Il s’agit du septième ressortissant russe arrêté en Norvège en moins de deux semaines. Mercredi 19 octobre, la police du Finnmark, dans l’extrême nord du pays, a révélé avoir interpellé, deux jours plus tôt, dans le port de Hammerfest, un homme âgé de 47 ans. Placé en détention provisoire pour deux semaines, il est soupçonné d’avoir piloté un drone dans l’archipel norvégien du Svalbard, en violation de l’interdiction faite aux Russes de survoler le territoire du pays depuis le début de la guerre en Ukraine.
Selon les médias norvégiens, l’homme serait Andreï Iakounine, le fils de Vladimir Iakounine, ancien patron des chemins de fer russes et proche du président Vladimir Poutine. Il voyageait à bord de son yacht, le Firebird, sous pavillon britannique, actuellement amarré dans le port de Hammerfest. Lors de son arrestation, la police norvégienne a saisi un drone et des appareils électroniques, qui sont en cours d’analyse.
Mercredi à midi, les services du renseignement intérieur (PST) ont annoncé qu’ils allaient coordonner les enquêtes liées aux multiples arrestations survenues ces derniers jours. La première a eu lieu au poste-frontière de Storskog, le 11 octobre. Un homme âgé de 50 ans, disposant de deux passeports russes et d’un passeport israélien, a été interpellé alors qu’il s’apprêtait à entrer en Russie. Dans ses bagages, les gardes-frontières ont découvert deux drones et une série de photos et de vidéos partiellement cryptées.
« Touristes ordinaires »
Le 13 octobre, dans la ville de Mosjoen, dans l’ouest du pays, la police a arrêté trois hommes et une femme russes d’une vingtaine d’années soupçonnés d’avoir violé une interdiction de photographier un site stratégique. Le lendemain, un ressortissant russe de 51 ans était interpellé à son tour après avoir été vu en train de photographier l’aéroport de Tromso. Selon les enquêteurs, il était en possession d’un drone et de divers équipements avec lesquels il a photographié l’aéroport de Kirkenes, près de la frontière avec la Russie, et des hélicoptères de l’armée norvégienne.
Pour le moment, les quatre affaires semblent n’avoir aucun lien, si ce n’est que tous les suspects ont la nationalité russe. Il n’en reste pas moins qu’elles suscitent une certaine fébrilité en Norvège, moins d’un mois après les fuites découvertes sur les gazoducs Nord Stream en mer Baltique, alors que des vols de drones non autorisés ont été observés à plusieurs reprises, près des plates-formes gazières et pétrolières norvégiennes.
Mercredi, Hedvig Moe, numéro deux du PST, a estimé que ces activités pouvaient être « utilisées à des fins d’espionnage ou pour semer la peur et l’incertitude quant à, entre autres, la capacité de la Norvège à fournir du gaz à l’Europe ». Quelques heures plus tôt, le trafic aérien a dû être brièvement interrompu à l’aéroport de Bergen, la seconde ville du pays, après l’observation de drones. Sur sa page Facebook, l’ambassade de Russie à Oslo dénonce, pour sa part, « l’hystérie » des Norvégiens et se désole que « des touristes ordinaires » puissent en être la cible.