Le Président français Emmanuel Macron effectue cette semaine en Afrique une visite de travail au cours de laquelle l’avenir du franc CFA sera abordé.
Il doit notamment rencontrer le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, pour évoquer ce legs de l’histoire coloniale : il s’agit d’une monnaie liée à l’euro par un taux de change fixe, gérée par la France, et utilisée par 14 pays africains (8 en Afrique de l’Ouest dont la Côte d’Ivoire et le Bénin et 4 en Afrique centrale dont le Gabon).
Lancé en 1944, ce franc CFA a été pensé pour créer un espace économique intégré, principalement au bénéfice des entreprises françaises. Mais aujourd’hui, la contestation monte dans beaucoup de pays africains, qui veulent retrouver leur souveraineté monétaire.
Le mois dernier, c’est le président du Bénin qui indiquait vouloir rapatrier les réserves monétaires des pays africains concernés. En Afrique de l’Ouest, il y a même un projet de monnaie commune alternative entre plusieurs pays : l’Eco.
Le CFA déséquilibre les pays
Aujourd’hui, la moitié des réserves monétaires des pays qui utilisent le franc CFA son déposées à la Banque de France, qui les rémunère à 0,75%. Mais l’influence de la France est aujourd’hui déclinante en Afrique, au profit de la Chine et de la Russie notamment. La survivance du CFA apparaît donc un peu baroque aujourd’hui. L’Élysée semble prête à accompagner cette évolution.
Pour les 14 pays concernés, le franc CFA représente à la fois des inconvénients et des avantages. D’abord, l’euro est une monnaie beaucoup trop forte pour les économies africaines, qui les empêche d’être compétitives sur les marchés extérieurs. À l’inverse, une monnaie forte facilite leurs importations, ce qui déséquilibre commercialement les pays de la zone CFA.
L’indépendance monétaire est illusoire
Par ailleurs, le CFA englobe des pays aux réalités très différentes : rien à voir entre l’économie pétrolière du Gabon et une zone sahélienne dominée par l’agriculture. Pour cette raison, le FMI a longtemps été très critique sur la zone franc.
Mais le CFA est une monnaie stable : cela empêche les 14 pays qui l’utilisent de connaître l’inflation et les crises monétaires qui touchent bon nombre de leurs voisins. En contrepartie du handicap de compétitivité, ils bénéficient de la crédibilité de l’euro.
Dans l’idéal il faudrait faire évoluer le système vers un taux de change ajustable garanti par la France, avec la souplesse nécessaire pour dévaluer en cas de besoin. Bien sûr, cela ne donnerait pas aux pays africains une souveraineté intégrale. Mais pour des petits pays africains ou européens, l’idée d’une indépendance monétaire totale est largement illusoire dans un monde où les capitaux sont libres : il n’y a que les États-Unis qui en profitent.