Alors que la cour constitutionnelle vient de valider cinq cent quarante-cinq candidatures pour les législatives du mois prochain, déjà un monstre a pris le chemin en quête éperdue d’électeurs. Dans la précipitation, il a oublié la mise en garde du président de la cour constitutionnelle. En fait, ce n’est pas cette cour qui l’inquiète, il a d’autres soucis plus pressants qu’une simple cour qui ne compte que neuf personnes. Il lui faut plus de personnes pour épouser ses idéaux.
Plus il fournit d’efforts, plus le résultat est maigre. Mieux ne pas être à sa place. Les dessus et les travers des législatives doivent inquiéter les défenseurs ardents de la démocratie malienne. Bientôt, c’est le début des campagnes électorales pour les législatives. Moment tendu ou les uns et les autres vont démontrer leur pouvoir financier, relationnel, confessionnel, religieux et mystique. Dans cette course effrénée, les uns deviennent comme de caméléons, les autres prennent les rues d’assauts comme des fous. Les candidats sont, à l’approche de chaque élection, tels des mendiants de rue ; ils quémandent, supplient, se mettent à genoux devant les électeurs, promettent l’impossible, mentent de façon flagrante et redonnent une portion des biens qu’ils ont détourné pendant les cinq dernières années surtout ceux déjà élus. Le signe du début de la justice immanente. Dans cette vaste mendicité même les enfants ne sont pas épargnés.
Il est raisonnable de demander aux personnes adultes qui ont l’âge de voter mais pas des bébés au dos de leur mère. Certainement c’est une stratégie pour avoir leur mère. Un adage disait que celui qui a l’enfant a aussi les parents de l’enfant.
D’ailleurs si nous caricaturons la situation de ce turbulent gamin arrosé par les OGM du pouvoir, on peut le résumer en une phrase : le chameau est mis à genoux devant la chèvre pour demander un service ou encore l’hippopotame est venu demander de l’aide chez le lapin. Imaginer un peu le degré de ridicule de la scène. Jean de la Fontaine était le premier auteur à nous donner une description synthétique et comparative du monde animal et humain. Une synthèse qui nous est utile à plus d’un titre.
Mais dans cette interdiction religieuse (la mendicité est interdite par l’islam sauf en cas de force majeure), il y a un monstre qui se distingue de tout le reste de la marmaille politique. Chez ce dernier, l’inconscience a pris le pas sur le reste de la troupe. Ni la honte, ni ses actes honteux passés ne le gênent à prendre la rue de toutes ses forces et à frapper sur toutes les portes. L’homme introuvable est devenu l’homme le plus gentil, le plus courtois à l’égard de tous et le plus disponible. D’ailleurs selon des confidences, il a même des intentions démesurées et exagérées dont leurs réalisations paraissent impossibles dans l’esprit du commun des Maliens. Il croit fermement qu’après le beau-père, il sera celui qui va prendre les commandes d’un peuple pour de longues années. Ses gags et ses scènes surréalistes ne datent pas de longtemps et le peuple se souvient toujours comme si c’était hier. Lui, il a déjà tout oublié. Le mec nous montre là qu’il était aussi cancre de premier degré et dernier parmi ses camarades de classe. Même toto, des fois, se souvient du passé lointain et même tout près.
Par cette illustration, le peuple doit prendre conscience qu’il a le pouvoir de choisir qui il veut pour le mettre à la tête de leur destinée. Ce pouvoir ne doit pas être monnayé à celui qui a les moyens financiers mais plutôt à celui qui a le souci de leur présent et leur futur. Les petits billets de banque ne doivent pas détourner le peuple de l’essentiel et de son avenir. Les hommes politiques une fois élus disparaissent comme s’ils n’ont jamais existé car ils savent c’est le moment ou le peuple a plus besoin d’eux. En un mot, une fois aux commandes, ils reconnaissent personnes, n’ont de temps pour personne et n’écoutent personne.
Le fauteuil, un rêve
Comme dans la plupart des pays africains, au Mali, c’est la famille qui gouverne du sommet au rez-de-chaussée de la pyramide du pouvoir. Ainsi, il est humain de vouloir une place honorable pour un Honorable. Et cette fois, l’Honorable veut une place particulière celui de son beau-père. Les relations entre les deux hommes ne sont pas beau fixe « la fille n’a plus la même valeur à mes yeux comme auparavant donc tu es mon demi beau-père et non entièrement mon beau père » telle est l’idée scénariste de leur relation. En plus il y a aussi une promesse qui doit être tenue et respectée « je te donne cette place et après tu me la rends ». Donc le moment est venu pour le beau de remettre à César ce qui lui appartient et Dieu ce qui lui revient.
Le plus inquiétant pour le peuple est que celui qui lorgne ce fauteuil magique est un monstre pour les candidats, sa présence dans la course est un danger y compris pour ceux du même bord politique que lui. Heureusement, pour les villages, son périmètre électoral ne s’étend jusqu’à eux. Ce dernier n’hésite pas à faire disparaitre tous ceux qui ont la plume ou la bouche pour parler ou écrire les choses telles qu’elles sont. L’homme traine des casseroles. Les gens n’ont pas encore oublié cela et comptent lui rendre la monnaie au moment opportun. Il a certainement oublié que dans ce bas monde, rien n’est éternel.
En être raisonnable, il faut reconnaitre que le mec a un avantage considérable par rapport aux autres concurrents dans la jungle électorale. En plus d’avoir les moyens financiers suffisants, il a aussi les hommes de main et de l’aide familiale nécessaire.
La balle est donc dans le camp du peuple. C’est au peuple de faire la différence en choisissant les vrais hommes et les femmes qui vont les représenter durant les cinq prochaines années à l’hémicycle. S’il gagne c’est l’expression de la mort de la démocratie au Mali.
Boncane Maiga
Source : Le Point du Mali