Si l’enfant ne connaît pas le respect, ce n’est pas la faute à la société, aux technologies de l’information ou l’école. Enseigner le respect est avant tout un devoir des parents. L’obéissance est la première vertu des enfants. Qui ne sait obéir ne saura jamais commander. Un bon maître est second père.
Après les indépendances, les premiers intellectuels qui sont allés à l’école française ont souffert avant de réussir leurs études. Une fois les diplômes en poche, ils ont occupé de hautes fonctions: c’étaient les premiers cadres et les premiers fonctionnaires du pays. Cette réussite et les souffrances endurées n’ont pas eu d’impact sur l’éducation de leurs progénitures. Ils les ont laissés gambader dans la maison paternelle comme des cabris.
Pour bien marquer leur amour envers leurs enfants, les fonctionnaires nantis avaient des sobriquets bien choisis pour leurs enfants choyés: Fifi, Bijou, La Reine, Jolie, Prince, Tanty, Princesse, Mamie, Mimi, Papy, Bébé, Papou, Pablo; Junior, La, Le. La liste n’est pas exhaustive. Pour mieux appuyer mes arguments sur l’avilissement de notre société, je donne le nom de «Groupe A» à ces premiers cadres ou fonctionnaires du pays. À leurs progénitures, je donne le nom de «Groupe B». Notre société est aujourd’hui la résultante de ces deux groupes (A et B).
«Les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des moments faciles. Les temps faciles créent des hommes faibles, les hommes faibles créent des moments difficiles».
Il y a des années, des parents analphabètes et pauvres ont produit des docteurs, des ingénieurs, des scientifiques, des experts comptables, des avocats, des architectes, des professeurs, que je vais désigner ici comme «le groupe A».
Les enfants de ce groupe A ont lutté seuls à l’école primaire, au secondaire et à l’enseignement supérieur pour devenir des personnalités remarquables. La plupart d’entre eux sont allés à l’école les pieds nus, ont travaillé au champ, ont cherché de l’eau et du bois de chauffe, ont pris soins des animaux domestiques, ont pratiqué la chasse les jours fériés pour survivre.
Maintenant, de ce groupe A plusieurs sont devenus parents eux- mêmes, ont produit des enfants du groupe B. Ces enfants sont gâtés, aidés dans leurs devoirs ou leurs exercices de maison, de l’école maternelle aux établissements supérieurs, en passant par les écoles secondaires. Véhicules de l’État et chauffeurs sont mis à leur disposition pour aller à l’école. Ils étudient dans des écoles de qualité à prix d’or ou sont envoyés à l’étranger. Ils peuvent regarder des films du matin jusqu’à l’aube après l’école. Ils sont traités comme des roitelets. Ils ne font pas de tâches ménagères. La nourriture leur est servie à table. Leurs assiettes sont enlevées et lavées par les parents ou les femmes de ménage. Ils reçoivent des voitures et des vêtements coûteux pour leur anniversaire. Leur argent de poche ne doit pas être oublié, etc.
Malgré tout cela, seuls quelques-uns peuvent parler ou écrire correctement. Les parents du groupe A se souciaient de leurs parents mais, leurs enfants du groupe B sont encore à lutter pour trouver leurs pieds à l’âge de trente (30) ans et plus. Ils ont du mal à faire les choses par eux-mêmes parce qu’ils ont l’habitude d’être aidés à penser et à faire faire les choses par le groupe A. Ils ne peuvent donc pas s’en empêcher. Que faire ? Repensons notre modèle d’éducation de nos enfants.
Solution
Réduire la dorlotée, retirer les télécommandes de leurs mains, les gadgets électroniques, le Wifi, et l’aide inutile que vous offrez à vos enfants. Apprenez- leur à grandir pour devenir des adultes indépendants. Sachez qu’un jour où l’autre, ils feront face à la vérité et aux réalités de la vie.
Conseil
Le fondateur de Dubaï, Sheikh Rashid, a été interrogé sur l’avenir de son pays, et il a répondu: «Mon grand-père est monté à dos de chameau, mon père est monté à dos de chameau, je conduis une Mercédès, mon fils conduit une Land Rover et mon petit-fils conduit une Land Rover, mais mon arrière-petit-fils va devoir à nouveau monter à dos de chameau». «Pour quoi cela ?», lui- a- t-on demandé ? Et sa réponse fut «Les temps difficiles créent des hommes forts, les hommes forts créent des moments faciles. Les temps faciles créent des hommes faibles, les hommes faibles créent des moments difficiles. Beaucoup ne le comprendront pas, mais il faut élever des guerriers, pas des parasites».
Y.S
Source : L’Inter De Bamako