«Le président sortant ». C’est l’expression par laquelle le chef de file de l’opposition, non moins président du parti URD, Soumaïla Cissé a décidé de désigner désormais le président de la République, en lui indiquant la porte de sortie. «Le président sortant doit sortir », martèle-t-il en excluant catégoriquement l’éventualité de sa réélection. La classe politique malienne est-elle si unie pour débarquer IBK ? Des possibilités de volte-face sont-elles à exclure ?
A une question d’un journaliste hier sur le discours du RPM selon lequel IBK sera élu dès le premier tour lors de la prochaine présidentielle, le chef de l’opposition malienne se montre catégorique. « En 2013, il n’a pas pu se faire élire dès le premier tour, malgré les coups de pouce des religieux, de la junte. Aujourd’hui, que tout le monde est déçu de sa gouvernance, où des députés du RPM ne cessent de démissionner, ses ministres quittent le gouvernement, ses anciens Premiers ministres se présentent comme candidats contre lui, il n’est pas possible qu’il soit élu dès le premier tour », a-t-il expliqué.
Avant d’ajouter qu’il y a une dynamique de rassemblement des forces du changement car, pour tous les Maliens, l’alternance est nécessaire aujourd’hui pour la survie de notre pays. Ce régime a échoué et tout le monde le sait ».
En clair, pour Soumaïla Cissé, cette plateforme du changement mettra tout en œuvre pour que si d’aventure IBK était en course au second tour face à tout autre candidat, ce sera la stratégie du « tout sauf IBK » qui se mettra en branle. Comme pour assurer que le « président sortant ne peut plus demeurer aux affaires après juillet 2018. Ce qui le pousse d’ailleurs à exiger avec énergie que l’élection présidentielle se tienne à bonne date pour permettre au pays d’évincer le président actuel. Mais cette assurance est-elle dénuée de fluctuation la donne politique étant changeante comme on le sait ? Rien ne permet de l’assurer.
Il faut préciser que les résultats du premier tour serviront de baromètre à la solidité de cette éventuelle « union sacrée contre IBK ». Autrement, si l’on se retrouve dans le schéma IBK face à Soumaïla Cissé pour un second tour en 2018, n’assistera-t-on pas à des logique de « nous préférons IBK à Soumaïla » ? La machine électorale adémiste (apparemment nourrie à la mamelle de l’internationale socialiste) ne pourra-t-elle pas jouer en défaveur de l’actuel chef de file de l’opposition. Ce sont des questions auxquelles les opposants ou les aspirants au changement doivent réfléchir déjà afin de poser les jalons pour parer à toute trahison pouvant faire trébucher ce système de vote utile en défaveur d’IBK. Des démarches de séduction vers des milieux religieux et de la société civile pourraient maximiser les chances de cette coalition naissante « pour barrer la route à IBK »
Pour le président de l’URD, la prochaine élection présidentielle tant attendue et espérée va constituer le rendez-vous le plus important pour le Mali. « Le mal qui ronge notre pays devient de plus en plus inquiétant. La déliquescence du pouvoir nous conduit dans l’impasse. Il nous faut nous ressaisir », précise-t-il.
Avant d’enfoncer le clou que «l’incompétence et l’incapacité avérée des différents et nombreux gouvernements qui se sont succédés depuis 2013 ne sont pas une fatalité. Les Maliens méritent mieux que cela. La mystification du Président sortant qui parle beaucoup mais qui ne fait rien pour son peuple n’est pas à la hauteur des enjeux. Les Maliens ont été dupés. Pour sauver le Mali, il faut organiser des élections libres et transparentes. Pour en finir avec la crise, le Président sortant doit sortir. C’est de la responsabilité de tous ceux qui portent et incarnent une alternative crédible et démocratique. En tant que chef de file de l’opposition, je ne me déroberai pas à mes responsabilités. Il faut mettre un terme à l’incurie des uns et au désespoir des autres. L’avenir de notre pays est en jeu. Nos voisins se désespèrent et sont inquiets », a-t-il martelé.
Pour Soumaïla Cissé, tous les acteurs qui interviennent dans la résolution de la crise du Mali sont unanimes à constater que l’application de l’accord dit d’Alger piétine dangereusement, faute d’impulsion et de volonté du pouvoir qui n’a jamais voulu engager un dialogue sérieux entre les différentes composantes de la nation malienne. Et d’ajouter que «dialoguer, ce n’est pas être faible. Dialoguer, c’est au contraire être fort. C’est par le dialogue que nous parviendrons à retrouver l’unité nationale et à isoler et neutraliser les groupes armés. Actuellement, il n’y a ni dialogue ni lutte efficace contre les groupes armés ». Pour le chef de l’opposition malienne, « le régime actuel a échoué, le président sortant doit sortir ». Mais, il ne sortira qu’avec la mobilisation populaire requise. Le retrait des cartes d’électeurs est-il effectué à hauteur de souhait ? La participation au scrutin sera-t-elle de nature à peser dans les urnes afin d’obtenir le changement tant désiré. Ce sont des questions auxquelles les adversaires du locataire du palais de Koulouba devraient apporter des réponses claires et avantageuses leurs chapelles politiques.
Sans compter les exigences d’une bonne campagne électorale fédératrice autour des principaux responsables politiques décidés à obtenir l’alternance pour le pays.