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Editorial: devoir de vérité et de vigilance

Signe des temps ! Goût du jour ! Désormais, dans la Nation qui se réclame de Soundjata, de Biton, de Monzon, de Tiéba et Babemba, il faut phraser en latin pour être de ceux qui savent et de ceux qui sont entendus. Sans persiflage aucun, ne demandons pas quel Mali avons-nous désormais, mais juste dans un latin de Google : ‘’qui cogitat in Mali ?’’ (Qui pense au Mali ?)

Que nul n’y voit une provocation, une impertinence ou une désobligeance quelconque. Chacun aime le Mali, tout le monde aime le Mali. Mais, combien sommes-nous encore « prêts à mourir pour le Mali » ? Au-delà de l’exception que constitue le sacrifice de ces soldats engagés au front dans les pires des conditions dans une guerre asymétrique, personne. Pardon, c’est ’’qui cogitat mala esse ad Mali’’ (honni soit qui Mali pense) ! Qu’on n’y voit nul procès d’intention, pour les démocrates sincères et patriotiques convaincus d’hier, les hybrides et les latinistes d’aujourd’hui, le Mali n’existe que dans la limite de leurs petites personnes, de leurs petits intérêts et de leurs petites ambitions.

Les temps changent, les pratiques demeurent. Les hommes changent, les mœurs s’empirent. Hier, dans ces colonnes, nous accusions le régime du Président ATT d’abhorrer la vérité, celle-ci est-elle aujourd’hui tolérée sous le Président IBK ? La meute de courtisans et griots d’hier n’a-t-elle pas été simplement remplacée par une espèce plus vorace et sans scrupule ? Comme dirait l’autre plus ça change, plus ça devient pire.

En effet, plus qu’hier, la vérité et l’objectivité semblent aujourd’hui un fléau, un crime de lèse-majesté qui condamnent celui qui les porte à la Galère ou au Goulag. Plus qu’aux bons vieux temps de la confusion consensuelle, c’est le triomphe insolent de la triche, du mensonge, de la manipulation et du double jeu. Et gare à ceux qui osent Mali penser dans ce contexte qui interpelle pourtant chaque patriote et chaque démocrate.

Quelle mouche a donc piqué Info-Matin ? Ils sont dans une logique de complot et de déstabilisation. Ces articles sont commandités par X ou par Y… Sauf qu’hier, face à des articles plus « virulents », les mêmes qui s’en offusquent étaient de ceux qui nous en félicitaient et nous encourageaient à tenir bon pour l’intérêt de la démocratie et de la liberté de pensée et d’expression.

Le Quotidiens des sans voix assume son parcours, sa ligne et ses prises de position passées, actuelles et futures.

Autres temps, autres mœurs ! Prise de conscience d’un organe égaré dans la politique ou règlement de compte au sein du pouvoir ?

Info-Matin n’est pas un journal du pouvoir. Alors, retournement de veste de la part d’un journal qui a pris part à tous les combats pour l’avènement de ce régime ? Pour quelle basse besogne ? Au profit de qui?

Info-Matin n’est pas un journal du pouvoir. Librement, il a soutenu l’Opposition. Librement il a soutenu jusqu’ici le régime du Président IBK. Il a peut-être fait des mauvais choix, hier comme aujourd’hui. Il a pu certainement décevoir ses nombreux et fidèles lecteurs.

Mais Info-Matin est et restera un journal fidèle à la vérité et la défendra lorsque l’intérêt et la survie de la Nation le commandent. Quoiqu’il adviendra !

Or, aujourd’hui, sans prétention aucune au monopole du patriotisme, la situation actuelle de notre pays nous engage, tous autant que nous sommes fils de ce pays, démocrates, patriotes, religieux, journalistes, activistes(…) citoyens lambda, à un devoir de vigilance et de vérité.

Ce devoir de vigilance et de vérité impose à Info-Matin de constater que la gouvernance du Président IBK ressemble de plus en plus, à s’y méprendre, à celle qu’on fustigeait hier sous le Président ATT : une honteuse procession de courtisans et de mercenaires pour magnifier la gloire du Chef déifié ; un gouvernement pléthorique, brouillon, attentiste, sans aucune initiative et qui laisse tout sur les frêles épaules du Premier ministre, bref, un régime qui se perd dans son manque de vision et dans un narcissisme insultant au regard du cataclysme sécuritaire, du désespoir croissant des Maliens et de la pauvreté ambiante du pays.

Puisqu’on a choisi de conduire le pays dans le déni, alors contrairement à l’adage : parce que tes amis ne disent pas la vérité, le régime a donc choisi de payer ses ennemis et toutes les petites crapules pour lui mentir.

Sans dénier à qui que ce soit son choix et sa posture, qu’on continue de convaincre le régime que tout va bien, que Info-Matin est devenu l’ennemi N°1 à abattre, qu’on se donne pour mission de bercer le régime de mensonges et d’impostures, qu’on prenne ses émoluments de la déloyauté et de traîtrise… Info-Matin est et restera imperturbable.

Hier on nous traité de vendu quand on a soutenu IBK dans l’Opposition, si on nous affuble du même qualificatif parce qu’on a critiqué son régime, qu’est-ce que ça change ?

En attendant le réveil, entre le « tout le monde » officiel et le « tout le monde » populaire, le fossé ira s’agrandissant et dangereusement. Qu’à Dieu ne plaise. Pour cause !

Dans le contexte d’incertitude actuelle, au lieu de s’investir, illico presto, pour trouver sinon réinventer un nouveau contrat de confiance à travers un dialogue sans saupoudrage, on lève des légions contre un pauvre et petit journal. Grand bien leur fasse !

Pour ce qui concerne Info-Matin, le devoir de vigilance et de vérité lui commande de faire remarquer que le Mali qui a plébiscité IBK en 2013 et réélu voilà un an est déjà très loin du Mali des réseaux frivoles et mafieux qui l’applaudissent aujourd’hui. Et de dire, comme hier, qu’entre le « tout va bien » officiel, et le « ça ne va pas » populaire, ce n’est pas que l’entrée en rébellion du Quotidien des sans voix, ni même la bouderie de Soumi qu’on dit inconsolable, c’est désormais plus qu’un malentendu, c’est un divorce rampant qui est en train d’être consommé.

L’insécurité et le terrorisme qui plombent les efforts de l’État ne sont pas les seuls facteurs qui ont bloqué le changement tant attendu. Les causes du désamour avec les populations doivent être recherchées non du côté de Info-Matin, mais du désespoir et de la déception du peuple, de la misère et de toutes les souffrances des Maliens dont le lot quotidien est désormais : massacres de masses, exécutions sommaires quotidiennes, flambée des prix, pénuries, famines, tracasseries, brimades, abus, mesquineries et chantages !

Comme au bon vieux temps des généraux, quand on n’est avec IBK, on ne s’oppose pas, on ne s’oppose à rien, on ne dit rien, on accepte tout, on avale et ravale tout…

Eh bien, Info-Matin dit désormais non à la ce stoïcisme servile.

Oh que si, la roue de l’histoire tourne, et dans sa rotation, elle est implacable. L’histoire ne sommeillera pas au Mali. Les régimes passent, les nations demeurent éternelles…

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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