Le Mali est plongé depuis les attaques lâches et barbares des petits aventuriers du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (Mnla) contre quelques garnissons de l’Armée malienne en janvier 2012 dans une crise multidimensionnelle. Que de civils et de militaires tués ! Des milliers de déplacés internes et de réfugiés ! De la rébellion séparatiste, la lutte armée a pris une forme d’hydre, ce monstre mythique à plusieurs têtes. Des groupes armés extrémistes contrôlent des pans entiers du territoire national. La situation se complique davantage et requiert plus de doigté pour que le Mali ne bascule dans la guerre civile avec un risque réel de partition. La sortie du Cadre stratégique permanent contre les propos tenus par le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, lors de la réunion du Comité de Suivi de l’Accord (CSA) le 5 octobre 2021, constitue une illustration parfaite de l’extrême précarité de la situation.
Ils sont nombreux à crier sur les réseaux sociaux leur patriotisme, ou pondre des communiqués au vitriol pour fustiger l’ingérence de tel ou tel pays, mais ils ne sont pas prêts à consentir le minimum de sacrifice pouvant permettre au pays de supporter l’effort de guerre. Aucun responsable de la Transition n’a diminué ses avantages. Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, a entrepris une « opération de placement politique » d’une partie de ses fonds de souveraineté à travers la construction des forages et autres. Une véritable tromperie visant à cultiver le culte de la personnalité.
Le Premier ministre issu du M5-RFP qui criait jusqu’à perdre sa voix dans la rue sous le régime IBK, n’a renoncé à rien et continue de bénéficier des mêmes avantages que ses prédécesseurs. Idem pour les ministres et les responsables des autres institutions. L’Union nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), et d’autres syndicats ne renoncent pas à leurs revendications d’augmentation salariale ou de prime. Les partis politiques ne renoncent jamais à l’aide publique même si le gouvernement de transition tarde à payer leur chèque. Des fonds publics à travers certains subterfuges continuent de financer des activités de subversion ou à entretenir des forces obscures créées pour faire un travail de manipulation et d’instrumentalisation de l’opinion.
Pour ces différents acteurs de la vie publique, il suffit de crier dans les médias ou sur les réseaux sociaux son patriotisme. Ils savent tous que le Mali est un pays en guerre qui a besoin d’énormes ressources pour acheter non seulement des équipements militaires mais aussi les entretenir.
Le sens du sacrifice doit amener le président de la Transition, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les responsables des institutions de la République, à diminuer pendant cette période leurs avantages. Ils peuvent renoncer aux 2/3 de leurs traitements toute proportion confondue. L’UNTM et ses syndicats affiliés peuvent appeler leurs membres à renoncer à une partie de leurs avantages pendant un certain moment. D’autres syndicats peuvent procéder de la même manière.
Les fonds ainsi collectés serviront à 60% à acheter des équipements militaires et à construire des infrastructures dignes de ce nom pour les soldats. Les 40% seront orientés vers des vraies actions de développement au profit des communautés locales. C’est ça le sens du sacrifice. On ne crie pas son patriotisme, mais on le démontre.
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger