Raison de notre fierté et socle de notre mémoire, voilà de nouveau revenu le 26 Mars.
Ce fut, il y a déjà, il y a seulement, 25 ans, l’aurore de l’espérance, et l’aube d’un Mali innové et rénové, arraché de haute lutte à l’infamie qui l’avait piétiné et mis en coupe réglée.
Il y a 25 ans, en effet, le Général Moussa Traoré, et sa camarilla avaient choisi de « tresser une couronne de feu », « abattre l’enfer » sur la tête d’un peuple qui ne revendiquait que liberté et dignité.
Les pertes sociales et économiques provoquées par les événements qui ont conduit à la révolution du 26 Mars sont énormes.
Ces pertes commencent avant la date de référence et continuent longtemps après.
Le bilan est difficile à établir pour qui recherche une analyse globale et raffinée de la situation.
Au lieu de combien de vies humaines perdues, il faut plutôt rechercher combien d’années de vie perdues ?
Quant aux dégâts matériels, une analyse économique poussée permettrait de trouver, soit la valeur comptable, soit la valeur vénale des biens au moment des faits.
Un tel rapport, avec une précision mathématique, est-il possible aujourd’hui ?
Que non !
Il y a eu victoire le 26 Mars, parce que les Maliens avaient une motivation commune, un but et des objectifs communs et formaient un groupe homogène et cohérent dans la lutte pour le changement.
25 ans après, la plupart de ceux qui auront été (ou autoproclamés) acteurs du 26 Mars 1991 ont absolument déçu le peuple Malien.
La lutte pour le pouvoir les a tant divisés que la vie publique du pays aura été pendant longtemps paralysée.
Ainsi, l’extinction du dialogue entre les acteurs du 26 Mars, l’auto-exclusion, l’animosité, l’incapacité des hauts dirigeants (responsables politiques) à travailler ensemble, le manque de discipline ou l’incapacité à tenir des engagements, la mauvaise ou l’absence de communication entre les principaux acteurs du 26 Mars, auront finalement permis aux Assassins et Voleurs d’hier qui ont échappé à la potence (grâce à la magnanimité du peuple Malien d’oser sortir de leurs tanières pour nous narguer et se présenter de la manière la plus cynique comme des héros.
Face à cette provocation, il faut que l’ensemble de la classe politique se retrouve autour des valeurs comme la tolérance, le pardon, le compromis et le partage.
Il faut aussi s’entendre sur l’essentiel, dans l’intérêt général et chercher un point d’équilibre entre les intérêts des forces opposées.
Il y a eu trop de sacrifices, trop de pertes en vies humaines et en biens pour que le 26 Mars soit.
Il n’y a donc pas de raisons objectives pour que les idéaux de cette date symbolique ne soient pas partagés, soutenus et défendus jusqu’au bout par Tous !
Boubacar Sankaré
Source: Le 26 Mars