Comme on devrait s’y attendre, le retour ‘‘tonitruantphal’’ de l’imam auto-exilé n’a pas eu lieu. Tel qu’il avait été annoncé, il a été reporté sine die, dans la confusion et dans l’incompréhension. Parce qu’en fait, il faut beaucoup de gymnastiques pour se retrouver dans ce capharnaüm politico-religieux. S’agit-il du retour d’un chef religieux attendu par ses fidèles ? Ou s’agit-il du retour d’un leader politique attendu par ses partisans ?
Dès le début, l’homme joue sur les deux registres. Aussi, on serait plus enclin à comprendre l’Etat de se prémunir contre tout risque de débordement, même si chacun était convaincu que l’Imam ne prendrait pas le risque de revenir pour être cravaté. Pour notre part, nous l’avions dit dans ces mêmes colonnes qu’il préféra mourir à Alger que revenir à Bamako si, dans l’hypothèse, il y a iota de risque qui plane sur lui. Sans garantie pour son retour, le leader politico-religieux prolongera encore son séjour.
Ceux qui ont cru et pris au sérieux l’imam Mahmoud Dicko en juillet 2020 lorsqu’en pleine négociation il s’est écrié de toutes ses forces : ‘‘je préfère mourir en martyr et que vivre en traître’’, évaluent aujourd’hui la dimension et la profondeur de l’homme. Tel la métaphore d’un berger qui fuit son troupeau, Mahmoud Dicko a préféré la tranquillité, l’asile doucette de l’Algérie (en intelligence avec l’ennemi contre le Mali) plutôt que le devoir de ne pas lâcher ses fidèles et ses partisans en tant que leader. Jésus n’est-il pas mort sur la croix ? Soumeylou Boubèye Maïga n’a-t-il pas préféré la dignité et l’honneur du retour qu’à la honte et à l’indignité de l’exil ?
Nous l’avions dit, et nous persistons à dire que Dicko ne viendra… se jeter dans la gueule du loup. Le risque, la confrontation, la prison, c’est pour les autres. Pas pour lui. L’homme qui est en Algérie a trahi IBK, il a trahi la CMAS (je retourne dans ma mosquée), il a trahi le M5, il a trahi les Maliens, il a trahi le Mali.
Aucune instrumentalisation des foules en vue de subvertir encore les Maliens ne prospérera. Inch’Allah.
PAR ABDOULAYE OUATTARA
