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En Côte d’Ivoire, le refrain du « tous corrompus » gagne du terrain

Selon l’institut Afrobaromètre, 47 % des Ivoiriens ont payé un pot-de-vin à un policier au cours des douze mois précédant l’enquête.

alassane dramane ouattara president ivoirien

En Côte d’Ivoire, ces temps-ci, la corruption occupe une place de choix dans les discussions de comptoir. Anecdotes des uns et des autres sur les forces de sécurité, expériences d’entrepreneurs face aux douaniers ou à l’administration fiscale, état des lieux comparatif entre l’époque de Laurent Gbagbo et la présidence d’Alassane Ouattara… Tout le monde en parle. La corruption serait aujourd’hui « endémique », « inouïe », « révoltante »… Mais qu’en est-il réellement ?

Si le dernier rapport de l’ONG Transparency International, publié en janvier 2017, ne laissait déjà entrevoir que peu de progrès (la Côte d’Ivoire est passée de 106e pays le plus corrompu sur 167 en 2015 à 108e sur 176 en 2016), un nouveau rapport de l’institut Afrobaromètre, paru vendredi 20 octobre, offre de nouveaux éléments de réponse. Pour ce faire, 1 200 Ivoiriens ont été interrogés entre décembre 2016 et janvier 2017, précisent les auteurs.

Graphique extrait du rapport d’Afrobaromètre d’octobre 2017 sur la perception de la corruption en Côte d’Ivoire.

Et les résultats du sondage sont saisissants : 47 % des personnes interrogées ont, au cours des douze mois précédant le sondage, payé au moins une fois un pot-de-vin à un agent de police, et 31 % à « un agent du gouvernement afin d’obtenir un document ». Et la tendance s’est aggravée ces dernières années. Par exemple, alors qu’ils n’étaient que 13 % à avoir versé un bakchich aux agents des services d’eau et d’électricité en 2014, ils sont 20 % à l’avoir fait en 2017. Pis, selon le rapport, 68 % des Ivoiriens craignent des représailles ou des conséquences négatives s’ils signalent des faits de corruption dont ils sont témoins.

Les politiques de plus en plus soupçonnés

Autre enseignement important du rapport : les Ivoiriens sont de plus en plus désabusés face à la capacité de leurs dirigeants à lutter contre le phénomène. Parmi eux, 59 % estiment que leur gouvernement répond mal à la corruption, et ce malgré la création en 2013 d’une Haute Autorité pour la bonne gouvernance (HABG) placée sous l’autorité du président de la République – mais dont le flou des prérogatives n’a d’égal que la rareté des rapports.

Leur vision de la classe politique continue d’ailleurs de se dégrader. Si les policiers et gendarmes, ainsi que les hommes et femmes d’affaires, sont, de loin, considérés comme les plus corrompus (par respectivement 49 % et 45 % des Ivoiriens), les politiques sont de plus en plus soupçonnés. Alors qu’en 2013 les Ivoiriens n’étaient « que » 19 % à penser que le chef de l’Etat et les responsables de la présidence étaient corrompus, ils sont aujourd’hui 28 % à douter de leur probité. Même augmentation pour les agents du gouvernement et les députés.

Graphique extrait du rapport d’Afrobaromètre d’octobre 2017 sur la perception de la corruption en Côte d’Ivoire.

Alors, simple catastrophisme des Ivoiriens ou réelle augmentation du « mangement », qu’il soit petit ou grand ? Le baromètre ne le dit pas, mais les autorités auraient tort de prendre ces signaux à la légère.

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