Il faut donc un carnage pour que les Maliens se rendent compte du degré de leur amour pour la mère patrie. En effet, il aura fallu une quarantaine de morts, la semaine dernière, pour réveiller en nous la fibre patriotique que plusieurs d’entre nous avaient perdue. Comme par magie, les différentes sensibilités de la nation malienne ont subitement trouvé un point qui les unit. La mort, c’est vrai, est un événement assez triste, qui ne laisse aucune âme sensible indifférente.
Face à la désolation, les Maliens ont oublié, au moins le temps de pleurer leurs morts, leurs divergences et leurs rancœurs pour sceller la cohésion et l’union sacrée en cette circonstance éprouvante.
Ces événements malheureux, les attaques terroristes notamment, sont venus rappeler aux 18 millions d’âmes que compte le Mali que ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise. Mieux, les Maliens ont pu mesurer la grandeur et la complexité, mais surtout l’imminence de la menace qui pèse sur leur pays dans son existence.
Ils ont enfin compris que pendant que beaucoup d’entre nous s’adonnent à des querelles de personnes et autres luttes politiciennes, d’autres, pour des raisons inavouées, en profitent pour semer la graine de la division en trainant les pieds dans le processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Les attaques lâches et barbares de la semaine dernière sont venues prouver que la cohésion des cœurs et des esprits est encore possible sous nos cieux. Elles ont aussi démontré que sans cette unité, il ne saurait y avoir une nation digne de ce nom, encore moins des élections qui restent la préoccupation n°1 pour certains. Surtout que nos ennemis gagnent de plus en plus du terrain.
Les Maliens ont compris qu’il est enfin temps que nous taisions nos égos et que nous faisions face à l’essentiel: le Mali.
Je ne voudrais pas être un oiseau de mauvais augure, mais à quelque chose malheur est bon. Boni, Soumpi, Ménaka, Youwarou, Gomakoura…, dans le Centre et le Nord du pays, ont donc prouvé que la possibilité de voir les Maliens s’unir et parler d’une seule voix n’est une question de volonté. Pourvu que la leçon soit bien comprise de tous et que l’accalmie sociale actuelle perdure.
Harber MAIGA
Source: Azalaï-Express