Malgré la bonne foi des autorités de la Transition au Mali, l’esprit de vengeance de certains chefs d’État de la CEDEAO continue ?
Du 18 août 2020 à nos jours, qu’est-ce que les autorités maliennes n’ont pas fait, d’abord pour éviter qu’on en vienne à la rupture avec la Cédéao, et ensuite pour essayer de recoller les morceaux et parvenir à une vision commune partagée sur les défis à relever et le temps qu’il en faut en vue de mettre fin aux sanctions qui n’arrangent ni le Mali, ni la Cédéao ?
Rien qu’à jeter un coup d’œil sur le communiqué publié le 20 mars 2022 pour s’en convaincre !
De la note verbale du médiateur de la Cédéao, Goodluck Jonathan sur une proposition unilatérale de chronogramme électoral de 12 à 16 mois à 36, puis 29 mois proposés par le gouvernement malien, ramenés à 24 mois par le Président de la Transition, le colonel Assimi Goita, dans le seul et l’unique but de pouvoir enfin mettre fin à la souffrance des Maliens et des peuples de l’Afrique de l’Ouest qui souffrent également des sanctions inhumaines et illégales imposées, la Cédéao donne aujourd’hui l’impression, avec son intransigeance, d’œuvrer effectivement pour et au compte d’intérêts étrangers et non pour les peuples d’Afrique de l’Ouest.
L’ancien président nigérian et non moins médiateur de la Cédéao était porteuse d’un message de l’espace sous-régional proposant un délai de 14 mois de son plan A et de 16 mois pour son plan B pour la durée de la Transition.
Des propositions qui ont été rejetées pour la simple raison que la situation actuelle du Mali nécessite d’être résolue avant l’organisation d’une quelconque élection. Cette fois-ci, c’est le Mali qui a pris l’initiative, de son propre chef, d’inviter le médiateur de la Cédéao pour donner un coup d’accélérateur aux négociations en vue d’un compromis rapide.
Mais hélas ! De 36 mois préalablement proposés, bien que le président de la Transition Assimi Goita a consenti à ramener cela à 24 mois, mais la Cédéao reste camper sur sa position. Pourquoi cet acharnement contre le Mali ?
Dommage qu’on se refuse à tirer les enseignements des crises qui secouent l’espace Cédéao !
En effet, trois coups d’État dans trois pays différents de l’Afrique de l’Ouest, tous d’anciennes colonies françaises et membres de la Cédéao, dénotent sans conteste d’une crise de démocratie. Preuve que ce modèle de démocratie a montré ses limites, puisque s’imposant comme masque aux véritables problèmes des citoyens. Or, sans le citoyen, pas de démocratie ! Autrement dit, ce qu’on vit en ce moment en Afrique, plus précisément en Afrique de l’Ouest, n’est que le corollaire d’une crise de gouvernance.
L’accent ainsi mis sur les changements inconstitutionnels de gouvernement reflète des approches simplistes aux crises de gouvernance. On ignore ainsi le fait que les priorités s’orientent désormais vers la qualité des processus électoraux, la limitation des mandats, mais très peu d’attention est ainsi portée aux principes de réactivité, de transparence, de reddition de comptes et de responsabilité civique.
À rebours de cet éclair de lucidité, il s’est développé au sein de l’UA et d’autres organisations régionales, notamment la Cédéao, une conception de la démocratie limitée à la tenue des élections et au respect, ou non-respect, de la limitation de mandats, au mépris de la qualité des processus électoraux qui demeure la principale source de tensions.
À suivre…
A. Coulibaly
Source : Nouveau Réveil