Au-delà de la propagande, du populisme et du tintamarre, à renforts de slogans dits patriotiques, les maliens ne voient guère les signes de la grande promesse d’un Mali koura. le Mali et les maliens sont à bout de souffle et ils ne se battent aujourd’hui que pour leur survie. Ils broient du noir, et ne savent plus à quel saint se vouer, tant l’espoir d’une vie meilleure a été déçu.
La promesse du Mali Koura, où la justice sera rendue équitablement n’a pas été tenue, l’engagement pour une lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière est devenu un lointain souvenir. La volonté de faire du Mali un Eldorado avec la relance économique et la création des richesses avec nos matières premières s’est transformée en un supplice pour étouffer les maliens. Aujourd’hui, tous les secteurs sont affectés par la crise, l’éducation, la santé, la culture, l’art, l’économie. Le hic est que malgré toutes ces difficultés les autorités ne semblent nullement pas être angoissées et tout porte à croire que le serment de rendre le pouvoir à la date échue ne serait pas respecté. Bref toutes les promesses d’un Mali vertueux sont renvoyées en calendes grecques si elles ne sont pas tout simplement bafouées. Les attentes du peuple, loin d’être comblées, se sont transformées en véritable cauchemar. Plongeant les populations dans des méditations profondes. La gravissime crise post-coup d’Etat dans laquelle le Mali est plongé, a fini par donner raison aux détracteurs de la transition, qui pensent à tort ou à raison qu’elle n’est pas capable de sortir le Mali de la léthargie et que le combat pour le changement a été détourné à des fins personnelles. C’est pourquoi le vœu le plus ardent exprimé par une frange importante du peuple est sans nul doute un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal, afin de sortir de ce train-train quotidien angoissant.
En effet, comment comprendre que le pays des fiers guerriers comme Soundiata Keita, Askia Mohamed, Firhoun, Babenba, Tiéba, qu’est le Mali dont l’histoire, chantée en refrain, par les autorités actuelles, fières de leur souverainetté, ne puisse pas amorcé son envol. Jamais le Mali ne s’est porté aussi mal que sous la transition du CNSP. Jamais la patrie des dirigeants vertueux comme Modibo Keita, Fily Dabo Sissoko n’est devenu la risée du monde que sous le tandem Assimi-Choguel. Isolé diplomatiquement, asphyxié financièrement, mis à genou économiquement, le pays ne tient encore sur ses deux pieds que grâce à la résilience de son peuple. Mais jusqu’où ira cette résilience ? Car hormis les quelques prouesses de l’armée sur le terrain, les chants de sirène des activistes politiques et autres panafricanistes mal inspirés qui font croire à la naissance d’une Afrique nouvelle, les Maliens dans leur écrasante majorité souffrent. L’économie qui devrait être la base de la richesse est à terre, avec comme conséquence la rareté des ressources financières, et surtout l’exacerbation de la crise sociale.
En effet, Les maliens souffrent dans leur âme et dans leur chair, ils sont privés d’électricité et d’eau, ils sont confrontés à la vie chère, ils subissent la loi de l’inflation et leurs entreprises ferment les unes après les autres. Toutes les sociétés pourvoyeuses de ressources et d’emplois ont vu leurs espoirs brisés. La grande inquiétude est qu’il n y a aucune perspective ni vision de la part des gouvernants qui pourront faire espérer sur un lendemain prometteur. Aujourd’hui, nul ne pourra contester l’asphyxie économico-financière dont subit le Mali et cela à cause des choix politiques de ses dirigeants. Qui ont tourné le dos à l’occident pour se diriger vers la Russie. Ce choix a eu comme conséquence la rupture avec les grands bailleurs de fonds, ce qui fait que l’économie est fortement suffoquée. Et il est de coutume que quand l’économie se porte mal les finances en pâtissent. Rares sont les chefs de ménages au Mali qui pourront satisfaire aux besoins quotidiens des membres de leurs familles. Les produits de grande consommation ne sont pas à portée des mains de la grande majorité de la population, à cause de leurs prix exorbitants face à des revenus extrêmement faibles. Le Mali n’a-t-il pas eu tort de rompre avec certains de ses partenaires au profit de la seule Russie ? La réponse est sans nul doute oui, car le Mali s’enfonce chaque jour un peu plus dans la misère et le sous-développement, sans que cela n’émeut les autorités maliennes.
Youssouf Sissoko
Source: L’Alternance