Les Maliens sont-ils définitivement condamnés à subir éternellement le supplice de Tantale dans les Enfers de l’Edm-sa ? Pas question si l’on en croit Madame Bintou Camara, ci-devant ministre de l’Énergie. Elle s’engage, avec toute la détermination dont elle capable, à vaincre tous les démons qui font de la société nationale chargée de la gestion et de la distribution de l’électricité un trou noir où sombre toute l’activité productrice du pays, en plus du bien-être général, de même la bonne humeur populaire, l’espoir et l’espérance.
Les Maliens sont certes résilients, ils l’ont prouvé à la face du monde entier en résistant durant six longs mois à des sanctions inédites politiques, diplomatiques, économiques et financières d’une certaine communauté internationale, toutes obédiences confondues, durant l’année 2022, tout en l’épreuve à profit pour recouvrer la souveraineté bradée de leur pays. Leur attachement à la patrie est viscéral, nul ne peut plus en douter. Mais aujourd’hui, ils sont dans l’exaspération la plus poussée à cause des coupures intempestives et sans fin de courant. Comme Tantale condamné à subir dans les Enfers une faim et une soif perpétuelles au milieu des eaux qui fuient ses lèvres et près des arbres dont les fruits se dérobent à sa main, nos compatriotes souffrent, outre mesure, du manque de l’électricité qui, chaque fois qu’elle leur apparaît un instant, prend aussitôt la forme décevante d’une lumière d’un train sans freins sortant d’un tunnel et qui leur fonce dessus. N’eussent été les mesures sociales bénéfiques et les victoires évidentes continuelles des FAMAs sur les forces du mal sur les différents théâtres d’opérations, lesquelles ont l’effet bienheureux de calmer les esprits des citoyens en leur gardant la confiance dans la gouvernance, l’exaspération incandescente aurait provoqué des mouvements de foule. Pour les Maliens, dans tous les secteurs d’activités, Edm-sa, c’est tout simplement la haute trahison. Rien ne justifie qu’une société comme elle soit rythmée par des pertes, des déficits, des défaillances. Il y a tout simplement mauvaise gestion, gabegie, vols, détournements, surfacturations, fausses facturations, recels, etc. Cela dure des lustres et cela interpelle au premier chef les gouvernants. Madame Bintou Camara en a pris la pleine mesure et le peuple doit se mobiliser derrière elle pour mener la croisade contre tous les malfrats. Détourner, voler 59 citernes de 45.000 litres chacun en quatre jours montre bien l’ampleur des dégâts sans cesse causés en raison d’une incurie qui dure depuis des décennies. Le navire de l’audace des délinquants vogue tout simplement sur les eaux de l’incapacité de l’Etat à sanctionner les forfaitures avec rigueur. Achat de groupes défectueux au Nigeria, au nom d’un marché officiellement conclu pour un approvisionnement en Turquie, cela a l’odeur de l’achat, avec les fonds d’une certaine Loi d’Orientation et de Programmation Militaire, d’équipements et d’aéronefs militaires vieillots et inefficaces alors que des milliards du contribuable avaient été mobilisés pour équiper la vaillante Armée nationale comme elle ne l’avait jamais été. À dire un mot puis à tout dire, Edm-sa n’est qu’un gigantesque bonneteau laissé à la merci de gestionnaires voyous; elle est, elle toute seule, une République des délinquants que l’on doit arrêter, en tout cas pour au moins pour ceux qui ont géré la société durant les vingt dernières années, et les fusiller sans état d’âme. C’est sans commentaires. Il y a même un soupçon de sabotage de la Transition. Ill est en effet impensable que c’est en 2023 que se passent des coupures de 20 heures et plus, en privant des milliers de personnes de revenus (tailleurs, menuisiers métalliques, salons de coiffure, industries, boulangeries, salles de rédaction des journaux, etc., bref toute la couche laborieuse des travailleurs.
En attendant, faisons confiance à Madame Bintou Camara, Il n’est pas question que l’Edm-sa soit au Mali, par l’ennuyeuse valse des DG, comme l’hydre de Lerne : maléfique serpent dont les sept têtes repoussaient multipliées au fur et à mesure qu’on les coupait. Colonel Assimi Goïta, héro de bien de batailles, doit résolument voler au secours de Madame Bintou Camara : se mettre dans la peau de Héraclès afin de trancher pour de bon les têtes de tous ceux qui, pour peu ou trop, ont plongé l’Edm-sa dans la panade. Il n’est pas d’autre solution.
Amadou N’Fa Diallo
Le National