Un président dans les tempêtes. Mercredi 26 octobre, Emmanuel Macron devait redonner le cap de son second mandat en accordant un entretien sur France 2. Mais le deuxième épisode de l’émission « L’Evénement », qui devait être consacré aux affaires intérieures, après avoir abordé, quinze jours plus tôt, les dossiers internationaux, aura avant tout été le récit des crises que traverse à nouveau le chef de l’Etat : crise énergétique, crise sociale, crise politique et, enfin, crise climatique. « Une crise, des crises même », qui « touchent nos vies », admet-il. « Ce choc, on le subit », a-t-il décrit, détaillant d’entrée l’inflation des prix du gaz, de l’électricité, de l’alimentation.
Percuté, le cap macronien ne doit pas être perdu de vue. Mais le président réformateur a surtout voulu endosser, ce soir-là, un costume churchillien. « C’est dur, mais on doit tenir », plaide-t-il, assurant que « l’Etat va prendre sa part » pour aider les plus faibles, rappelant que notre modèle « protège plus que les copains ».
Face aux turbulences, Emmanuel Macron en appelle à la raison des Français, sans infléchir sa politique. « Il nous faut être sérieux », a-t-il déclaré, professoral, en défendant sa stratégie économique à l’aide de graphiques montrant que les taux d’intérêt français « ne s’envolent pas ». « On ne peut pas faire n’importe quoi », a prévenu l’ancien ministre de l’économie, opposé à la hausse des impôts et à l’explosion de la dette publique. De même, l’Etat ne fixe pas les salaires. « La France n’est pas une économie administrée », rappelle-t-il, en expliquant qu’il « ne [veut] pas être démago ». Hors de question d’indexer les salaires sur la hausse des prix, dit-il, au risque de détruire des centaines de milliers d’emplois.
La soif de justice sociale, « je l’entends », tempère Emmanuel Macron. Mais les débats sur le partage de la valeur se feront lors d’une « grande conférence sociale », a-t-il annoncé, renvoyant les discussions aux partenaires sociaux. Les entreprises sont, elles, invitées à se retrousser les manches pour réduire le chômage qui touche les seniors. Certaines fédérations patronales ne veulent pas d’une réforme des retraites, a-t-il accusé, « parce qu’elles préfèrent dire aux gens de 55 ans : “On n’a plus besoin de vous parce que vous êtes trop cher” ». « C’est d’un cynisme complet », a-t-il fustigé.
« Ce en quoi je crois, c’est une société du travail et du mérite », a insisté le chef de l’Etat, prêt à en découdre pour mener sa réforme des retraites, dont l’examen est attendu pour le début 2023. Son objectif reste de reporter l’âge légal de départ à 65 ans d’ici à 2031. Mais il se dit prêt à discuter avec les syndicats. « Je suis ouvert. Le tout, c’est que notre modèle retombe sur ses pieds », considère-t-il, tout en écartant le scénario d’un âge de départ à 63 ans.