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El Chapo, roi de l’évasion, en route vers la prison de l’enfer ?

« Enfer version high-tech », « Alcatraz des Rocheuses », « SuperMax »… La prison américaine dans laquelle le célèbre narcotrafiquant mexicain « El Chapo », reconnu coupable mardi d’une longue liste de crimes, risque de finir ses jours est considérée comme l’une des plus sûres et les plus dures du pays.

Construite en 1994 au coeur d’un désert montagneux, la prison fédérale de sécurité maximale de Florence, dans le Colorado, est unique en son genre.

A en croire d’anciens détenus et les rares observateurs à avoir pu visiter ses installations, cernées de miradors et d’hommes lourdement armés, Joaquin Guzman (de son vrai nom), tout roi de l’évasion qu’il soit, aura du mal à s’échapper en creusant un tunnel comme il l’avait fait au Mexique en juillet 2015.

A Florence, il sera confiné entre 22 et 24 heures par jour dans sa cellule en béton et acier, dont il ne sortira qu’avec des entraves aux pieds et aux mains.

Le chef déchu du cartel mexicain, 61 ans, sera fixé sur son sort le 25 juin à New York. Mais de nombreux experts estiment qu’il sera condamné à une peine de perpétuité non négociable et tout droit envoyé dans la prison fédérale de Florence.

Il y rejoindrait d’autres mafieux mais aussi des détenus comme Ramzi Youssef, cerveau des premiers attentats du World Trade Center en 1993, Zacarias Moussaoui, le Français condamné en liaison avec les attentats du 11-Septembre, ou encore Djokhar Tsarnaev, condamné à mort pour les attentats de Boston en 2013.

Mais d’après le rapport d’une organisation gouvernementale qui a visité Florence en avril 2017, l’écrasante majorité des criminels qui s’y trouvent (92% des 427 détenus de l’époque) ont été transférés pour des « problèmes disciplinaires » dans d’autres prisons fédérales. Beaucoup souffriraient aussi de troubles mentaux, peu ou mal pris en charge.

« Etre ici ne corrige pas votre comportement ou ce pourquoi on vous y a mis (…) Dans la plupart des cas, la façon dont on vous traite ne fait que vous rendre encore plus amer et agressif », assure un détenu cité par cette organisation (DC Corrections Information Council) mandatée par le Congrès américain.

– « Récréation » en cage –

Le quotidien des prisonniers est difficile: ils vivent dans une cellule individuelle de moins de 8 m2, avec pour seuls meubles une couchette, un bureau et un tabouret coulés dans le béton. Ils disposent d’un évier, de toilettes et d’une douche en inox, mais doivent se contenter pour voir la lumière du jour d’une sorte de meurtrière, haute de 120 cm mais large de seulement 10cm.

Une porte en acier hermétique les empêche de voir ou de parler avec leurs voisins de cellule. L’essentiel de leurs contacts humains se résume donc à quelques mots échangés avec « les agents pénitentiaires lorsqu’ils nous apportent nos repas et reprennent les plateaux » et pendant leur éventuelle « récréation ».

Ils sont alors enchaînés et, pour les plus dangereux d’entre eux, escortés par trois à cinq gardiens jusque dans une cage, à peine plus grande que leur cellule, entourée de murs. Là ils peuvent enfin apercevoir le ciel et discuter avec d’autres détenus éventuellement présents. Leur cellule est systématiquement fouillée pendant leur absence, souligne l’organisation.

Pour la plupart des détenus, de telles « sorties » sont limitées à 10 heures par semaine, selon un rapport publié en 2014 par Amnesty International, intitulé « Emmuré », dénonçant de telles conditions de détention qui « ne respectent pas les critères internationaux pour un traitement humain des prisonniers ».

Pour toute distraction, les détenus ont droit à un peu de sport – en alternance avec la « récréation » en cage – du dessin, des livres et, quand ils y sont autorisés, des programmes diffusés sur de petits téléviseurs en circuit fermé.

« La vie quotidienne ici est très ennuyeuse, et difficile à moins d’être fort physiquement et mentalement », a témoigné un détenu cité par le DC Corrections Information Council.

Pour un ancien gardien, Robert Hood, la prison de Florence n’est rien d’autre qu’ »une version propre de l’enfer », « bien pire que la mort ».

Journal du mali

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