La semaine dernière, une affaire de viol collectif a mobilisé toute la République. Pour l’une des rares fois, le conseil des ministres a entendu une communication sur cette affaire et salué l’arrestation des auteurs de cet acte ignoble et honteux. En plus, le Premier ministre a fait un tweet sur la même affaire. Dans le journal télévisé du jeudi 7 février, les auteurs ont été montrés au public avec un commentaire du Directeur Général de la police nationale. Auparavant, des associations de défense des droits de l’homme en général et de la femme en particulier, étaient montées au créneau pour accentuer la pression sur les pouvoirs publics. Ces différentes mobilisations officielles sont à la hauteur de l’indignation provoquée suite à la diffusion de cette vidéo sur les réseaux sociaux.
Cette scène plus qu’horrible était inimaginable dans notre société. Mais on est où là ? Au Mali ? Certains d’entre nous continuent de frotter les yeux pour bien réaliser si ce n’était pas une fiction. Rien de surprenant. La colonisation culturelle et religieuse détruit petit à petit les fondements de notre société qui ne manque pas de ressorts pour maintenir son équilibre. Les séances de contes et de devinettes qui réunissaient la nuit les enfants autour d’une personne plus âgée, sont abandonnées au nom du modernisme. On a laissé la famille se disloquer avec le renversement des rôles. L’autorité parentale est plus qu’effritée. La télévision et les nouvelles technologies aidant, les enfants sont devenus des chauves-souris.
La rue n’éduque plus les enfants. On interdit à l’enseignant de fouetter les élèves. Les enfants ne disent plus de salutations à leurs aînés. Le respect dû aux personnes âgées n’existe plus dans le vocabulaire de cette génération qui ignore totalement le sens de la honte et de l’humiliation. Corriger la progéniture de son voisin ou de son frère est devenu source d’ennuis dans notre société où l’on disait que l’enfant était un bien commun. L’éducation est le bien le plus précieux qu’un parent ou une société peut offrir à ses enfants.
Dans un pays où les lois inspirées d’autres réalités permettent de sanctionner les parents qui ont osé infliger une correction exemplaire à leurs enfants, il faut s’attendre à des situations dangereuses que nous connaissons actuellement. Les associations de défense des droits de l’homme ou de défense des droits des femmes sont les mêmes qui crient au scandale dès lors qu’on touche à un cheveu de ses enfants, lesquels se croient sortis des cuisses de Jupiter ou tombés du ciel.
Ces drames constituent la rançon de l’irresponsabilité collective des parents et de la forfaiture des autorités dans l’éducation des enfants qui sont devenus des bêtes sauvages faisant régner la terreur et la violence dans la société au mépris de nos valeurs culturelles et sociétales. Des enfants monstres chez nous !
Ces situations dramatiques prospèrent grâce à la fuite en avant des autorités et à l’impunité. Sinon, comment comprendre que des groupes de jeunes armés de gourdins et de machettes s’affrontent publiquement à Bamako ? Savez-vous qu’à Sébénikoro, quartier de résidence du Président de la République, un groupe de jeunes se singularise par des méthodes violentes face à une police incapable de mettre au pas ces gangsters qui se nourrissent des comprimés de Tramadol.
Il faut aujourd’hui avoir le courage de mener une réflexion sérieuse et profonde sur la désarticulation de la famille qui est la cellule de base de la société.
Par Chiaka Doumbia
Le Challenger