Selon le président du collectif “Justice pour Yaya Cissé”, Kalil Sarmoye Cissé, dans une lettre ouverte adressée au président de la Transition, le 30 mars 2024, cela fait 12 ans que Yaya Cissé est injustement emprisonné en Mauritanie sur la base du faux. Du faux, car pour Sarmoye Cissé, Yaya Cissé est cité avoir participé à un crime qu’il n’a pas commis. A ses dires, l’acte odieux se serait passé le 25 juillet 2010 et ce 25 juillet 2010, Yaya Cissé était au Mali.
Dans son récit, Yaya Cissé, un jeune Malien très actif dans la vie sociale était de passage au Mali pour intervenir dans une affaire litigieuse qui opposait un conducteur malien à un commerçant mauritanien. Au cours de son séjour, Yaya Cissé apprend que certains Maliens, ont été interpelés dans une autre affaire de crime contre un vieux touriste en Mauritanie. Yaya Cissé, du coup, écourte son séjour, rentre en Mauritanie et intervient pour faire libérer plusieurs Maliens interpellés dans l’affaire. C’était en juillet 2010.
Deux ans après le meurtre, la libération de plusieurs Maliens, Yaya insouciant et vivant tranquillement en Mauritanie, en tant que transitaire et actif dans la vie associative, est interpellé le 30 mars et inculpé dans une affaire où il avait lui-même intervenu pour faire libérer d’autres.
Aux dires du président du Collectif, après une longue torture par un commissaire qui n’est plus en vie aujourd’hui, Yaya finit par signer un document en arabe et se retrouve devant la justice.
En une année, la procédure est bouclée. Yaya est jugé et condamné en dernier ressort. Pas assez de temps pour fournir les preuves de sa présence au Mali au moment des faits. Des appels téléphoniques, la liste des passagers de l’aviation et des témoins vivants qui l’auraient croisé au Mali.
En 2013 déjà, Yaya était condamné à mort. Et depuis ce jour, le jeune ne cesse de clamer son innocence et demander la réouverture de son procès pour fournir des nouveaux éléments de preuve qui l’acquitteront. 12 ans de cri mais peu d’actions, a regretté le président du Collectif, Sarmoye Cissé.
En plus des preuves de sa présence au Mali au moment du forfait, Yaya et ses avocats disposent de nouveaux éléments, à en croire, le président du collectif. Pis, selon lui, l’attestation sur la base de laquelle la justice a condamné Yaya est fausse et cela est prouvé par la policière au nom de laquelle l’attestation a été faite.
La policière, qui est aujourd’hui commissaire de police, dit n’avoir jamais attesté de document incriminant Yaya Cissé. Elle s’est inscrite en faux contre l’attestation établie en son nom, dixit Sarmoye Cissé.
Le Collectif Yaya Cissé pense qu’il est victime d’un complot, un commissaire cherchait peut-être à se venger de lui.
Aujourd’hui, le Collectif estime de que de nouveaux éléments d’envergure pareille doivent permettre la réouverture du procès afin que Yaya Cissé puisse être jugé de nouveau et acquitté d’un forfait dont il n’est pas coupable. “Yaya ne veut ni grâce ni libération, il veut être purement et simplement blanchi par un jugement. Pour, cela, avec les nouveaux éléments, il faut rouvrir le procès”, a revendiqué le président du Collectif avant de solliciter au final, l’implication du président Assimi Goïta pour la réouverture du procès. “Nous remercions le ministre de la Justice pour son implication et remercions Aguibou Bouaré et toutes les personnes de volonté”, a lancé le président Sarmoye Cissé.
Koureichy Cissé
Ali Keita, membre du collectif justice pour Yaya :
« Il y a anguille sous roche »
Ali Keita, un jeune malien vivant en Mauritanie et membre du collectif Justice pour Yaya Cissé, se plaint fortement de la procédure qui a condamné Yaya Cissé. Pour lui, si Yaya avait été condamné en tant que complice, il pouvait comprendre mais coupable alors qu’il était au Mali, c’est regrettable.
Dans la loi physique, c’est impossible d’être ici et ailleurs en même temps. De ce fait le jeune Ali Kéita du Collectif de soutien à Yaya Cissé, dénonce la procédure qui a condamné Yaya Cissé en Mauritanie. Pour lui, c’est impossible que Yaya Cissé soit au Mali en juillet 2010 avec toutes les preuves et être sur une scène de crime en même temps en Mauritanie. Impossible dans la loi de l’espace-temps, prône M. Kéita.
“Avant d’entamer ce combat, j’ai mené mes propres recherches sur le dossier. J’ai rencontré des gens et j’ai consulté des documents. Yaya Cissé a été vu au Mali plus précisément dans un restaurant. Des témoignages existent. Des parents, amis et de hautes personnalités qui ont rencontré Yaya à la date indiquée ont témoigné”, explique Ali Keita.
“Si Yaya était condamné pour complicité, je pouvais comprendre et je n’allais pas être là pour le défendre. Mais il est dit que Yaya a pris part physiquement au crime. Chose qui est impossible. Yaya ne peut en aucun cas, être au Mali et en Mauritanie au même moment”, estime le jeune du collectif de soutien à Yaya Cissé.
Plus loin, Ali Kéita avance que des preuves de l’alibi de Yaya Cissé existent. Une réquisition du procureur sur les appels téléphoniques émis par Yaya Cissé étant ici à Bamako. Des témoins vivants. La liste des passagers de la société d’aviation que Yaya a empruntée. Il lance : “Je pense que ce procès doit être rouvert et le dossier rejugé. C’est tout que nous demandons à la justice mauritanienne”.
“Le crime se serait passé le 25 juillet 2010, si j’ai bonne mémoire. Le corps de la victime découvert le lendemain, 26 juillet. C’était en 2010. Yaya rentre en Mauritanie et intervient personnellement pour que des Maliens interpellés dans le dossier soient libérés. Et il faut attendre deux ans pour que l’on sache que Yaya est le coupable. Deux ans ? Et Yaya toujours présent en Mauritanie. Sûrement, il y a anguille sous roche”, regrette Ali Kéita.
Koureichy Cissé