Emmanuel Macron a sifflé la fin de l’opération Barkhane au Sahel et cela, neuf ans après la présence des forces françaises d’abord Serval en 2013, puis Barkhane en 2014. Pour rappel cette annonce intervient seulement trois mois après le départ des troupes françaises du Mali. Aujourd’hui la question que l’on doit se poser est celle de savoir s’il faut regretter ou applaudir ce départ ?
Emmanuel Macron en visite à Toulon le mercredi 09 novembre 2022 a annoncé officiellement, la fin de l’opération Barkhane au Sahel. Pour les maliens dans leur écrasante majorité l’opération Barkhane s’est achevée sur un constat d’échec cuisant. Pour rappel depuis le 10 juin 2021, Emanuel Macron avait pourtant fait savoir que l’opération ne sera pas écourtée tant que son pays n’ait pas « terminé le travail » dans les pays du G5 sahel que sont le Tchad, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie. La France était présente au sahel en général et au Mali en particulier à cause des menaces terroristes, dont les origines remontent depuis la crise libyenne. Plus de neuf ans de présence, le bilan est vraiment en déça des attentes des populations. C’est pourquoi le Président français a pris sa responsabilité pour mettre fin à cette opération sans jamais quitter le sahel : « J’ai pris la décision, en coordination avec d’autres acteurs, de mettre fin à l’opération Barkhane » Emmanuel Macron a clos le débat sur la présence des forces françaises au Mali, l’heure est véritablement au bilan.
En effet, des critiques fusent de partout à l’encontre des forces françaises, d’abord de la part des autorités politiques Maliennes, ensuite des populations et enfin le milieu intellectuel. Si certains jugent insuffisant les résultats obtenus pendant les neuf ans de lutte anti-djihadiste, d’autres surtout en milieu universitaire ont affirmé sans ambages que la présence française a non seulement permis de faire des victoires tactiques et surtout l’élimination des chefs djihadistes considérés comme très dangereux, même si les forces françaises n’ont pas permis de reprendre véritablement le terrain aux forces terroristes qui écument au sahel. Pour rappel le sentiment anti français a pris de l’ampleur après le constat d’échec et de détérioration de la situation sécuritaire au nez et à la barbe des militaires français. Donc ce départ a été accueilli avec enthousiasme par la population malienne à tort ou à raison, l’avenir nous le dira, mais d’ores et déjà, malgré le départ de la France au Mali, les autorités ne décolèrent toujours pas car elles ont porté plainte contre la France au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Malgré le départ des forces françaises le Mali ne décolère toujours pas
En effet, au mois d’août dernier, Bamako avait saisi et porté plainte contre la France devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, en réclamant la tenue d’une réunion d’urgence visant à faire un point sur la situation dans le pays. Les autorités maliennes ont accusé Paris de violer son espace aérien, d’espionnage, ainsi que de soutien aux groupes djihadistes dans le pays, en leur apportant des renseignements et en leur « larguant des armes et des munitions ». Cette volonté de traduire la France devant le Conseil de sécurité des Nations Unies est mentionnée dans une lettre que le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop a adressée à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans cette lettre le Ministre des Affaires étrangères du Mali dénonce les « violations répétitives et fréquentes » de l’espace aérien national par les forces françaises au cours des derniers mois, et les vols d’appareils français se livrant à « des activités considérées comme de l’espionnage » et des tentatives « d’intimidation ». Mais à ce jour, aucun pays membre du conseil n’a soutenu la demande malienne devant cette instance onusienne. Aujourd’hui c’est peine perdue car c’est la France qui préside actuellement le conseil de sécurité et elle tentera de faire obstacle à la plainte malienne. Désormais c’est une crise ouverte entre Bamako et Paris. Surtout cette fin annoncée de la mission des forces Barkhanes ne présage pas d’un lendemain calme dans les relations diplomatiques entre L’Elysée et Koulouba
En somme, malgré la fin de la présence des forces françaises Barkhanes, plusieurs militaires français sont encore déployés au Sahel, notamment au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. La France a dit vouloir réévaluer et changer sa stratégie régionale, pendant que le sentiment anti-français ne cesse d’augmenter en Afrique.
Assitan DIAKITE
Source : L’Alternance