Le 11 janvier dernier nous étions Charlie. Nous avons eu même le privilège d’être parmi les marcheurs de Paris, qui ont envahi la Place de la République jusqu’à la Bastille. Le 13 novembre 2015, nous étions Paris, en compassion avec les 130 victimes des attentats de cette ville lumineuse, carrefour de plusieurs civilisations.
Aujourd’hui, nous sommes Bamako, pour dire non aux terroristes qui ont attaqué le vendredi 20 novembre l’hôtel Radisson, le plus huppé de la capitale, dans le quartier le plus chic de Bamako. Nous sommes Bamako pour rendre hommage aux 19 victimes, car les deux assassins tués au cours de l’opération ne méritent pas notre compassion.
Nous sommes Bamako pour être solidaires des autorités, qui déploient d’énormes efforts pour combattre le terrorisme. Nous sommes Bamako pour être en compassion avec l’ensemble du peuple malien, pour vivre avec lui les 10 jours d’état d’urgence, les trois jours de deuil national et pour respecter le drapeau Or, Jaune et Rouge, mis en berne.
Oui, nous sommes Bamako, pour dire que les victimes méritaient beaucoup mieux que de tomber sous les balles de barbares. Parmi celles-ci, on sait déjà qu’il y a six Russes, trois chinois, deux Belges, un Américain et un Sénégalais.
Demain, nous souhaiterions redevenir nous-mêmes, dans un pays épris de paix et de justice sociale, dans un pays concentré sur ses préoccupations essentielles, notamment la mise en œuvre de l’Accord de Bamako
En effet, cette attaque d’une autre époque ne doit pas diviser les Maliens, encore moins les divertir. L’union sacrée doit se faire autour du Président de la République, non pour son confort mais pour sauver le Mali, parce que l’Etat est ébranlé dans ses fondements républicains.
La politique politicienne doit être mise de côté, en attendant que l’Etat se sauve, se consolide, à travers d’abord la sécurité, sans laquelle rien n’est possible. Au-delà des mesures prises par le Conseil des ministres extraordinaire de vendredi soir, d’autres mesures fortes s’imposent, pour frapper les esprits ou tout au moins impressionner les uns et les autres.
En effet, le contrôle doit être renforcé dans les aéroports, aux différentes frontières du Mali, dans les institutions de la République, dans les hôtels, dans les stades et autres lieux publics. Il s’agira d’un contrôle visible, mais aussi souvent discret par endroits.
Cela va nécessiter un déploiement de moyens et de ressources humaines. C’est donc un sacrifice que l’Etat se doit de consentir, au nom de la lutte contre le terrorisme et pour sa crédibilité, pour ne pas être le maillon faible de la chaine, le ventre mou de la lutte contre le terrorisme international.
Chahana Takiou
source : 22septembre