Le règne de la corruption dans l’espace scolaire est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. La lutte contre la corruption doit également s’intéresser aux dossiers des écoles privées du Mali.
Le souci pécuniaire prend de plus en plus le dessus sur celui de la formation à l’excellence au Mali. Les établissements scolaires privés, qui se créent pour épauler l’État en matière de prise en charge des élèves, sont devenus de véritables centres commerciaux pour les promoteurs.
Selon B. Koné, administrateur d’un lycée privé à Bamako, l’ouverture d’une école privée doit répondre à certaines exigences. Parmi celles-ci se trouve l’analyse de la situation géographique de la localité dans laquelle l’établissement sera implanté.
Cette analyse a pour nécessiter de s’assurer non seulement qu’il n’y a pas dans la zone cible une autre école plus proche, mais aussi de s’imprégner de la population scolarisable.
Mais hélas, cette mesure ne constitue qu’un mot couché sur du papier. Car des promoteurs d’écoles, à Bamako, ouvrent des écoles différentes dans le même quartier. Mieux, dans la même rue.
Cela est possible parce que les suivis qui doivent se faire par des experts de l’État sont sacrifiés au profit des intérêts égoïstes de ces agents de l’État ainsi que du promoteur lui-même.
Le Décret 94-276 / PRM « fixant les modalités d’application de la loi portant statut de l’enseignement privé en République du Mali » précise en son article 6, en plus des exigences susmentionnées, que « Nul ne peut être autorisé à diriger un établissement privé s’il ne possède, au moins, l’un des diplômes exigés pour enseigner et une expérience pédagogique certifiée ».
Pour l’enseignement secondaire, le demandeur de création doit être un sortant de l’École normale supérieure (ENSUP) de Bamako. Quant au niveau fondamental, il faut avoir le diplôme de l’Institut de formation des maitres (IFM).
Mais cette exigence n’est pas suivie à la lettre. Puisque « même des commerçants réussissent à ouvrir des écoles en leur nom aujourd’hui », déplore M. Koné.
En plus de cet aspect commercial, cet administrateur scolaire indique également qu’en matière de création d’écoles, une maison à usage d’habitation ne doit pas être transformée en école.
Pourtant, à Bamako, rares sont les promoteurs d’écoles qui ne se trouvent pas en location. La plupart sont ainsi obligés de transformer des habitations en salles de classe.
Tous ces problèmes surviennent parce que les étapes à suivre pour la création et l’ouverture d’une école sont brûlées. Les experts censés se rendre pour superviser le lieu indiqué pour l’implantation d’établissement reçoivent des dessous de table. Ils ne font plus correctement leur travail.
En acceptant l’ouverture d’écoles qui ne répondent peut-être pas aux normes requises, comment veut-on cultiver l’excellence chez les enfants ?
La lutte contre la corruption doit passer aussi par ces établissements privés afin de vérifier leurs dossiers. Tous les promoteurs qui ne sont pas à jour doivent être invités à se justifier. Sinon autrement, qu’ils ferment les portes de leur établissement.
Fousseni TOGOLA
Source : LE PAYS