Dans l’après-midi du vendredi 13 juin, le président du groupe parlementaire Vigilance républicaine et démocratique (VRD), Mody N’Diaye, a lu, au nom de l’opposition, une motion de censure. Elle est signée par 15 députés dont Soumaïla Cissé, le plus illustre d’entre eux.
Cette motion de censure prévue à la fois par la Constitution et le règlement intérieur de l’Assemblée nationale est une opportunité pour les opposants d’IBK de faire tomber le gouvernement Moussa Mara. Ils avaient déjà demandé son départ suite aux évènements du 21 mai de Kidal. En vain. Ils remettent ça à travers un débat démocratique à l’Hémicycle, parce que la motion sera discutée, des explications de vote seront données, avant le vote au bulletin secret. L’opposition réussirait la chute du gouvernement si elle parvenait à obtenir les deux tiers composant l’Assemblée nationale, c’est à dire 98 voix des 147 élus.
Ce qui est théoriquement impossible, parce que l’opposition réunie (URD – PRVM Faso Ko, PARENA, FARE) ne dépasse pas 22 élus, à moins qu’on ne parte vers un scénario à la nigérienne avec le départ de Hama Amadou alors Premier ministre, qui a vu sa majorité voter contre lui, suite à une conspiration du Président Tandja.
Tout porte à croire qu’IBK est en bons termes avec Moussa Mara et que l’intrigue n’aura pas lieu encore que le chef de l’Etat n’est pas adepte d’une telle pratique. Il faut donc arriver à la conclusion selon laquelle l’opposition mordra la poussière et le Premier ministre sortira renforcé de cette motion de censure, après le vote de confiance dont il a bénéficié le 29 avril dernier, lors de sa déclaration de politique générale (DPG). C’est une véritable aubaine que l’opposition offre à Moussa Mara pour se légitimer davantage parce qu’elle n’a pas les moyens de le faire tomber.
Consciente de cet état de fait, elle multiplie les pressions. En effet, l’opposition dépeint un tableau très sombre de la gestion d’IBK en mettant sur son dos toutes les difficultés que le pays vit, en même temps, elle présente une offre : « Dans cette optique il importe d’élaborer une lettre de cadrage politique définissant une vision claire prenant en compte les insuffisances constatées. Il s’agit de sortir de la léthargie dans laquelle notre pays se trouve actuellement. Sur la base de la lettre de cadrage susvisée, il conviendrait de soumettre diligemment un plan gouvernemental au parlement pour approbation». Si IBK est preneur, il va falloir qu’il convie l’opposition au gouvernement.
En fait, elle veut entrer au gouvernement, mais elle joue au plus malin, en évitant de s’inviter et en travaillant pour y être invitée. Dans la motivation de la motion de censure, l’opposition dit clairement que c’est « pour dénoncer les insuffisances actuelles constatées dans la conduite de l’Etat et présenter ses propositions qui permettront de sortir de la crise économique, sociale et de gouvernance ». C’est dire encore que l’opposition a raté le coche. Si elle a sincèrement des propositions à étaler, ce n’est vraiment pas au même gouvernement qu’elle veut censurer. Ce n’est vraiment pas logique. Elle veut simplement aller à la soupe parce le cadre de la motion de censure n’est pas le lieu indiqué pour exposer des propositions parce qu’il n’y aura, il faut le savoir, au sortir de cet exercice démocratique, aucune recommandation, aucun examen de projet de loi, a fortiori des suggestions. La seule chose qui vaille, c’est bien le vote de confiance ou de défiance.
Cela dit, nous sommes de ceux qui pensent, eu égard aux énormes défis à relever, que la composition d’un gouvernement d’union nationale s’impose. IBK et l’opposition doivent en convenir, sans gêne pour les deux parties, parce qu’il s’agit de sauver le Mali et de mettre les égos à côté.
Il faut sortir du jeu de cache-cache et aller droit au but : comment peut – on sauver ensemble le pays ? C’est la seule chose qui vaille. Une des voies nous semble être, encore une fois de plus, la formation de ce gouvernement que nous appelons de tous nos vœux.
Chahana Takiou
SOURCE: 22 Septembre