Les puissants du moment ont les yeux braqués sur le Maghreb et le Sahel. La situation tendue en Libye, les démêlés du Mali avec ses voisins de la Cédéao et avec la France, le Burkina Faso qui vit le chaos d’un coup d’État… Ces foyers de tension renvoient des signaux de danger en direction de l’Algérie. On se souviendra longtemps de l’ attaque des installations gazières de Tiguentourine à In Amenas.
L’acte terroriste majeur était, à l’époque, la conséquence des graves perturbations qui secouaient la Libye et le Mali, une région à cheval entre le Maghreb et le Sahel. Le propos n’est certainement pas de dire que pareil développement est imminent, mais d’insister sur la persistance des conditions qui ont concouru à l’attaque terroriste en question.
Les pays occidentaux, dont la responsabilité dans la dégradation de la situation sécuritaire est établie, savent que la poudrière peut se transformer en menace d’ordre planétaire. Dans toutes leurs prévisions, les stratèges occidentaux omettent un point très important, ou alors pensent tellement bien le «gérer», qu’ils ne le font pas figurer sur leurs plans de bataille. Le point en question est un pays de plus de
35 millions d’habitants où le régime joue dangereusement avec le feu de la fitna, espionne ses voisins et noue des alliances plus que suspectes. Ce n’est pas un facteur d’instabilité dans un avenir proche, pourraient dire les experts. Mais il faut savoir que le Maroc, c’est bien de ce pays dont il s’agit, ne s’occupe pas seulement d’embarquer ses voisins dans une guerre de 4e génération. Il bastonne et torture tous ceux qui osent évoquer la question légitime de décolonisation du Sahara occidental. Mais cette question est également sous contrôle, disent les observateurs.
Il se trouve, cependant, qu’il y a un lien direct entre ce pays, son horrible politique coloniale, qui s’apparente à l’Apartheid, et la situation au Maghreb et dans le Sahel. Le Maroc est le premier exportateur de drogue au monde. Celle-ci transite par le Sahel et enrichit les chefs terroristes. Le rapport est aussi dans la normalisation entre Rabat et Tel-Aviv. Le narco-royaume colonialiste est le premier facteur d’instabilité de la région, puisqu’il travaille à rompre l’équilibre en y introduisant une puissance militaire nuisible. Le rapport est enfin dans le fait que les milliards de dollars de la drogue sont gérés à partir du Maroc, sans que les autorités de ce pays ne bougent le petit doigt pour arrêter les chefs du cartel du kif qui alimentent les maquis terroristes du Sahel.
Saïd BOUCETTA
Source: lexpressiondz