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Editorial : Le processus de paix au Mali pris au piège de la géopolitique sous régionale

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En relations internationales on apprend que le comportement des Etats n’est pas toujours celui qu’ils affichent en public. Ce que disent les Etats lors des grandes rencontres internationales n’est pas toujours ce qu’ils pensent et mettent en œuvre dans leurs relations de tous les jours. La preuve, nous l’avons au Mali dans la mise en œuvre du processus de paix. Beaucoup d’Etat se sont engagés officiellement à nos cotés lors de la signature des accords de paix de Bamako issus du processus d’Alger mais en sous-marins agissent et torpillent le processus de sortie de crise. Il y a des Etats au monde qui ne vivent de la crise des autres. C’est ce qui explique que les soutiens promis tardent à venir et ne viendront certainement jamais à temps. Ils attendront jusqu’à la prochaine crise pour pointer le doigt sur tout ce qui nous était impossible à réaliser.

 

En plus de cette donne, il y a une raison supplémentaire de s’inquiéter liée à la realpolitik sous régionale. Dans le processus, on voit les manœuvres de deux grands rivaux dont les positions sont inconciliables à cause du problème du Sahara occidental. Malheureusement pour le Mali leurs soutiens plus puissants sont ceux qui sont les garants de la mise en œuvre de l’accord. D’un coté nous avons une Algérie, fidèle à son passé de soutien aux peuples en lutte pour leur indépendance comme du reste ce fut le cas du Mali sous Modibo Keita.

 

L’Algérie au crochet duquel vit pratiquement la région de Kidal soutient, depuis le processus raté de décolonisation du Sahara occidental par l’Espace, l’autodétermination du peuple sahraoui. Et l’Algérie de Boumediene qui partage 1 376 km avec le Mali, et dont le soutien avait été déterminant pour le règlement de la première rébellion touareg, voit toujours d’un mauvais œil le développement des relations économiques entre le Mali et le Maroc. L’Europe aussi a préféré le Maroc comme partenaire stratégique dans le monde arabe et en Afrique au détriment de l’Algérie dont l’histoire avec la France n’a toujours pas été paisible. Le Maroc dans son projet de grand Maroc ne renoncera jamais, sans y être contraint, à ses prétentions sur le Sahara occidental. La chance du Mali vient de son histoire et de la vision du président Modibo Keita. L’histoire a fait que L’Algérie et le Maroc tiennent tous les deux au Mali d’une façon ou d’une autre. La grande mère paternelle du roi Mohamed VI viendra de Tombouctou. C’est du reste ce que disent tous les étudiants maliens qui reviennent du Maroc. Le Mali par qui le Sahara occidental a été admis comme 51ième Etat membre de l’OUA a pourtant provoqué le retrait du Maroc de cette  organisation. Le Mali a servi de bases arrières aux combattants du FNL et aurait même hébergé l’actuel président Bouteflika a qui il aurait offert l’asile et son premier passeport diplomatique. Le Mali de Modibo Keita est aussi le pays qui a résolu la crise de frontière entre le Maroc et l’Algérie. Et la Mauritanie, pays avec lequel le Mali partage 2 237 km, est toujours entre le marteau algérien et l’enclume marocaine. On se rappelle les termes des accords de Madrid mais aussi les conditions du renoncement de la Mauritanie à ses prétentions sur le Sahara occidental suite à l’accord d’Alger entre la Mauritanie et le Polisario. De l’autre coté, les faveurs de la France, des Etat Unis et d’Israël semblent aller au Maroc plus qu’à l’Algérie. Même si ces pays soutiennent les Résolutions de l’ONU qui sont pour un referendum d’auto détermination au Sahara, il n’en demeure pas moins qu’ils semblent avoir fait leur choix. On se rappelle que le «mur de sable» qui divise le Sahara long de plus de 2700 km aurait été construit sur financement de l’Arabie saoudite avec l’aide des Etats Unis et de l’expertise technique d’Israël. On se souvient que le Maroc avait signé des accords de coopération et de pèche avec l’Union européenne incluant le Sahara occidental. Heureusement pour les sahraoui, l’accord a été cassé par le tribunal du Conseil de l’Europe au grand bonheur du Front Polisario qui vient de tenir en ce décembre à Tindouf au sud de l’Algérie le 14ième congrès de son mouvement.

On ne peut plus aller loin. Ces analyses compliquées permettent de comprendre le jeu, le comportement et les déclarations de certains pays impliqués dans la mise en œuvre du processus de paix au Mali. On revient toujours à donner raison au General De Gaule qui disait qu’un pays n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts. Il revient donc alors au Mali de savoir défendre ses intérêts avec lucidité et patriotisme.

O’BAMBA

Source : Inf@sept

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