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En Chine, on brûle des “fortunes” pour les défunts

Un bûcher des vanités ? Des montres dorées et des smartphones dernier cri s’empilent dans une ferme chinoise délabrée: autant de répliques en papier destinées à être brûlées en offrande aux défunts, afin de leur assurer dans l’au-delà tout le confort moderne.

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“Notre travail est de servir les morts”, déclare Pu Shuzhen, ancienne agricultrice devenue entrepreneuse, tandis que ses employées assemblent avec des pistolets à colle des imitations-carton de sacs Louis Vuitton et d’iPhones, dans une maison rurale transformée en atelier.

La Chine célèbre dimanche la fête Qingming, le jour “où l’on balaye les tombes des ancêtres”, et pour l’occasion des millions de Chinois y brûlent des offrandes de papier selon une tradition millénaire.

S’activant à l’instar de Mme Pu dans des centaines de petits ateliers, d’anciens paysans ont transformé la province du Hebei, frontalière de Pékin, en principal centre de production de “produits funéraires” du pays.

“Les boîtes à bijoux, cigarettes et tables à mah-jong se vendent toujours très bien”, explique Mme Pu, qui fait aussi grand cas des objets fonctionnels, des brosses à dents aux chaussures.

Et pour aider ses proches à affronter toute mésaventure administrative, elle conseille de brûler pour eux un certificat de propriété facsimilé ou “un passeport des Enfers”.

“Ces produits en papier sont un gage d’émotion et de piété: quand on ne vit pas trop mal, on espère que ses ancêtres puissent vivre tout aussi bien dans l’au-delà”, explique Zhang Guilai, propriétaire d’une autre fabrique.

– Maîtresses de papier –

Pékin a décidé en 2007 de faire de Qingming un jour férié, en vif contraste avec la période maoïste qui faisait la chasse aux “superstitions” — une aubaine pour les affaires de Mme Pu.

Pour autant, l’attitude des autorités communistes reste ambivalente. Plusieurs médias d’Etat ont ainsi accusé la fumée des offrandes d’aggraver la pollution atmosphérique, endémique dans le pays.

Le ministère des Affaires civiles a également affirmé vouloir renforcer les contrôles “sur les papiers-monnaie et autres pratiques funéraires non civilisées” en bannissant les “offrandes vulgaires”.

Invité à fournir des détails, le ministère n’a pas donné suite aux requêtes de l’AFP.

De fait, un marché du village de Mijiawu, près d’une route poussiéreuse, donne une idée des dérives posant problème: on y trouve des Ferrari en papier et même des silhouettes de maîtresse affriolantes.

Des officiels de la municipalité de Changchun (nord-est) ont eux indiqué avoir confisqué sept véhicules remplis d'”objets féodaux et superstitieux”… dont du bétail et des chevaux tous en papier, selon des médias locaux.

“Ces éléments purement consuméristes — extravagantes villas, voitures et maîtresses en papier — peut évidemment être considéré comme vulgaire et déplacé”, reconnaît Yang Genlai, universitaire affilié au ministère des Affaires civiles.

“Mais personnellement, j’estime que cela témoigne tout de même du respect porté à ses ancêtres. Leur faire cadeau d’un iPhone reflète tout bonnement la vie moderne”, dit-il à l’AFP.

– 50 milliards de yuans qui partent en fumée –

“Dans le passé, vous brûliez du papier vierge et voilà tout. Maintenant, tout ce que les vivants ont, on en a les répliques en papier. Nous vendons même des dollars !”, s’exclame Meng Weikai, qui tient un éventaire à Mijiawu.

Au marché de Sanyuancun, dans l’est de Pékin, une liasse de billets à offrandes s’achète pour 3 à 5 yuans (45 à 75 centimes d’euros).

Mais les valeurs inscrites sur chacun de ces billets — à l’effigie du mythique Empereur de jade ou bien imitations très réalistes — dépassent l’entendement.

“On a un billet de 50 milliards de yuans, celui-ci est de 10 millions… Il y a une inflation galopante dans l’au-delà, du coup, il vaut mieux brûler de grosses coupures”, explique la commerçante Liu Li.

“Nous proposons également des devises étrangères, c’est parfait si le défunt doit partir à l’étranger.”

Parfois, certains billets particulièrement réalistes sont utilisés à des fins bien terrestres: quatre personnes ont ainsi été arrêtées en février pour avoir tenté de rembourser un prêt avec ces “devises célestes”.

Quand l’AFP s’est enquise de billets rouges ressemblant à de parfaits “renminbi” (devise chinoise), séchant sur une presse, les employés de l’atelier se sont empressés de mettre les journalistes à la porte.

“Il devient compliqué pour les gens ordinaires de distinguer papier funéraire et véritable argent”, s’était désolé l’an dernier un responsable d’une banque étatique cité par la presse officielle.

source : AFP

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