Le Mali au-dessus de tout. Nous avons constamment cette expression à la bouche. Peut-être croyons-nous qu’à force d’être répétée, elle deviendra une formule magique à même de nous apporter des solutions miracles à la crise. Mais les incantations les plus efficaces n’ont d’effets magiques que si elles sont sous-tendues par une force de conviction.
La force de conviction et l’union sacrée sont les deux choses dont nous avons le plus besoin par les temps qui courent. Le gros temps qui menace, depuis longtemps, a déchaîné les éléments. Notre embarcation nationale, réputée insubmersible, est sous la menace d’un tsunami. Au lieu de pagayer tous dans le même sens pour une traversée sans encombre, nous sommes engagés dans des tiraillements du chacun pour soi et tous pour le pouvoir.
Sur les sujets d’importance vitale pour le pays, la classe politique ne réussit guère à se mettre d’accord sur l’essentiel. L’accord politique de gouvernance ? Pas d’entente. La formation du nouveau gouvernement ? Division. La prorogation du mandat des députés ? Casus belli. Le dialogue politique inclusif ? Jamais avec tout le monde.
L’opposition est convaincue qu’elle a affaire à un pouvoir qui use de subterfuges pour obtenir le consensus sur la sortie de crise, sans faire de concession sur la gestion du pouvoir. Les opposants ont donc cru bon d’opposer à ce qu’ils pensent être des mauvais tours, une manœuvre qui pourrait être assimilée à du dilatoire.
« Avant tout référendum sur la révision de la Constitution, il faut d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir dans le giron national », assénait le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) jeudi dans une déclaration. La révision de la Constitution étant l’un des jalons importants sur le chemin escarpé du retour de Kidal dans le giron national, exiger une inversion de l’ordre de la chronologie inscrite dans le marbre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, relève d’une volonté manifeste de mettre des bâtons dans les roues du processus de paix.
Pendant que les uns font des chicanes aux autres, les groupes radicaux continuent de s’enraciner. Le décompte macabre des victimes se poursuit. Par ailleurs, sur les solutions à la crise, la communauté internationale fait peu de cas de nos aspirations. Or, sur ce dernier point, le renouvellement du mandat de la Minusma est l’occasion de peser dans la balance. Le Mali ne réussira à faire accepter sa vision que si nous parlons sans voix discordante.
Cela suppose que la classe politique accepte de mettre les sujets stratégiques en dehors du combat politicien. Le rassemblement national est nécessaire pour exiger un appui international efficace et pas une aide de façade. Nous avons droit à la solidarité internationale et celle-ci doit être orientée dans le sens de l’unité nationale. Les solutions maliennes ne peuvent prospérer que si nous arrivons à nous mettre d’accord pour, d’abord, les définir, ensuite les soutenir d’une seule voix.
Aussi longtemps que nous continuerons à nous diviser, notre pays restera un foyer de tension où les étrangers viendront, sous la bannière de l’ONU, se faire de l’argent, sans aucune considération pour les souffrances des citoyens. C’est seulement l’unité d’action qui nous évitera ce statut peu enviable. Lorsque le mur se fend…
B. TOURÉ
Source: L’ Essor- Mali