La convocation des imams Mohamed Mahi Ouattara et Abdoulaye Koïta par la Brigade d’investigation du Pôle National de lutte contre la cybercriminalité ce lundi 30 décembre 2024 marque un tournant significatif dans la gestion des discours religieux au Mali. Ces figures religieuses, devenues des personnalités médiatiques grâce aux réseaux sociaux, se trouvent aujourd’hui au cœur d’une controverse qui interpelle la société malienne dans son ensemble.
Laïcité en question : une frontière à préserver
Bamada.net-Le Mali, pays à majorité musulmane, a toujours su cultiver une coexistence pacifique entre ses différentes communautés religieuses. Cependant, les récentes déclarations des imams Ouattara et Koïta, critiquant les célébrations des fêtes chrétiennes et de fin d’année, viennent rappeler à quel point cet équilibre reste fragile. Ces propos, diffusés sur des plateformes telles que Facebook, TikTok et YouTube, ne sont pas seulement une attaque contre des pratiques spécifiques, mais également une remise en question du principe de laïcité inscrit dans notre Constitution.
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La laïcité, loin d’être une simple formalité juridique, est un pacte social qui garantit à chacun la liberté de croire ou de ne pas croire, de pratiquer ou de ne pas pratiquer une religion. Elle est aussi un rempart contre l’intolérance et un socle pour le vivre-ensemble. Les attaques verbales, aussi virales soient-elles sur les réseaux sociaux, menacent cette harmonie précieuse.
Une réaction salutaire du Haut Conseil Islamique
Dans ce contexte tendu, la réaction rapide et ferme de Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du Haut Conseil Islamique du Mali, est à saluer. Considéré comme l’une des figures religieuses les plus influentes du pays, Haïdara a rappelé que l’Islam est avant tout une religion de paix et de tolérance. En condamnant les propos des deux imams et en appelant les chrétiens à ne pas céder à la provocation, il a réaffirmé une vérité fondamentale : personne ne doit être contraint à adopter une religion ou à renoncer à ses traditions.
Son appel à la tolérance trouve un écho dans l’exemple du Prophète Mohammed (paix et salut sur lui), qui, selon les traditions islamiques, entretenait des relations harmonieuses avec les chrétiens et respectait leurs célébrations. Ce rappel historique est une leçon d’une actualité brûlante pour notre société.
Réseaux sociaux : outils de communication ou d’intolérance ?
Les réseaux sociaux, qui permettent une diffusion rapide et massive des idées, posent ici une question cruciale : comment encadrer leur usage dans un cadre démocratique et respectueux des libertés individuelles ? Les imams Ouattara et Koïta, très suivis sur ces plateformes, ont transformé leurs tribunes en espaces de polarisation. Si leur influence est indéniable, elle soulève aussi des inquiétudes quant aux risques de radicalisation et de division.
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L’État malien, à travers le Pôle National de lutte contre la cybercriminalité, semble désormais décidé à intervenir pour réguler les discours en ligne qui menacent la cohésion nationale. Mais cela doit se faire dans le respect des droits et libertés, pour éviter tout glissement vers une censure arbitraire.
Un enjeu pour l’avenir
L’audition des deux imams et leur convocation pour le mardi 31 décembre 2024 sont des étapes importantes dans la gestion de cette crise. Cette affaire pourrait bien établir un précédent déterminant pour encadrer les discours religieux dans l’espace public, en particulier sur les réseaux sociaux.
Le Mali, riche de sa diversité culturelle et religieuse, ne peut se permettre de céder à l’intolérance. Comme le souligne Chérif Haïdara, la paix et la tolérance doivent toujours guider nos actions et nos paroles. L’avenir de notre nation dépend de notre capacité à protéger ces valeurs.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net