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Éditorial : Adieu AEEM, matricide de l’école !

Entendons-nous d’abord sur une évidence : l’école, de la maternelle à l’Université, est l’institution où le citoyen apprend à lire, à écrire, à raisonner, à se former, à servir utilement après. Ceci étant admis, admettons que l’école est la matrice de l’Etat et de la République.

Or, autant vaut la matrice, autant vaudra l’or qui y sera coulé, l’or étant le citoyen, qui est le plus précieux gain de la nation. Les droits de ce dernier sont à défendre, à protéger et à préserver, coûte que coûte. Mais quand l’or, métal précieux et ô combien utile en vient à fracasser la matrice dans lequel il est coulé pour être affiné, il s’agit, douloureusement, de matricide qu’aucune autorité étatique ne peut tolérer, qu’aucune nation ne peut passer banalement par pertes et profits, comme si une telle gaffe constituait paradoxalement le levain indispensable au bien-être général, comme le laboratoire d’où sera conçu l’avenir glorieux. L’AEEM, créée officiellement en avril 1991, dans la foulée de l’avènement de la démocratie du multipartisme intégral, a surtout joué durant ses 33 ans d’existence, jusqu’à sa dissolution par le conseil des ministres du mercredi, 13 mars 2024, au maître d’œuvre de la violence en milieu scolaire et à la promotion du crime sur les campus. La mesure gouvernementale a été accueillie par les populations avec une immense approbation et aussi par quelques cris de désapprobation maugréés par des nostalgiques partisans connus de la manipulation sans fin des scolaires et des étudiants pour des buts politiciens, voire ‘’politicides’’. Les âmes nobles, les plus nombreuses, sans vacarme ont souhaité adieu à l’AEEM qui s’est transformée régulièrement en organisation du crime dans les espaces scolaires. Ce n’est jamais de gaîté de cœur que l’on supprime des mouvements citoyens, syndicats ou associations ou tout ce qui s’y apparente, loin s’en faut. Mais une association, dont le modus operandi des acteurs, citoyens majeurs disposant du droit de vote et qui sont éligibles, est la violence et le crime ne peut être qu’une organisation à bannir ; les magistrats diront judicieusement que c’est une association de malfaiteurs, de délinquants primaires, de criminels, de mafieux en bandes organisées. Durant les 33 années de son existence, l’AEEM a en effet ponctué sa vie de violences inouïes (blessures graves, mutilations, morts d’étudiants et autres dommages collatéraux). Elle a donc, en quelque sorte, brisé régulièrement ensanglanté et endeuillé le Mali. Les preuves contre elle sont si nombreuses qu’il ne viendra à l’esprit de personne de vouloir les contester.

Me Alassane Aldior Diop a connu l’AEEM en tant qu’élève, ensuite en tant qu’étudiant, en qualité d’avocat, trois étapes au cours desquelles il n’a pas été inattentif : « Je suis moi-même un pur produit de l’éducation nationale et de l’AEEM à un double titre: en tant que membre actif et en tant que membre élu du bureau AEEM de mon établissement. J’ai vu tomber en 91 des jeunes camarades à la fleur de l’âge, les mains nues, pour un idéal déjà oublié par tous  y compris les autorités de la transition (quel cruel destin !). Des décennies après, j’ai été, en ma qualité d’avocat, impliqué dans plusieurs dossiers criminels reprochés  aux dirigeants et membres des bureaux de l’AEEM ( avec mort d’hommes, par arme à feu , arme blanche , mutilation, viol collectif etc.) . J’ai occupé dans ces dossiers pour les parties civiles (l’université, des professeurs, élèves et simples passants). Dans ces dossiers les pièces à conviction étaient des armes de guerre , des pistolets revolvers, des armes blanches, des chaînes métalliques, des menottes de police, des cagoules etc. Que font nos futurs cadres avec un tel arsenal ? Et le plus grave est que j’ai aussi découvert avec un effondrement moral, sans limite, que les présumés responsables n’étaient que des marionnettes à la solde d’hommes politiques tapis dans l’ombre et parfois très haut placés au sommet de l’Etat. Ce n’était plus une association d’élèves et d’étudiants, mais d’un cartel mafieux d’où les ordres s’exécutent sans crainte ni murmure. » Après une telle plaidoirie, pardon ce réquisitoire imparable, les nostalgiques récalcitrants de l’AEEM supprimée tentés d’organiser des marches de protestation avec  des barricades sur les voies publiques doivent savoir qu’ils seront considérés comme des fauteurs de désordres et traités comme tels. Les politiciens inconséquents, pêcheurs impénitents en eaux troubles ne seront qualifiés de rien d’autre que de séditieux contre une mesure légale. Quant aux diplomates attiseurs de pagailles, ils courront le risque d’être déclarés persona non grata. A bon entendeur, salut !

 

Amadou N’Fa Diallo

Le National

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