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Entre Nous : ‘’Mali kura’’, d’accord, mais le citoyen d’abord !

‘’Mali kura’’ est décidément dans l’air du temps. Au-delà d’un simple concept, c’est un projet de société. Les chantiers de la refondation pour y parvenir ont fait l’objet de plusieurs dossiers de presse par l’Ortm à l’occasion de l’AN I de la prestation du président de la Transition.

 

«Il ne sert à rien de changer le système sans changer le Citoyen», disait à qui voulait l’entendre le regretté Fily Dabo Sissoko. Au regard de ce qui se déroule sous nos yeux, on ne peut pas ne pas donner raison à cette figure emblématique de l’histoire politique malienne. Dans ce vieux pays, force est de  constater que le citoyen est mort de sa belle mort. Car en vérité, ce n’est pas le Mali qui est en cause, plutôt le Malien qui a tourné le dos à ses valeurs identitaires. La tragédie de 2012, marquée par le coup d’Etat le plus bête de l’histoire contemporaine et tout ce qui s’en est suivi, n’a hélas eu le moindre impact positif sur les mentalités et les comportements comme on l’espérait, les mauvaises pratiques ayant la vie dure.

Ce n’est pas le Mali qui trahit, mais bien le Malien qui excelle dans la trahison des siens, y compris de son pays. Ce n’est pas le Mali qui vole, mais bien le Malien qui se croit maudit s’il ne se sert pas à satiété  du bien public. Lequel, à son entendement, appartient à tout le monde, donc à personne.

Ce n’est pas le Mali qui triche, mais bien le Malien adorant les raccourcis, du parcours scolaire au terme de sa vie active. Ce n’est pas le Mali qui vend son âme au plus offrant voire au diable, mais bien le Malien. Ce n’est pas le Mali qui n’a pas du respect pour sa parole donnée, mais plutôt le Malien. Ce n’est pas le Mali qui change d’avis au gré de ses intérêts, mais bien le Malien.

Outre les nostalgiques du passé, de nombreux observateurs et analystes regrettent amèrement ce Mali où le citoyen s’identifiait fièrement à ses valeurs qu’il affichait urbi et orbi. A cause des perversions actuelles, ils sont unanimes à croire que le reformatage de l’Homme malien est le soubassement de toute entreprise de construction nationale. Il est incontestable que la famille et l’école ont un grand rôle à jouer dans le modelage de ce Malien afin qu’il soit plus soucieux des intérêts et valeurs de la société et de la République.

Le citoyen dont le Mali a besoin pour amorcer son retour dans le concert des nations est surtout un Malien qui refuse de tricher, de voler et de mentir. Un citoyen respectueux des règles et valeurs de la République. Un citoyen qui prône l’exemple en refusant la compromission et les conclusions hâtives.

Un citoyen qui choisit ses dirigeants non pas sur la base des affinités ou des billets de banque, mais plutôt sur la base de ses convictions pliées à des critères objectifs. Un citoyen qui oblige ses dirigeants à rendre compte de leurs gestions.

Un citoyen qui sanctionne ses mandataires non pas par des manifestations de rue ou des putschs, mais par un vote civilisé quand les conditions sont réunies pour ce faire. Un citoyen qui dit non à la médiocrité et au favoritisme.

Si, en quelques petites années seulement, la Première République avait réussi à semer aux Maliens nouvellement indépendants les germes de citoyens attachés à nos valeurs, les Deuxième et Troisième Républiques ont lamentablement échoué à maintenir cette dynamique.

Pourtant, ce n’est pas toujours faute de prise de conscience. Le Général Amadou Toumani Touré ne s’était-il pas interrogé -par dépit ?- s’il ne s’avérait pas nécessaire de tenir, en fin du compte, un forum sur «l’Homme malien» après plusieurs foras sur les problèmes de la nation ?

En outre, même si est demeuré flou le contenu de la «construction citoyenne», plusieurs gouvernements du précédent régime l’ont ajoutée aux missions du département en charge de la jeunesse. ‘’Mali kura’’, c’est quand chacun de ses enfants sera conscient qu’il a certes des droits, mais aussi et surtout des devoirs vis-à-vis de du Mali. Quand chacun saura que tous les Maliens sont égaux en droits et en devoirs. Quand chacun sera conscient que toute faute qu’il commettra sera sanctionnée tout comme son mérite reconnu. Quand…

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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