La Direction générale de la Santé et de l’hygiène publique, en partenariat avec l’Institut national de la statistique (INSAT), a organisé hier mercredi, à l’INSP, un atelier de dissémination des résultats de l’enquête nutritionnelle SMART 2020. Cet exercice, qui est à sa 10è édition, a touché des enfants de 0-59 ans, des femmes, des adolescents de 15 à 49 ans, ainsi que des déplacés du Nord et du Centre.
C’était sous la présidence de Dr. Adama Balla Coulibaly, de la Direction générale de la Santé et de l’hygiène publique, en présence de Daouda Aba Fané, représentant de l’INSTAT et du chef de file des Partenaires techniques et financiers du domaine de nutrition au Mali.
Il s’agit, à travers cette enquête, de faire face à la malnutrition, qui constitue un problème de santé publique au Mali, comme dans la plupart des pays de l’Afrique Subsaharienne.
Il ressort des résultats de l’enquête que la malnutrition est une des causes majeures de morbidité et de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans dont les causes sous-jacentes sont entre autres : le manque d’accès à une alimentation de qualité, les soins et pratiques inappropriés d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant.
A celles-ci s’ajoutent les mauvaises pratiques d’hygiène et d’assainissement, l’insécurité politico-administrative qui a entrainé un déplacement massif des populations du Nord et du Centre sans oublier la pandémie de Covid-19.
« Cette enquête a concerné également des femmes âgées de 15 à 49 ans, des adolescents et des déplacés dans les sites spontanés. Ces enquêtes SMART nationales, réalisées chaque année dans le cadre de la surveillance nutritionnelle de 2011 à nos jours, ont permis de renforcer le suivi de la situation nutritionnelle et de mieux comprendre son évolution à travers une description réelle des tendances basées sur des données plus valides et collectées en temps réel. Les résultats de cette enquête 2020 montrent qu’en dépit des efforts déployés par le gouvernement avec ses partenaires techniques et financiers dans la lutte contre la malnutrition, le phénomène reste encore un fardeau pour lequel les communautés en général paient un lourd tribut, les couches vulnérables en particulier que sont les enfants, les adolescents et les femmes en âge de procréer », note le Rapport.
Et de préciser : « Au niveau national, 7,2% des enfants âgés de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition aiguë dont 1,3% de la forme sévère. La prévalence nationale de la malnutrition aigüe globale est passée sous la barre 10%, mais la situation reste encore précaire, car elle pourrait augmenter à la faveur de n’importe quelle situation dégradante conjoncturelle. Cette enquête est aussi réalisée en période de récolte, pendant l’abondance alimentaire qui aurait certainement joué en faveur d’une atténuation de l’ampleur de la malnutrition aiguë. Malgré l’influence de la période de récolte sur les résultats, cette prévalence de la MAG (7,2%) reste encore loin de l’objectif de réduction au-dessous de 5% des cibles mondiales de nutrition à l’horizon 2025. D’où la nécessité de maintenir les efforts pour favoriser non seulement une baisse continue de la prévalence mais aussi son maintien dans le temps ».
Par ailleurs, souligne le Rapport, « L’analyse désagrégée de l’indicateur de la malnutrition aigüe globale (MAG) a révélé que seule la région de Kidal se porte mieux avec une prévalence en dessous de 5% soit moins d’un enfant sur 20 souffrant de la malnutrition aigüe. Ce qui la place dans une situation acceptable. Par contre, 9 régions sur 11 dont Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Ménaka, Taoudéni et le District de Bamako sont dans une situation de précarité avec moins d’un enfant sur 10 souffrant de la malnutrition aigüe. La région de Tombouctou est, quant à elle, apparue comme une région au rouge avec un enfant et demi sur 10 souffrant de la malnutrition aigüe globale. En 2019, la prévalence nationale de la MAG était de 9,4% [8,7-10,2] contre 7,2% [6,4-8,0] en 2020 ».
Au regard de ces résultats, les recommandations suivantes ont été formulées concernant les futures actions à mettre en place sur le terrain. Il s’agit, entre autres, d’organiser une enquête SMART en période de soudure en vue de confirmer les résultats de cette enquête concernant les indicateurs de la malnutrition aigüe et maintenir le rythme du suivi de la situation nutritionnelle ; d’organiser de façon régulière des séances de dépistage actif et de référencement des cas de malnutrition aigüe sévère vers les structures de prise en charge dans la région de Tombouctou ; d’organiser une campagne de dépistage active et de référencement des cas de malnutrition aigüe au niveau des sites de déplacés de toutes les régions ; de renforcer le dépistage passif des cas de malnutrition au niveau des structures de santé ; de continuer la promotion des approches communautaire et multisectorielle pour l’amélioration de la survie et le développement de l’enfant ; de renforcer la promotion des actions essentielles en nutrition et des bonnes pratiques familiales ; de renforcer les interventions d’éducation nutritionnelle ; d’inclure des composantes Eau Hygiène et Assainissement (EHA) dans tous les projets et/ou programme de nutrition en vue de contribuer à une amélioration des conditions d’hygiène de base des communautés bénéficiaires et réduire l’influence de ce déterminant sur l’incidence de la sous-nutrition ; de renforcer le plaidoyer auprès du Gouvernement pour une institutionnalisation de l’enquête SMART. Lire la suite sur aumali…
O.D.
Source: l’indicateur du renouveau