L’arrivée du groupe de sécurité privé russe, Wagner défraie toujours la chronique au Mali. Elle, qui a suscité la colère de la France, partenaire clé du Mali dans la lutte contre le terrorisme, divise les Maliens. Nombreux sont ces Maliens qui approuvent (même si l’information n’est pas encore confirmée par les autorités) l’arrivée du groupe Wagner au Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la défense du territoire nationale. Le principal argument de ces citoyens : les troupes étrangères présentes au Mali depuis des années ont failli à leur mission.
Il y a aussi des Maliens, très nombreux d’ailleurs, qui s’opposent à l’arrivée des mercenaires russes. Pour ceux-ci, l’État ne devrait pas négocier avec des mercenaires pour une crise aussi complexe que celle du Mali. Ils craignent de la bavure de ces forces qui ne respectent forcément pas des conventions internationales en termes de conflits.
De l’autre côté, la France et ses soutiens en colère, menacent de retirer leurs forces au Mali si les autorités transitoires signaient ce partenariat avec le groupe Wagner.
Face à toutes ces polémiques, il revient à l’État malien de faire un choix, quel que soit le prix à payer. Il doit s’assumer, surtout si sa décision ferait le bonheur des Maliens. Entre les forces étrangères présentes au Mali sans résultat et la diversification de ses partenaires, y compris avec des mercenaires, l’Etat doit choisir.
Si le Mali souffre et le terrorisme continue à gagner du terrain jusqu’à présent, c’est que les forces présentes pour lutter contre ce fléau ont dû montrer leur limite. Le nombre des éléments, que ce soit du niveau de la Minusma comme au niveau de la barkhane, augmente chaque année pour les mêmes résultats. Cela est une réalité. Ces forces ont montré leurs limites et ne peuvent pas ramener la sécurité au Mali. Aux yeux des populations aussi, elles ont perdu toute crédibilité. Ce qui renforce le soutien à l’arrivée de Wagner. La population malienne, aujourd’hui, a la soif de sécurité et elle veut l’obtenir à travers qui que ce soit, mercenaires ou État.
Mais ce qu’il faut craindre, c’est le risque de bavure avec l’arrivée des mercenaires. Et ces bavures pourraient retourner certains contre l’État, donc augmenter le lot des ennemis.
Dans tous les cas, si l’État estime que la diversification des partenaires pourra permettre au Mali d’avancer dans la lutte contre le terrorisme, il ne doit pas céder au chantage de la France. La priorité, c’est la sécurité des Maliens et de leurs biens. Si c’est l’arrivée des russes, mercenaires ou l’Etat, qui permettra de gagner la lutte contre le terrorisme, il faut soutenir l’initiative. Cependant, tout doit être fait pour que l’intervention de ces forces ne donne pas raison à la France et d’autres partenaires déjà en colère. Tout doit être fait pour que ces nouveaux partenaires ne soient pas moins utiles que celles présentes déjà.
Mais à l’heure, le Mali n’a pas intérêt à ce que la France se retire. Les autorités doivent faire en sorte qu’elle reste, mais qu’elle et les autres forces soient plus utiles, produisent plus de résultat.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS