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Election présidentielle 2022 : La guerre de l’argent aura lieu !

Malgré les engagements et les promesses fermes des acteurs politiques, tout porte à croire que le nerf de la guerre sera encore hélas décisif dans la compétition électorale de conquête du luxueux palais de Koulouba.

Divers acteurs sociopolitiques fourbissent les armes. Malgré le rythme trop lent du chantier des réformes électorales et politico-institutionnelles devant inspirer de bonnes élections. C’est au point qu’un bon chroniqueur écrivait cette semaine qu’il s’agit d’une empoignade entre les électoralistes et les refondateurs. C’est les premiers qui sont en train de l’emporter. En clair, il faut aller aux urnes, vaille que vaille. Malgré les insuffisances, les approximations en vue, l’absence de l’Etat sur tout le territoire. Mieux de mauvaises élections que pas d’élections ». Et l’ancien ministre Ousmane Sy est bien inspiré de tacler que « les Maliens sont pressés d’aller aux élections… ». Parce que justement les élections font débourser les cordons financiers. Beaucoup d’argent sera injecté dans de circuits peu avouables.

Même avant la campagne, ça grouille en créations de collectifs, associations, mouvements politiques, coalition, groupes de soutien et tutti quanti ! Chaque week-end, il faut désormais descendre sur les espaces publics pour se positionner. La formule est claire : créer son machin et donner de la voix dans au moins deux conférences de presse et l’on est sûr que des opérations de démarchages seront à sa porte.

Rassembler grâce au compte bancaire ?

Pour les plus crédibles et les plus sérieux, il faut tenter de rassembler le plus large éventail d’acteurs politico-associations, de personnes ressources du Mali et de la diaspora pour impacter sur la prochaine élection présidentielle. C’est à ce niveau que deux pistes majeures semblent se dessiner : Seydou Mamadou Coulibaly, le président de CIRA holding SAS et Dr Boubou Cissé, le dernier Premier ministre d’IBK. Va-t-on alors vers une opposition de ces deux milliardaires maliens ?

Ces deux poids lourds ont, assurent leurs proches, des ambitions claires de se lancer dans la course pour l’élection présidentielle de mars-avril 2022. Chacun d’eux a un trésor de guerre financier sur lequel ils n’hésiteront pas à surfer pour essayer d’atteindre leurs objectifs. Sauf que l’ex-Premier ministre Boubou Cissé pourrait se faire retarder dans la mise en branle de sa stratégie par cette affaire de déstabilisation des institutions de la Transition qui plane sur sa tête. Sera-t-il rapidement hors de cause pour poser les pieds sur l’étrier politique ? Rien n’est certain !

C’est dans ce sens que la récente création du Mouvement pour la refondation du Mali (MOREMA) par Me Kassoum Tapo, le dernier ministre de la Justice d’IBK, a suscité des interrogations. Pour qui roule Me Tapo ? Sera-t-il lui-même candidat à la présidentielle ? L’on peut en douter. Veut-il préparer le terrain à Seydou Mamadou Coulibaly ou à Boubou Cissé ? Les supputations vont bon train. Surtout que cet excellent avocat défend, professionnellement, l’ancien chef du gouvernement, mais il n’est pas exclu que des entremetteurs le convainquent à appuyer le président de CIRA Holding SAS. Me Kassoum Tapo et ses amis sont-ils dans l’embarras de choix ? Peuvent-ils jouer sur le critère du plus offrant en termes d’appui financier aux activités d’implantation et de mobilisation ? Nul ne saurait le dire avec certitude. Ce qui est sûr, c’est que les ténors et autres pressentis à ce scrutin présidentiel vont investir beaucoup d’argent dans la bataille.

Il semble, en outre, que d’autres  acteurs majeurs, comme l’ancien putschiste, le Général 4 étoiles Amadou Haya Sanogo est aussi dans la dynamique de ce positionnement stratégique. Il pourrait mettre ses forces et partisans au service du milliardaire originaire de Markala, Seydou Mamadou Coulibaly. Son meeting du samedi dernier à Ségou, à quelques centaines de kilomètres de Markala, serait dans cette stratégie. Aussi bien M. Sanogo que M. Coulibaly pourraient, confient certains acteurs bien informés, casser leur tirelire et injecter de l’argent frais dans la prochaine élection présidentielle. Comment pourra-t-il en être autrement quand on sait que les Maliens tirent le diable par la queue et ne se feront pas prier pour « tirer leur épingle » de survie du jeu électoral.

Pauvreté et énormes charges en face

En effet, face à la paupérisation d’immenses couches de la population, à Bamako, dans les capitales régionales et surtout dans les zones rurales (crise du coton, mauvaises récoltes, persécutions terroristes, etc) , le système d’achats de conscience a, hélas, de beaux jours devant lui. Quelles populations refuseraient des donations, des gestes humanitaires et même des dons en argent ou aides ponctuelles pour consentir voter en faveur de tel ou tel candidat ? Sans compter que la majorité des Maliens considère que les élections sont des moments pour gagner un peu d’argent, considéré comme denier public …volé.

Par ailleurs, avec le non-paiement du financement public des partis politiques pour les exercices 2018 et 2019, ajouté à l’effet économiquement dévastateur de la pandémie du covid-19, il va sans dire que les acteurs politiques tirent le diable par la queue. Peuvent-ils alors se faire prier pour prendre le chèque de certains nantis désireux de conquérir le pouvoir ? Peu évident.

En définitive, Me Mountaga Tall du CNID-FYT avait prophétisé que si l’on ne prend garde, un trafiquant de drogue pourrait se faire élire un jour à Koulouba. Et Housseini Amion Guindo de la CODEM et de l’Espérance jigiya Kura a beau marteler que l’argent ne doit pas compter dans le choix des futurs dirigeants du pays. Ces leaders ont-ils prêché dans le désert ? Difficile de répondre par la négative. Surtout que « ventre affamé n’a point d’oreille ». Et pas de dignité ? Wait and see !

Bruno D SEGBEDJI

Source: Mali Horizon

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