L’équipe d’enquête de la Minusma sur les événements tragiques de Kidal, survenus le 18 avril dernier, a bouclé son rapport d’étape : rien, absolument rien, n’indique clairement les circonstances exactes des tirs ayant causé deux morts parmi les manifestants. D’où, la polémique ouverte sur la tragédie de Kidal et l’intérêt manifeste pour de nouvelles investigations pour élucider les causes réelles de la violence et d’en déterminer les responsabilités. L’étau va-t-il se resserrer sur les Casques bleus de la Minusma ?
Pour les tueries de Kidal, ce 18 avril, lors d’une manifestation, à l’aéroport de la ville, rien n’est connu : pas même les circonstances exactes de ces débordements, ni même les origines des tirs ayant causé deux morts parmi les manifestants. C’est un rapport d’étape de la Minusma, qui a été présenté avant-hier, et remis au chef de la mission onusienne, qui l’annonce expressément.
« Les premières constatations n’ont, à ce stade de la procédure, pas permis de déterminer l’origine des tirs meurtriers avec certitude. Cette enquête se poursuit et sera complétée, dans les meilleurs délais, par une deuxième phase plus approfondie qui devrait permettre d’établir les causes exactes de l’incident et de dégager des responsabilités éventuelles à la lumière des éléments que les enquêteurs auront pu recueillir », note-t-il.
Il est donc clair, comme le dit le rapport de la Minusma, que de nouvelles investigations, celles-ci plus approfondies, auront lieu pour établir la lumière sur les événements douloureux de Kidal et de parvenir à dégager les responsabilités sur les tirs meurtriers, dénoncés par tous, ce jour-là, à Kidal, et qui ont causé la mort de deux manifestants. Dès la perpétuation de ces faits, il y a une dizaine de jours, toutes les parties concernées par le processus de paix, y compris les autorités gouvernementales, ont insisté sur la nécessité d’établir la lumière sur ces troubles afin de connaître très exactement qui a tiré sur la foule des manifestants.
En tout cas, c’est de bonne guerre de rechercher à situer les responsabilités sur le massacre de Kidal d’autant qu’il y va de la crédibilité de la mission onusienne qui sait pertinemment qu’une pareille mission, celle qui assure la sécurisation des populations civiles, ne peut s’accommoder des cas de ces violences gratuites, débouchant sur des morts. D’ailleurs, les autorités gouvernementales l’ont vivement recommandé, en exigeant à ce que les circonstances exactes du drame puissent être établies. Si, dans la foulée de l’action, le 18 avril dernier, dans la plus grande confusion, plusieurs témoins des scènes macabres, visiblement enclins à porter un regard objectif sur ce drame, ont vite fait de dire que les tirs provenaient des soldats de la paix, retranchés à l’aéroport, lesquels auraient tiré à balles réelles sur les manifestants pour se frayer du passage, il est évident qu’un rapport préliminaire, établi par la même mission onusienne, ne saurait emporter la conviction populaire, dès lors qu’il conclut autrement, s’agissant de sa propre responsabilité sur ces débordements.
Et c’est justement, là où le bât blesse, car il est dit dans le rapport préliminaire que les soldats de la paix « ont effectué des tirs de sommation alors que, repliés dans un container, des manifestants y mettaient le feu » et que des manifestants ont enflammé des postes d’observation. De ce point de vue, la Minusma procède à une disculpation en règle, s’agissant de ses éléments dont le seul tort serait de pouvoir organiser leur défense. Mais, de la même manière, dans son rapport préliminaire, comme pour se donner bonne conscience, dans un communiqué publié sur à cet effet, elle « déplore et regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures occasionnées suite cet événement », tout en jugeant inacceptables « le recours à la violence envers ses forces et la destruction de ses installations sécurisées. Comparaison n’est pas raison, dit-on. Dans certains pays africains, où les troupes de l’ONU exercent des missions de sécurisation, des contingents militaires sont trempés dans des violences sexuelles. C’est le cas en Centrafrique où des soldats français sont accusés de violences sexuelles sur les mineures. Dans ce cas, selon la procédure en la matière, il semble que c’est le pays d’origine du contingent incriminé qui devra s’occuper du cas de ses ressortissants. La France, d’ores et déjà, par l’intermédiaire de ses plus hautes autorités, écarte, pour le cas de ces violences sexuelles, l’impunité des soldats fautifs.
La lumière doit être impérativement faite sur les événements tragiques de Kidal, survenus le 18 avril dernier, ayant causé la mort de deux manifestants, pour qu’en l’espèce, aucun cas fautif, surtout s’agissant des Casques bleus de la Minusma, ne soit impuni. Au-delà de la polémique stérile concernant qui a tiré, et qui n’a pas tiré, dès lors qu’il y a morts d’hommes, il y va de la crédibilité de la mission onusienne que les événements de Kidal soient élucidés.
par Sékouba Samaké
Source: info-matin