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En France, le Premier ministre malien, Boubou Cissé, cherche une réponse économique à la crise

Le chef du gouvernement malien est en visite de travail en France, du 9 au 11 septembre. Il sera reçu mardi par son homologue français, Edouard Philippe

 

Premier ministre malien, Boubou Cissé est en visite de travail en France du 9 au 11 septembre. Il rencontrera lundi la diaspora de son pays, puis le Conseil des Maliens de l’extérieur et aura des entretiens, le lendemain, avec le chef du gouvernement Edouard Philippe, les ministres Florence Parly (Armées) et Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères). La journée de mercredi sera consacrée à une visite au Medef et à l’Agence française de développement (AFD).

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« Honni soit qui Mali pense », expliquait François Soudan dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, entre les deux tours de la présidentielle, en août 2018. Son éditorial visait à légitimer un processus électoral chahuté alors par l’opposition. Un peu plus d’un an plus tard, les proches de Boubou Cissé entonnent plutôt le refrain suivant : « Loués soient ceux qui pensent du bien du Mali ». Lors de sa visite de travail en France, le Premier ministre malien se focalisera davantage sur les progrès accomplis et les défis relevés que sur la détérioration de la situation sécuritaire.

Très actif depuis sa nomination à la tête du gouvernement en avril, cet économiste de 45 ans passé par la Banque mondiale multiplie les déplacements sur le terrain, notamment au centre, pour atténuer les conflits intercommunautaires entre peuls et dogons. Il y emmène ses ministres et cherche à injecter de l’argent dans des initiatives à impact rapide pour les populations, même si la coordination interministérielle n’est pas toujours au rendez-vous.

A Paris, Boubou Cissé vient chercher un appui politique, des ressources et draguer les entreprises françaises. Il arrive avec de bonnes nouvelles. Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a récemment accordé 192 millions de dollars sur trois ans. Mais les Maliens ne se satisfont pas de la croissance (en moyenne 5 % par an) et de la maîtrise de l’inflation facilitée par l’arrimage du franc CFA à l’euro.

Rassemblés au sein de divers collectifs, ils attendent des résultats concrets en matière de lutte anti-corruption et de développement des services. « Le Bureau du vérificateur général (BVG), institution chargée de dénoncer publiquement les soupçons de malversations, l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei), ou encore le Pôle économique et financier, sont sous pression de la société civile », confirme un bailleur de fonds. A la tête du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), Mamadou Sinsy Coulibaly a lancé une croisade contre la mal gouvernance. Jusqu’où ce combat ira-t-il ? Ces structures oseront-elles toucher les proches du chef de l’Etat ?

Autre priorité, les routes du pays en piteux état, le redéploiement des services de l’Etat, notamment la réouverture des écoles, absentes de nombreuses localités du nord et du centre. « Il faut traiter l’insécurité malienne par une réponse économique », plaide Pascal Peyrou du groupe Initiative Afrique, auteur d’une Note d’espoir pour le Mali préparée avec le patronat malien. Selon le secrétaire général de ce think tank, la dégradation de la situation sécuritaire a provoqué une baisse de la production agricole, les jeunes choisissant l’exode rural ou l’offre alternative djihadiste « qui est souvent la seule pour la survie ».

Le patronat malien appelle à associer les investissements structurants et les projets à fortes créations d’emploi, particulièrement à Bamako et dans les autres grandes villes. Une des priorités est de développer les corridors avec les voisins, ce qui fait du Mali un pays de transit commercial. Plusieurs rénovations (route Bamako-Kayes et prolongement vers le Sénégal) ou projets de construction sont à l’étude, comme la nouvelle route devant relier Gao à Kidal.

Les autorités projettent aussi de créer des zones spécifiques de développement, notamment au nord. Autre chantier : la mobilisation des ressources (taxes et prélèvements) pour alimenter le Fonds pour le développement durable, lancé en 2018 et dédiée au financement des projets des collectivités territoriales.

A Paris, Boubou Cissé devrait trouver une oreille bienveillante auprès de ses interlocuteurs. Mais Paris, fortement engagé militairement, attend aussi des résultats. Le message politique d’Edouard Philippe, de Jean-Yves Le Drian et de Florence Parly, devrait porter sur la mise en œuvre rapide de l’Accord de paix d’Alger entre l’Etat et les groupes armés, et le règlement de la crise du centre du pays. « Il faut que le nouveau gouvernement mette en œuvre la décentralisation et le déploiement de l’Etat sur l’ensemble du territoire, confie le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. La France attend une détermination très forte des autorités maliennes ». En contrepartie de cette détermination, l’Hexagone promet l’aide de l’AFD, notamment pour l’appui à la décentralisation. Objectif à terme : que 30 % des recettes budgétaires du pays aillent aux régions et soient gérées par les autorités locales.

« L’idée, c’est un peu le rattrapage économique des régions du nord qui ont été largement oubliées dans le passé », confie un diplomate à Paris. La France encourage aussi la mise en place des unités mixtes de soldats maliens et d’ex-rebelles, étape cruciale de la recomposition de l’armée malienne. Un millier d’ex-combattants ont déjà intégré ce processus, qui passe par une formation de deux mois, et 300 autres le seront bientôt. « Au sein de l’armée malienne, certains officiers ne sont pas convaincus des bienfaits de cette réintégration, poursuit le diplomate. La communauté internationale doit les mettre au pied du mur pour faire avancer l’Accord d’Alger ». La France compte un allié, l’Algérien Ahmed Boutache, président du Comité de suivi de l’accord, qui ne ménage pas ses efforts.

Comme dans d’autres processus de réintégration militaire, les débats portent sur les lieux de redéploiement et le grade des ex-rebelles. L’avancement de ces derniers n’est pas toujours facile à digérer par la troupe et les officiers restés fidèles.

En attendant, Emmanuel Macron a confirmé l’engagement français lors du sommet du G7 à Biarritz. Les hommes de Barkhane vont renforcer leur soutien à la force régionale du G5 Sahel afin de rendre plus performants les bataillons. Les efforts porteront sur le transfert de l’autorité militaire, l’équipement, le positionnement aux frontières, la formation de la police, de la gendarmerie, des douanes ainsi que le retour de la justice.

Source: lopinion.fr 

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