De la poudre aux yeux ! La stratégie de la diversion et de la fuite en avant semble être en marche. Pour combien de temps ? Difficile de répondre à cette interrogation. La seule évidence est que le projet suscite un tollé général avec des mouvements portés sur fonts baptismaux contre la partition du Mali. Dans une interview accordée au quotidien “L’Indépendant”, Mme Sy Kadiatou Sow, Présidente de l’ADEMA Association, alertait que « le seul projet du pouvoir est la partition du Mali ».
Le Mali apparaît de plus en plus comme un pays abandonné. Oui, un pays abandonné ! C’est la déception sur toute la ligne. Sans aucune dignité, certains d’entre nous sont prêts à tout pour se faire de l’argent. Des fils indignes sont en train d’assassiner leur mère-patrie avec des pratiques mafieuses. Il ne leur reste plus qu’à se disputer sur la dépouille de cette mère nourricière qui leur a tout donné.
Il faut que le Président de la République et son gouvernement arrêtent la fuite en avant pour faire face aux vrais problèmes de la nation. Aussi, les uns et les autres doivent comprendre qu’il y a eu un Mali avant IBK et qu’il y aura un Mali après IBK. Mais quel Mali ? Un pays davantage instable en mis petits morceaux ?
La situation extrêmement difficile du pays exige des Maliens une union sacrée. Ils doivent consacrer toute leur énergie au seul combat qui vaille et qui grandit : le sauvetage du Mali de la désintégration. Faisons attention à ce que ce pays ne se délite davantage, que les querelles de clochers sur fond d’ambition frénétique de promotion personnelle ne condamnent pas définitivement tout un peuple à la régression.
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger