En qualifiant le gouvernement du PM Choguel Kokala Maiga de celui qui ne vit que de crises, les zélateurs et autres opportunistes à son crochet nous ont qualifiés de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure. Et pourtant ce qualificatif lui colle très bien à la peau, sinon comment comprendre qu’il puisse engager un bras de fer avec la principale centrale syndicale qui est l’UNTM ? Comment dans un pays en guerre, fortement menacé par des forces extérieures, le gouvernement ne trouve d’autres sujets de préoccupation que de susciter des polémiques stériles, alors même que son devoir devrait être de rassembler les maliens autour du Mali malade. Il ne devrait nullement oublier qu’il y a une impérieuse nécessité de réunir toutes les filles et tous les fils autour du Mali, un pays menacé dans son intégrité physique et morale.
Malheureusement l’équipe gouvernementale qui dirige le Mali ne semble pas comprendre cet enjeu, sinon Mme la ministre en charge de la fonction publique, du travail et du dialogue social n’allait pas engager un combat contre la principale centrale syndicale. Sa réplique à la fois arrogante et méprisante à la principale centrale syndicale dont nul n’ignore sa grande capacité de nuisance, car pouvant paralyser en 48 heures le pays. N’est-il pas temps pour Assimi Goïta de s’assumer pour doter le pays d’une équipe gouvernementale qui comprend les enjeux du moment ?
En revenant aux faits, tout est parti de l’intégration à la fonction publique de certains contractuels de l’enseignement supérieur. La centrale syndicale, UNTM a dû remarquer des manquements graves à la législation en matière d’intégrations des sieurs, c’est pourquoi elle a adressé, le 03 août 2022, une correspondance à Mme la ministre du travail, de la fonction publique et du dialogue social pour lui demander d’annuler purement et simplement les arrêtés N°2022.0278/MTFPDS-SG-CNCFP DU 22 FEVRIER 2022 et N°2022-3266/MTFPDS.SG-DNFP-D1-3 du 26 JUILLET 2022. Selon la Centrale, ces deux arrêtés portant intégration et régularisation d’agents dans la fonction publique pris par la ministre du travail sont illégaux. « L’UNTM n’acceptera jamais pendant cette transition le népotisme, le favoritisme… » Sans être juriste pour démêler le vrai de l’ivraie juridiquement parlant, notre analyse se fondera sur les deux derniers mots de notre morceau choisi, à savoir NEPOTISME ET FAVORITISME. Pourquoi Yacouba Katilé, le secrétaire général de l’UNTM insiste-t-il sur ces deux mots ? Le gouvernement va-t-il pousser l’UNTM a adopté une posture guerrière en déclenchant une grève, alors qu’on a d’autres priorités ?
A en juger par la réponse de Mme la ministre en charge de la fonction publique dont voici un extrait «…ces arrêtés ne sauraient être annulés pour quelques raisons que ce soient car d’autres arrêtés déjà signés dans la logique d’autres protocoles sont dans le rouage de l’administration ». Et d’ajouter que le syndicalisme tel qu’on le définit a pour but la défense et la promotion des intérêts professionnels, économiques et sociaux de ses membres. Il a donc non seulement le droit, mais aussi le devoir d’utiliser tous les moyens légitimes qui lui permettraient d’atteindre ses objectifs. Il ne faut cependant pas que le « recours à un moyen, même honnête, ne le détourne de sa fin », « Or, la dernière page de votre correspondance est truffée de revendications d’ordre politique. Le Département ne peut que s’objecter à l’entrée de son partenaire social dans le domaine politique, d’autant que les réponses du Département chargé de la Promotion du dialogue social ne peuvent guère couvrir d’autres champs en dehors de ceux relatifs à la négociation collective et, à l’occasion, à l’exercice du droit de grève. Il y a comme une déclaration de guerre à la principale centrale syndicale. Le gouvernement ne peut plus se donner le luxe d’exacerber la crise sociale, après l’embargo dont les conséquences sont toujours visibles. Donc en analysant les propos de Mme la Ministre on en déduirait, que faute des solutions idoines aux multiples problèmes qui assaillent le Mali, le gouvernement actuel a certainement beaucoup plus à gagner dans le désordre que dans la stabilité du pays. Donc il revient au secrétaire général de l’UNTM de comprendre cela et d’éviter d’en rajouter à la crise, car la situation est déjà très gravissime. Au Colonel Assimi Goïta de s’assumer avant que le réveil ne soit pas brutal pour lui.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance