Mise sous mandat de dépôt de l’ancien président de l’Assemblée nationale et de son comptable le mercredi, 09 août 2023, suivie 48 heures après par la nomination auprès du Président de la Transition, Chef de l’Etat, de nouveaux conseillers spéciaux parmi lesquels un magistrat de classe exceptionnelle, M. Boya Dembélé.
Ceux qui scrutent bien les signes et ceux qui ont sur leurs consciences, individuelle et collective, d’imprescriptibles et d’impardonnables crimes économiques et de délinquances financières ont vite déduit des deux faits que la lutte contre la corruption a véritablement commencé et qu’elle sera sans répit, ni favoritisme. Eh oui, c’est parce que les Maliens, éprouvés par les misères que leur ont causées une succession de gouvernants malhonnêtes, alliés de ceux-là que le Professeur Boniface Diarra désigne comme étant les psychopathes du profit, violeurs impénitents des pays d’Afrique, ont soif de justice sociale, de justice tout court, comme les ‘’Dieux’’ du roman d’Anatole France ‘’ont soif’’. La lutte du peuple à travers le soulèvement populaire encadré par le M5-RFP a eu cette exigence d’audit des institutions de la République. Ce sont maintenant une quinzaine de rapports d’audit qui tutoient chaque matin à son arrivée au bureau le Président de la Transition. Celui-ci s’est d’ailleurs engagé, on ne le répétera jamais assez, de mener contre la corruption une lutte implacable et il a même demandé aux magistrats de prendre des risques dans cette croisade. Nous y sommes, aucune reculade ne sera de mise.
J’ignore dans quelle langue les Présidents Goïta et Poutine se sont exprimés au cours de leur récent entretien téléphonique, mais puisque la Russie est notre alliée, j’ai vite appris quelques mots sur la corruption en langue russe : « Chto dielat protif koruptsii ? » qui signifie en bambara : « Dabali jumen bè yé ? » c’est-à-dire « Que faire contre la corruption ? » Il n’est pas mille solutions, c’est de la combattre avec vigueur, comme nos soldats se battent avec héroïsme sur tous les théâtres d’opération. Une guerre en vaut bien une autre. L’avenir de notre pays en dépend. Le Mali peut, en effet, devenir le nouvel Eldorado si nous mettons de notre côté tous les atouts que sont nos immenses ressources. La preuve éloquente a été administrée à Kayes le dimanche, 23 juillet 2023, le lendemain de la promulgation de la nouvelle constitution (pour la quatrième République), à travers l’annonce faite par le Président de la Transition, dévoilant d’importants chantiers hier insoupçonnés. Le Mali, depuis deux ans, ne reçoit pourtant pas de subsides de ceux qui nous violent, il s’est même passé des services des ONG de la traîtrise. Ceux qui, durant trente ans, n’ont pu concevoir en toute souveraineté pareils chantiers, ont évidemment crié au « Colonel en campagne électorale prématurée ».
Admettons la réalité et la vérité. Qu’est-ce que le Mali n’avait pas hier pour se développer ? Nous avions tout. C’est pourquoi les années de la quatrième République doivent être les plus belles, les plus glorieuses, en termes de développement d’infrastructures, de renforcement de la démocratie, entre autres. « Mais à condition d’en finir avec la crise de valeurs, en évitant de corrompre… », me lance un cadet. La lutte contre la corruption doit donc être sans pitié. Toute mollesse conduira à de nouvelles dérives aux formes des vicieuses. Il y a déjà eu les faux appels d’offres de l’Agefau, l’Edm-gate et l’acquittement ubuesque de Bakary Togola et de ses onze co-accusés. De nos jours, des témoignages détaillés circulent aussi sur les réseaux sociaux sur le bradage de Huicoma, des noms sont cités, et sur les milliards de ristournes concédées par le transitaire Bolloré à la CMDT, pactoles qui prennent d’autres chemins, qui profitent à des voleurs. Ces dossiers ne peuvent pas rester en suspens. C’est un défi à la République et une déculottée pour notre justice.
Amadou N’Fa Diallo
Le National