Le Comité exécutif du Congrès National Africain (ANC) – le parti au pouvoir – a décidé depuis le mardi de « rappeler » officiellement le président Jacob Zuma. Une décision qui oblige le président sud-africain à démissionner dans les brefs délais, sous peine d’être contraint par le Parlement de son pays qui activerait contre lui un processus d’impeachment. Et comme si cela ne suffisait pas, dans le dessein de désavouer, voire d’humilier le Chef de l’Etat, ce fut le tour de la police sud-africaine d’entrer dans la danse en faisant une descente aux fins de perquisition au domicile de la riche famille industrielle et indienne Gupta, réputée très proche du Chef de l’Etat. Ces faits sont-ils précurseurs de la fin de règne du « guerrier Zoulou » ?
Si l’on ne dispose pas de calendrier spécifique pour obliger Jacob Zuma à jeter l’éponge, une chose est certaine, ses détracteurs au sein de sa propre famille politique sont impatients de le voir quitter au plus vite le navire sud-africain qui ne cesse de tanguer depuis qu’il est mêlé à des affaires de corruption. Un départ qu’ils obtiendront sans doute, de gré ou de force. Mais seulement le hic est que le départ non négocié du numéro Un sud-africain mettrait l’ANC dans une position inconfortable pour affronter les prochaines échéances électorales, notamment les législatives. Ce qui sous-entend que le parti de Nelson Mandela doit impérativement faire attention à la problématique Jacob Zuma.
Une motion de défiance est d’ores et déjà déposée par l’opposition sud-africaine contre le président et sera débattue ce jour-ci. Or, il se trouve que son propre parti, l’ANC, a officiellement mis fin à ses fonctions par l’entremise de son Conseil national exécutif, qui est l’organe décisionnel. L’ANC va-t-il appuyer cette motion de l’opposition ou va-t-il déposer sa propre motion ? Dans aucun des cas, la procédure n’est favorable au parti au pouvoir. Ce qui veut dire qu’il a intérêt à négocier la sortie de son ancien leader, pour préserver la cohésion au sein de l’ANC.
Car, même si Zuma sait qu’il a déjà tout perdu et qu’il ne peut plus continuer d’occuper les fonctions de capitaine du Paquebot sud-africain, il est tout de même conscient que son départ non négocié pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur le devenir du parti. Ce qui est tout à fait évident, si l’on sait qu’au dernier congrès, le parti a visiblement connu une véritable fracture en deux grandes composantes. Celle qui lui est demeurée fidèle, ayant quasiment le même poids politique et électoral que celle qui lui est opposée. C’est dire que l’ensemble des dirigeants de l’ANC doivent savoir raison garder, pour le bien du parti !
Gaoussou Madani Traoré
Le Challenger